8 avr. 2008

Une femme, volée à sa naissance, poursuit ses parents adoptifs

Ce qui suit est une traduction non officielle du reportage Dirty War adoption couple jailed paru dans BBC suivi d'un résumé du reportage.
 
Une fille de disparus argentins, volée à sa naissance, poursuit ses parents adoptifs paru dans LeMonde.fr, ainsi que de Maria wants her parents jailed paru dans Timesonline.

Mes commentaires sont écrits en italique.

Reportage de BBC. Un couple d'Argentins ont été emprisonnés pour avoir adopté illégalement une petite fille née il y a 30 ans, de parents kidnappés par le gouvernement.
L'affaire a été portée en cour par la femme adoptée, Maria Eugenia Sampallo, dont les vrais parents se trouvaient parmi les 30 000 qui auraient été tués dans la "Guerre Sale" ("Dirty War").

Osvaldos Rivas et Maria Cristina Gomez ont été reconnus d'avoir falsifié et d'avoir caché l'identité de leur fille. Le couple a été condamné à huit et sept ans de prison respectivement.
Un ancien capitaine de l'armée, Enrique Berthier, a été reconnu coupable d'avoir enlevé Mme Sampallo et de l'avoir donné au couple. Il a été condamné à dix ans de prison.

"Pas mes parents"
La cause à la cour criminelle de Buenos Aires représentait pour la première fois un enfant, né de prisonniers disparus pendant la Guerre Sale, qui portait accusations contre les parents adoptifs.
Après le jugement, le groupe des droits de l'homme ont exprimé leurs émotions mitigées, en disant qu'ils étaient heureux que les trois soient reconnus coupables mais qu'ils étaient déçus par les sentances réduites.

Mme Sampallo avait demandé que ses parents adoptifs soient condamnés à 25 ans de prison, la peine maximale en vertu de la loi argentine. "Ce ne sont pas mes parents, ce sont mes ravisseurs" a-t-elle dit.

Suite à des tests d'ADN, Mme Sampallo a appris en 2001 qu'elle était la fille des prisonniers politiques disparus, Mirta Mabel Barragan et Leonardo Ruben Sampallo. Les activistes d'extrême gauche ont été enlevés en 1977, lorsque Mme Barragan était enceinte de six mois. Mme Sampallo est née dans une prison clandestine de la capitale et a été enlevée à sa mère peur après sa naissance. Elle n'a probablement jamais vu son père.

Daniel Schweimler de la BBC, qui était à la cour, affirme que rien d'autres n'a été entendu à propos de ses parents - ils ont disparus avec 30 000 autres victimes du régime militaire, entre 1976 et 1983.
Après avoir été prise en charge par les autorités, Mme Sampallo a vécu avec ses parents adoptifs, ne se doutant de rien jusqu'à ce qu'en 2001, un groupe formé par les grands-mères des bébés volés la retrace et lui dévoile sa véritable identité.

On estime que quelques 500 enfants ont été donnés à des sympathisants du gouvernement militaire. Depuis, quatre-vingt-huit ont été retrouvés et ceux qui sont derrière cette affaire espèrent que cette publicité provoquera plus de questions, a dit notre correspondant.

Rivas et Gomez n'ont donné aucun commentaire publique sur cette affaire.
"Applaudissements, embrassades et large sourire de Maria Eugenia Sampallo Barragan, mercredi 12 mars, dans une salle comble du tribunal fédéral de Buenos Aires." rapporte LeMonde.fr
Moi aussi, j'applaudis. J'applaudis le verdict de culpabilité, même si j'aurais voulu une sentence plus sévère; j'applaudis aussi Mme Sampallo pour avoir eu le courage d'avoir poursuivi ses parents adoptifs. J'espère que d'autres victimes trouveront le courage de suivre son exemple. 

