29 mars 2008

Acceptée ou refusée?

Acceptée ou refusée? Ma question ici n'a rien à voir avec l'émission "Le banquier" animée par Julie Snyder car je ne parle pas d'accepter ou de refuser l'offre du banquier mais plutôt d'accepter ou de refuser une demande d'adoption.

Il y a une dizaine d'années, je me posais une question : pourquoi/comment mon agence d'adoption avait-elle accepté la demande d'adoption de mes parents-A? Quels genres d'enquêtes cette agence avait-elle mené avant d'approuver leur demande?

Ne seriez-vous pas en train de poser ces mêmes questions si, aux cours des années, vous découvriez que:

1) avant de vous adopter, votre père-A était parti avec une maîtresse laissant sa femme (ma mère-A) seule pendant plusieurs semaines.

2) lorsque la travailleuse sociale leur avait demandé la raison qui les motivait à vous adopter, le père-A lui a répondu: "parce que j'ai des enfants et ma femme est jalouse de moi."

3) avant votre arrivée dans la nouvelle famille, votre mère-A était une femme battue par son mari (père-A), qui est allé jusqu'à lui jeter un chaudron d'eau bouillante sur son corps. Vous découvrez aussi une photo de votre mère-A avec un œil au beurre noir, une photo qu'elle gardait en souvenir, au cas où elle déciderait de le poursuivre dans l'avenir.

Si mon agence d'adoption avait enquêté plus que sur leur état financier et leur salaire annuel, il est certain qu'elle aurait eu facilement toutes ces informations.La première information, je l'ai obtenue quand j'avais environ 15-16 ans, lors des "chicanes" quotidiennes entre mes adoptants. (Puisque mes adoptants s'étaient mariés en 1970 et que leur demande d'adoption avait été déposée en début d'année 1975, cette histoire de maîtresse s'était déroulée dans un passé pas très lointain).La troisième information, j'ai commencé à l'apprendre vers 15-16 ans et les détails m'ont été donné il y a une dizaine d'années par une amie de ma mère-A. Les amis et connaissances de mes parents-A qui vivaient aux États-Unis ainsi que les meilleures amies de ma mère-A qui vivaient au Canada étaient tous au courant que mes parents-A formaient un couple dysfonctionnel.Quant à la deuxième information, n'aurait-elle pas dû être une raison suffisante pour refuser leur demande d'adoption?

Suite à la tragédie où quatre enfants adoptés coréens ont été assassinés avec leur mère (adoptive) par leur père (adoptif) en Iowa (DesMoinesRegister, JoongAngDaily, Chosunilbo), je me demande aujourd'hui si les agences d'adoption enquêtent sur leurs clients mieux que dans les années '70 et si leurs critères d'admissibilités des parents-A ont évolué - si ces critères existent.

Une agence d'adoption sud-coréenne a annoncé qu'elle n'avait vu aucun signe d'un problème quelconque avec ce couple américain qui a adopté les quatre enfants (YonhapNews). Holt Children's Service a déclaré: "Holt International Children's Service a enquêté et a trouvé que les Sueppels étaient une très bonne famille au moment où les enfants ont été adoptés. Ils n'avaient pas de casier judiciaire. Les parents et frères de M. Sueppel avaient des emplois décents." (ChosunIlbo).

Je suis consciente que la vie est souvent imprévisible; les êtres humains, tout comme la nature, sont imprévisibles. Cette tragédie qui a pris la vie de quatre enfants (Ethan 10 ans adopté en 1998, Seth 7 en 1999, Mira 5 en 2002, Eleanor 3 en 2005) aurait pu arriver dans n'importe quelle famille. On n'a jamais pu prévenir les tragédies comme il vient d'arriver, où un père de famille se suicide après avoir tué ses enfants. Cependant, les journaux rapportent que le mois dernier, Sueppel a été inculpé des accusations de détournement de 560 000$ de la banque "Hills Banks and Trust" dans le compté de Johnson où il travaillait comme vice-président. Les enquêteurs soupçonnaient Sueppel d'utiliser l'argent pour acheter des stupéfiants. Son procès était prévu pour le 21 avril. Ceci montre une des deux possibilités: soit que Sueppel est devenu un trafiquant de stupéfiants en moins de trois ans, soit que l'enquête menée avant l'adoption de Eleanor a été mal faite (ou n'a pas été faite).

Le commentaire de Holt me fait réagir et me fait poser les mêmes questions qu'il y a une dizaine d'années.

1) Comment les enquêtes sont-elles menées lorsque qu'un client fait une demande d'adoption?

2) Sous quels critères une agence d'adoption répond-elle à un client: votre demande a été acceptée?

3) Est-ce déjà arrivé qu'une agence réponde: votre demande a été refusée? Dans le cas où ça n'est jamais arrivé, à quoi cela sert-il de faire des enquêtes?

4) L'agence d'adoption fait-elle un suivi des enfants adoptés et des parents adoptifs? Si oui, pour combien de temps?

5) Quels sont les préparatifs/cours offerts par l'agence d'adoption à leurs clients?

Dans des blogs et des commentaires des blogs, certains futurs parents adoptifs disent qu'ils ont passé des tas de tests/questionnements qu'aucun parent naturel n'a à passer. Ces futurs parents disent qu'ils sont plus préparés que certains parents naturels à élever leurs futurs enfants adoptifs. Mais sont-ils préparés à faire face à des enfants souffrant de problèmes d'attachement?

Voici trois cas de meurtre parmi d'autres qui semblent avoir pour cause un parent non préparé à un problème d'attachement de leur enfant adoptif:

- Nina Hilt, 2 ans, morte après avoir subi plusieurs coups à son abdomen. Sa mère adoptive a plaidé coupable à un meurtre de 2nd degré pour éviter d'être accusée d'un meurtre au 1er degré. Elle a dit qu'elle était frustrée à cause du manque d'attachement entre Nina et elle-même. (DialyHerald, Wral.com, Pravada).

-Luke Evans, 1,5 an, décédé après des blessures sévères à la tête, syndrome du bébé secoué et malnutrition. La mère adoptive a déclaré que, ne pouvant pas le réveiller un matin, elle l'a placée dans un bain d'eau pour le stimuler, où dit-elle, il a pu heurter la tête. (Nwi, Nwi)

- Hei Min Chung, morte de blessures à la tête et au cerveau. La mère adoptive n'a pas admis l'avoir blessée mais un de ses deux fils, âgé de six ans, a dit aux enquêteurs que sa mère lui a dit de ne pas dire ce qui était arrivée à la fille. (IndyChannel, Chosunilbo).

Si les agences d'adoption informaient leurs clients qu'élever un enfant adopté n'est pas pareil qu'élever un enfant biologique, si elles les informaient de la possibilité de problèmes d'attachement, il y aurait certainement moins de dissolutions d'adoption et moins de meurtres d'enfants adoptés. Si elles menaient des enquêtes plus sérieuses, elles auraient pu certainement réduire le nombre d'enfants maltraités par leur famille adoptive.

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