11 juin 2009

Scandale d'adoption d'enfants éthiopiens:

Les mères de deux enfants éthiopiens se plaignent

* Vos enfants ont été vendus à l'Autriche
* Les enfants manquent à leurs mères

Traduit de l'article Adoptionsskandal um äthiopische Kinder:
Zwei äthiopische Kinder Mütter klagen an
publié dans Profil Online, par Andrea Rexerle, 20 janvier 2009.

Dans le cas de nombreux enfants adoptés en Éthiopie, on ne sait pas s'ils sont vraiment orphelins. Deux d'entre eux ne le sont certainement pas. La documentation d'un grand nombre de tragédies humaines - et d'un échec sans précédent des autorités autrichiennes.

Ce n'est que lorsque son deuxième fils se montre à la porte que le visage d'Alemitu Aseffa s'éclaire encore. La jeune femme éthiopienne prend le petit sur ses genoux, tient ses petits jambes et le serre dans ses bras. Jusque là, elle a seulement parlé au sujet de son fils aîné parlé. Elle aimerait tellement l'embrasser - comme on lui avait promis à l'époque lorsqu'elle l'a donné à cause de sa situation familiale d'urgence. Après trois ans, il devait revenir. Mais le fils a été adopté il y a plus de quatre ans en tant que soi-disant orphelin par des Autrichiens. Le petit Max ne sait rien de tout cela. Il portait encore des couches à son arrivée en Autriche. "Je serais reconnaissante si je ne mourrais qu'après l'avoir vu personnellement et l'avoir serré dans mes bras", dit l'éthiopienne par message vidéo, avec des larmes aux yeux.

Le cas d'Aseffa n'est pas le premier du genre. Il y a deux ans déjà, il a été révélé que les documents d'adoption de Hanna, une prétendue orpheline éthiopienne, avaient été falsifiés. A cette époque, les autorités autrichiennes ont parlé d'un "cas isolé". Une estimation plutôt audacieuse: deux déclarations de femmes éthiopiennes dont les enfants biologiques sont en Autriche ont été présentées à Profil. Les deux femmes parlent de paiements en espèces pour les enfants et les promesses non tenues de retrouver les enfants. Bien que les mères ne se connaissaient pas, leurs histoires se ressemblent tellement que la question s'impose de savoir s'il y a un réseau derrière. Il n'est pas exclu que d'autres familles sont concernées.

Max et Hanna ont tous les deux été adoptés à l'aide de l'association autrichienne Family for You (FFY) adopté. Jusqu'à la cessation de son activité l'année dernière, FFY la plus grande association privée d'adoption internationale en Autriche. Avec une licence de la ville de Vienne, elle a assisté les familles dans les démarches administratives nécessaires à l'étranger pour une adoption et a préparé les parents à la nouvelle situation familiale. Dans les sept années de son activité, FFY a emmené près de 400 enfants en Autriche, dont 70 enfants environ viennent de l'Éthiopie.

Derib Nesibu, représentant éthiopien de FFY , a confessé entre-temps aux autorités d'Addis-Abeba, d'avoir falsifié les papiers de Hanna. Il a été arrêté et libéré sous caution. L'enquête publique du procureur de Vienne est en cours. De plus, les litiges d'indemnisation contre FFY sont en cours - les parents adoptifs de Hanna poursuivent pour que les frais d'adoption soient remboursés . Lorsque les accusations ont été révélées, FFY a arrêté ses activités il y a un an, elle est maintenant fauchée: elle est en faillite.

Zone grise de l'adoption internationale. Il n'existe pas de chiffres officiels du nombre d'adoptions internationales en Autriche par année. Le ministère de la Justice l'estime à 250. Les bureaux du gouvernement sont responsables de délivrer les autorisations aux parents. Cette approbation permet à toute personne privée d'adopter des enfants à l'étranger et de les emmener en Autriche. Il n'y a ni place centrale pour les candidats à l'adoption, ni de contrôle unique. Il n'y a même pas de directives pour savoir comment une adoption internationale doit être menée en Autriche. Vu ce vide, il n'est pas fait que des cas comme celui de Max et Hanna puissent arriver. L'une des deux femmes, qui apparaît dans l'interview, est la mère de Hanna. La jeune fille avait déjà fait les manchettes quand il a été révélé que son adoption avait été annulée en justice - parce qu'elle avait été basée sur de faux documents. Dans les documents montrent que Hanna avait quatre ans, alors qu'elle avait déjà neuf ans lors de son adoption. Elle est arrivée dans la famille en Autriche avec Max qui, d'après les documents, est son frère biologique. Même cela n'était pas vrai. L'histoire a éclaté parce que Hanna, contrairement à beaucoup d'autres enfants, n'a pas été adoptée en tant que bébé et donc pouvait se souvenir de sa mère. Hanna a rendu ses parents adoptifs responsables de son sort et son comportement est devenu de plus en plus étrange. Aujourd'hui, elle vit isolé du public, sous la garde de l'autorité du Neunkirchen dans un orphelinat.

Non seulement Hanna était devenue victime de la manigance déloyale du représentant éthiopien de FFY, la jeune fille désormais âgée de 14 ans, a rencontré sa mère en Éthiopie l'automne dernier. Il y avait eu un accueil chaleureux dans la famille, mais l'enfant a tout de même décidé de terminer ses études en Autriche et de retourner à l'orphelinat.

La visite n'a pas été juste un événement décisif pour Hanna. Elle a également eu d'importantes conséquences pour Max. Les autorités éthiopiennes ont présenté Alemitu Aseffa, la mère de Max, et Genet Rashid, la mère d'Anne, se faire connaître, l'une à l'autre après que les deux soient arrivées là-bas pour chercher leurs enfants. Par ses propres enquêtes, Alemitu Aseffa savait que Max était en Autriche. Quand Genet Rashid lui a parlé de la visite officielle de sa fille, Aseffa a flairé une possibilité de se présenter elle-même. "Je leur ai montré une photo de mon fils. Ils ne pouvaient pas me croire quand je leur ai dit que je suis sa mère biologique", dit-elle en entrevue.

Le travailleur social Michaela Schneidhofer a reconnu Max sur la photo, puisqu'il était le soi-disant frère de Hanna. "Nous avons transmis cette information à la famille et au bureau du procureur", dit Schneidhofer. C'est là que se termine la piste.bLe département de l'administration de la ville de Vienne en charge du contrôle de l'association n'est pas encore au courant l'incident. Martina Reichl-Roßbacher, chef du département, n'a même pas réagi à la proposition de Profil de décrire le second cas. FFY ne serait pas plus active, donc elle ne serait plus responsable, c'est le message qu'elle a transmis. Max ne sait encore rien de sa mère biologique. La décision de savoir s'il prendra contact avec sa mère et s'il continuera à vivre en Autriche, revient à famille adoptive. "Dans la mesure où nous sommes informés, les parents ne veulent pas annuler l'adoption", déclare Schneidhofer. Cela devait être un coup dur pour la famille, de savoir que son deuxième enfant est venu en Autriche avec des documents falsifiés. Selon leur avocat, ils ne veulent pas commenter à ce sujet.

Situation de détresse. Le désespoir est mutuel. Alemitu Aseffa a donné son fils en croyant qu'elle garderait contact avec lui et qu'elle le reverrait après trois ans. La décision de donner Max n'a pas été facile pour elle. "À cette époque, j'étais gravement malade et au bord de la mort", explique-t-elle sa conduite. Dans sa détresse, elle a suivi la proposition d'une amie de donner l'enfant à un orphelinat. Cependant, après ce jour, elle n'a rien entendu de l'organisation.

Très semblable est l'histoire de la mère de Hanna, Reshid Genet. Lorsque son mari était condamné à mourir, elle pouvait difficilement nourrir ses enfants. Elle aussi a pris contact avec FFY de l'Éthiopie. Un homme est apparu et a regardé la famille. La mère était prête, au moins sur papier, à s'approcher des morts, à savoir son propre cadavre. "Il a dit que pour l'adoption, soit le père, soit la mère de l'enfant devait être mort. J'ai proposé de faire comme si j'étais morte." Peu de temps après que FFY pris la jeune fille. "Je suis allé dans la maison et j'ai pleuré. Le père a dit que je devair la reprendre si je devais être dure envers moi-même et de dire que le père n'avait pas approuvé. J'étais dans un dilemme et j'ai prié pour que Dieu et de l'archange Michel me renforce." Aussi, elle n'a pas été informée au début où sa fille a été emmenée et elle aussi s'est fait promettre que Hanna reviendrait après trois ans.

Les deux mères avaient espéré que les enfants seraient mieux s'ils ne vivaient plus à la maison. Selon les lignes directrices d'aide à l'enfant de l'Uniceff, les adoptions internationales ne devraient être possibles que si au établissement de soins adéquat ne peut être trouvé dans le pays origine des enfants. S'il circule dans les pays en développement que les enfants ont de meilleures chances à l'étranger, un dynamisme dangereuse naît. Les problèmes sont aggravés si les parents ont été payés pour les enfants.

C'est ce qui s'est clairement passé dans le cas de FFY. Genet Rashid dit que l'assistant du représentant de FFY Éthipie lui a laissé 300 Birr - environ 22 euros. C'est environ trois mois de salaire pour la mère, une somme considérable en Éthiopie. Même si c'est peu pour sa propre enfant. C'est la raison pour laquelle la femme s'est plaint à FFY - et a réussi. Par la suite, d'autres paiements mensuels d'environ 15 euros ont suivi, jusqu'à ce que Nesibu ait été arrêté à cause des faux documents. Entre-temps, il est remis en liberté sous caution.