"Ma mère disait que j'étais une ingrate pour ce qu'ils avaient fait pour moi et que sans eux, j'aurais été jeté dans le caniveau" a déclaré Mme Sampallo à la cour.
Les adoptés n'ont pas à se rendre jusqu'à accuser leurs parents adoptifs pour se faire traiter d'ingrats. Ils n'ont qu'à exprimer leur sentiment par rapport à l'adoption pour se faire traiter d'ingrats, ils n'ont qu'à exprimer leur opinion face à l'adoption en générale ou l'adoption internationale pour se faire traiter d'adoptés en colère ou pour se faire dire qu'ils ont été sauvés d'un avortement, d'un pays pauvre ou d'une vie de prostitution.

"Pendant toute mon enfance, j'ai eu des doutes sur l'identité, a confié Mme Maria Eugenia Sampallo, le premier jour du procès, le 19 février. Quand je posais des questions, l'histoire changeait tout le temps: mes parents étaient morts dans un accident, j'étais la fille de la bonne ou d'une hôtesse de l'air. Ma confusion devenait chaque fois plus grande." Durant plus de deux heures, elle a détaillé les mauvais traitements dont elle a été victime, la poussant adolescente, à fuir la maison. "Je t'ai élevé dans des draps de soie. Sans moi, on t'aurait jeté dans un fossé, petite morveuse" lui disait sa mère adoptive (Le Monde.fr)
Il semble que ce questionnement sur l'identité soit universel parmi les adoptés, qu'ils soient au courant ou non d'où ils viennent. Sujet qu'on interdit souvent aux adoptés d'aborder. L'attente de gratitude de la part de la mère adoptive, ça me rappelle aussi l'attente de gratitude des gens qui m'entouraient. Ce n'était pas mentionné mais j'aurais pu compléter leur phrase: "...parce que tu as été sauvée d'une vie misérable"


"Parce que Mme Sampallo avait coupé les liens avec ses parents adoptifs avant d'apprendre cette vérité, elle se porte mieux que d'autres qui ont de la difficulté à accepter que les gens qui les ont élevés sont des complices du meurtre de leurs parents biologiques" (Timesonline).
J'imagine comment ça doit être difficile pour un adopté d'admettre que ses parents adoptifs sont les meurtriers de ses parents naturels, d'autant plus si les parents adoptifs ont offert une bonne vie. Cependant, je crois qu'il est essentiel que des parents impliqués directement dans une adoption illégale paient pour leurs actes criminels. Il ne s'agit pas de vengeance mais de justice!

"Les trois inculpés n'ont exprimé aucun remords, convaincus d'avoir "bien œuvré en s'occupant bien de la petite". Ce sera l'argument de la défense."
Si on accepte cet argument, on laisse une porte ouverte à tous les couples qui veulent un enfant à tout prix. Si on préfère adopter les enfants des pauvres au lieu d'aider les familles défavorisées, si on préfère arracher les enfants de leurs pays et de leurs parents au lieu de combattre les injustices sociales, si on trouve tout à fait normal de faire pression sur de jeunes femmes enceintes pour obtenir leurs bébés, il n'est pas difficile d'imaginer les parents adoptifs en train de dire leur argument "nous les avons aimés et élevés comme nos propres enfants" pour justifier une adoption illégale.

Vidéo de 2min11 Argentina Grandmother's fights for justice



Vidéo de 2min43 Argentine woman challenges 'illegal' adoption - 4 April 08



Articles reliés:

An Argentine court has found two police officials guilty of stealing babies from murdered detainees in the "dirty war" and handing them on for adoption. Argentines jailed for baby theft (BBC News, 30 mars 2004).

On Monday, an Argentine court found two police officials guilty of arranging the theft of a baby from murdered detainees during the country's last military dictatorship, and then handing her over for adoption. 'I was one of Argentina's stolen babies' (BBC News, 31 mars 2004)
An Argentine rights group has helped a woman to find her grandmother 27 years after she was taken from her parents during the country's dictatorship. Argentine group re-unites family (BBC News, 21 octobre 2004).

A key witness in a trial in Argentina about the fate of babies stolen from political prisoners during the "Dirty War" has been found dead. Death jolts Argentine baby trial (BBC News, 26 février 2008).

An Argentine couple have been jailed for illegally adopting a baby girl born 30 years ago to parents who were kidnapped by the military government. Argentine sues 'Dirty War' couple (BBC News, 12 mars 2008).

Aucun commentaire: