Il a d'abord été publié dans la revue coréenne, Hankyoreh 21, à l'occasion de la journée d'adoption en Coréen au mois de mai.
"L'industrie de l'adoption est la faute de l'État qui est assis sur une clôture"
Les membres de Adoptees Solidarity Korea (ASK) et de KoRoot font une représentation réclamant une "journée sans adoption" en plaçant des pièces de monnaie sur une forme d'avion pour symboliser les 200 milles enfants coréens qui ont été envoyés à l'étranger en échange d'argent.
Les frères et sœurs de Leanne la haïssaient. Elle avait de petits yeux et les cheveux noirs. Leanne était la seule personne d'ascendance asiatique qui vivait dans son petit quartier situé dans la ville de Detroit, Michigan. Ses deux frères et sa sœur l'ont intimidée et ses parents l'ont abusée. C'était une autre histoire cependant lorsque Leanne a été reçue la première fois dans les bras de ses parents adoptifs en décembre, 1966. Ils ont volontairement adopté Leanne. Ils doivent avoir eu une fois de la sympathie pour un enfant venant d'un pays pauvre.
Toutefois, la mère adoptive de Leanne a commencé à la traiter froidement. Plus tard, la mère a tenté de se suicider, elle avait un caractère faible et n'était pas en mesure de donner à Leanne l'amour maternel qu'elle était censée recevoir. Le père adoptif a abusé de Leanne sexuellement jusqu'à ce qu'elle ait 13 ans. Leanne ne savait pas ce qu'il lui faisait quand elle était petite, et ne réalisait pas ce que c'était jusqu'à ce qu'elle grandisse, mais rendu à ce point, elle a dû garder le silence parce qu'elle ne voulait pas être abandonnée à nouveau. Elle s'est trouvée entourée par des gens blancs comme son père adoptif et elle s'est enfuie de la maison quand elle avait 18 ans. Elle s'est mariée avant d'avoir atteint l'âge de 20 ans, mais a divorcé cinq ans plus tard.
Est-elle malheureuse? C'est trop tôt pour le dire. Leanne Leith, maintenant 44 ans, affirme que sa vie a été l'un des "isolements continus", mais elle a encore de l'espoir dans sa vie - rencontrer ses parents biologiques. Pendant un an, elle a demandé Holt International de lui laisser voir ses dossiers. Holt International US a répondu qu'ils ne possédaient aucun de ses dossiers de la Corée du Sud, et Holt Children's Services en Corée du Sud lui a dit qu'ils avaient envoyé tout son dossier aux États-Unis. Après 42 ans, Leanne est retourné en Corée du Sud au mois de février dernier.
La seule partie de son dossier qu'elle a réussi à extraire de l'agence d'adoption est une page de paperasse et une photographie d'un bébé de deux ans qui n'avait aucune idée au sujet de son avenir. La photo est intitulée "#4708". Tel est le numéro attribué à l'enfant qui a été abandonné en dehors de l'hôtel de ville de Wonju dans la province de Gangwon en mars 1966. La photo doit avoir été envoyée au père adoptif qui a abusé sexuellement de Leanne et la mère adoptive qui a souffert de dépression. Maintenant la photo est la clé pour rencontrer ses parents biologiques. Cela fait plus de trois mois depuis son arrivée en Corée du Sud, mais elle n'a pas eu beaucoup de succès. Sa tragédie n'est pas encore parvenu à sa conclusion.
Leanne partage l'avenir de milliers d'enfants sud-coréens qui sont envoyés en adoption à l'étranger chaque année. Ce ne sont pas tous qui finiront avec une vie tragique, mais il y aura de tristesse et des complications tout au long de leur vie. Les erreurs des adultes sont mis sur les épaules des enfants, et c'est la faute de l'État.
Cela ne peut pas être balayé comme une histoire du passé
Depuis le début du 21e siècle jusqu'à 2007, 16790 enfants coréens ont été envoyés à l'étranger pour l'adoption. La Orphan Adoption Act (Loi sur l'adoption d'orphelins) a été mis en place en 1961 pour faire face à la situation des orphelins de guerre après la guerre de Corée. Un demi-siècle plus tard, il n'y a plus d'orphelins de guerre en Corée du Sud, mais la pratique de l'adoption internationale reste toutefois intacte.
L'an dernier, 1250 enfants coréens ont été envoyés à l'étranger pour l'adoption. Les données du ministère de la Santé, du Bien-être et de la famille montrent que 161.558 enfants coréens ont été envoyés à l'étranger pour adoption entre 1958 et 2008. Selon les dossiers du ministère du Bien-être, 108.222 (67 pour cent) ont été envoyés aux États-Unis, suivis par 11.165 en France, 9297 en Suède et 8702 au Danemark.