Une famille autrichienne a dû payer environ 10.000 euros à FFY pour une telle adoption; seule une petite partie de ces frais a été dépensée pour les autorités. Rashid Genet ne sait pas si Nesibu a reçu de l'argent pour le placement des enfants, mais elle le suppose: "Je crois qu'ils ont profité de la situation." Alemitu Aseffa, la mère de Max, n'a pas reçu d'argent, selon ses propres informations. Mais elle allègue aussi que FFY a fait de l'argent avec son fils: "On m'a dit que c'est cette organisation qui a vendu mon fils par la vente".

La bonne volonté. Même Fembek Petra, présidente de FFY Autriche n'exclut pas catégoriquement qu'il y ait d'autres cas: "La sécurité absolue n'existe dans aucun pays, dans aucune adoption." Elle se sent trompée par son représentant éthiopien. "Je suis très affectée que quelque chose comme cela ait pu se produire malgré que les autorités éthiopiennes et nous-mêmes avions vérifié tous les documents à maintes reprises", selon Fembek. FFY Autriche n'a pas fait de profit grâce à l'adoption. Dans les contrats d'adoption, il aurait été établi que les excédents éventuels iraient aux orphelinats ou serviraient de soutien individuel aux enfants dans leur pays d'origine. "Nous avons également voulu aider les enfants qui n'ont pas été adoptées. J'étais totalement convaincue de faire la bonne chose", dit Fembek.

Mais la bonne volonté ne suffit parfois pas. "On peut certainement accuser Family for You de courtage d'adoptions illégales par omission", déclare Eric Agstner, l'avocat de la famille concernée de la Basse-Autriche. Selon lui, l'agence a omis de vérifier son propre personnel. Le ministère public enquêterait ce cas depuis des mois, mais très peu de choses se sont passées jusqu'à présent. "Même le contrôle par la protection de la jeunne a été une plaisanterie", dit Agstner. Il n'y aurait pas la moindre exigenceen matière de documents, la naturalisation des adultes en Autriche serait beaucoup plus difficile et minutieuse.

Le département administratif 11 de de Vienne responsable de la protection de la jeunesse et Family for You se considère lui-même impuissant. Son porte-parole, Herta Staffer, affirme que les dispositions légales ont été respectées. "Qui devrait vérifier l'authenticité des documents? Nous devons nous fier sur les autorités éthiopiennes qui ont examiné les documents plusieurs fois", dit Staffer. Reste la question de savoir pourquoi une autorité met son cachet sur les documents dont elle avoue ne pas être en mesure d'examiner l'authenticité.

Chaos de compétence. La protection de la jeunesse n'est pas la seule autorité traitant de l'adoption internationale. Les ministères de la Justice et des Affaires familiales, ainsi que la part des Länder se partagent la législation. Un enchevêtrement de compétences, dans lequel même les acteurs se perdent facilement. "Afin de parvenir à de meilleures conditions de protection, principalement en ce qui concerne la sécurité des documents, nous proposons une agence centrale d'adoption internationale", souligne M. Josef Hiebl, avocat à la 11ième MA. Cette autorité devrait coordonner le processus d'évaluation.
Toutefois, cela suppose un accord entre la fédération et les Länder sur la juridiction. Une loi spéciale sur l'adoption pourrait répondre aux
exigences.

Les parents d'enfants adoptés se sentent négligés par les autorités. Certaines familles autrichiennes ont déjà commencé de leur propre chef à chercher les traces de leurs enfants dans leurs pays d'origine. Et ont été couronnés de succès, comme par exemple la famille Klepp (publié par Profil). Ils ont rassemblé toutes les indices de la vie de leur fils Paul, qui est né en Éthiopie, et ont visité tous les places personnellement. De la station de police où Paul a été accueilli à l'infirmière de l'orphelinat d'où le garçon a tous les documents et photos dans son album. "Notre enfant n'est pas acheté, il est le plus beau cadeau que nous pouvons imaginer", a déclaré sa mère Bärbel Klepp. Elle refuse l'allégation générale que toutes les adoptions internationales ont été abouties par le trafic des enfants.

En outre, l'avocat Eric Agstner souligne que, dans le cas des enfants de l'Éthiopie, les documents ne sont pas tous falsifiés: "Les enfants qui ont été trouvés et amenés à la police, j'estime la sécurité des documents relativement élevée", dit Agstner. "Plus de prudence serait appropriée dans le cas de ce qu'on appelle "lettres-Kebele", qui sont émises une sorte d'administration locale. Ces agents sont manifestement plus faciles à corrompre," dit Agstner.

L'échec de la part des autorités. Même si aucun parent adoptif ne doit craindre que les enfants leur soient enlevés - qui, selon l'avocat Agstner, est possible seulement sur leur propre demande ou la demande d'un enfant adoptif majeur -, mais il reste un goût rance. Il est inquiétant de savoir que les autorités de toute évidence ne pouvait pas empêcher ces cas. Il est bon si les familles, comme les Klepps examinent les documents de leur fils minutieusement et avec un grand effort - quoiquoi cela ne devrait pas être leur tâche.

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