Les données du Bureau du recensement américain de 2000 montrent que de tous les enfants adoptés aux États-Unis, les enfants de la Corée du Sud représentent la plus grande proportion (24 pour cent), suivie par la Chine et la Russie. Depuis 2000, le nombre d'enfants envoyés aux États-Unis a diminué par une faible marge, enlevantà la Corée du Sud l'étiquette de "la plus grande nation exportatrice de bébés". Toutefois, la Corée du Sud est toujours placée comme le 5ème pays d'envoi après le Guatemala, la Chine, la Russie et l'Éthiopie. La Corée du Sud représente toujours une proportion importante des adoptés envoyés aux États-Unis.
Il y a plus. La Conférence de La Haye sur la loi privée internationale a produit la Convention de La Haye sur l'adoption internationale en 1993. Dans les quinze années depuis la création de la Convention, la Corée du Sud n'a pas encore ratifié. La Convention de La Haye exige des gouvernements l'installation d'une agence gouvernementale centrale pour superviser l'adoption, afin d'éviter les adoptions internationales illégales. À partir de février 2009, 78 États font parties de la Convention et tous possèdent un tel organisme pour gérer l'adoption internationale.
Nombre de adoptés internationaux vivant aux États-Unis (2000) des pays d'envoi: la Corée du Sud, la Chine, la Russie, le Mexique, l'Inde, le Guatemala, la Colombie, les Philippines. Source: Bureau américain du recensement
Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant en attente
Huit pays, dont les États-Unis, le Canada et la Suède, reçoivent des enfants de la Corée du Sud pour l'adoption. Ces pays ont ratifié la Convention de La Haye, et possèdent les agences gouvernementales centrales en charge des adoptions. Aux États-Unis, le Département d'État supervise l'adoption internationale, et la Suède est possède l'Autorité des adoptions inter-pays (MIA) en place. La Corée du Sud, quant à elle, ne possède pas un tel organisme qui gère les adoptions.
La Corée du Sud fait partie de la convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant de 1989 depuis 2005, mais a reporté l'application des trois articles de la convention relative à l'adoption. La Convention exige que toutes adoptions, nationales ou internationales, soient autorisées par une autorité de l'État. Elle déclare également que l'adoption internationale est une alternative à l'adoption nationale, et que l'adoption internationale ne doit pas rapporter de gains financiers à ceux qui sont impliqués. La Commission nationale des droits humains de la Corée a fait une recommandation au gouvernement de la Corée du Sud de signer la Convention de La Haye et de cesser de remettre à plus tard sa pleine conformité avec la Convention relative aux droits de l'enfant; il n'y a pas eu de tel changement.
Au cours du siècle dernier, la Corée du Sud est parvenue à effacer le reste du règne impérial et de la dictature militaire japonais, toutefois, l'adoption internationale demeure. En 1988, avant les Jeux Olympiques de Séoul, les médias étrangers tels que New York Times ont critiqué "l'exportation des orphelins" de la Corée du Sud. Le gouvernement, pour la première fois, a mentionné l'interdiction de l'adoption internationale, mais aucune action n'a suivi. Le président Kim Dae-jung a officiellement présenté ses excuses aux adoptés coréens qui sont retournés en comme en tant qu'adultes en 1998. Il a reconnu que l'État a eu tort de s'engager dans la pratique l'adoption internationale, mais les excuses n'étaient pas plus qu'un geste symbolique.
En 2005, Kim Geun-tae, alors ministre de la Santé et du Bien-être social dans le cadre de la l'administration Roh, a promis de mettre un terme à l'adoption internationale dans un délai de 4 ou 5 ans. Cela est également juste une rhétorique vide. Le nombre d'adoptions internationales a diminué, passant de 2101 en 2005 à 1250 en 2008, mais il reste encore un long chemin à parcourir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'adoptions internationales. Même à partir d'une perspective optimiste sur le taux de baisse, l'adoption internationale pourrait continuer pour les 10 prochaines années.
Il y a une raison pour laquelle la promesse de l'état est annulée répétitivement. En Corée du Sud, l'adoption internationale n'est pas gérée par l'État, mais elle est plutôt laissée au marché. Le site web de Holt International indique le prix qu'une famille des États-Unis doit s'attendre à payer pour adopter un enfant coréen. C'est 17.215 dollars. Dans ce "marché de l'adoption", les bébés coréens sont les plus chers parce qu'ils sont connus pour être "intelligents" et par conséquent, populaires parmi les parents adoptifs en devenir étrangers. Un bébé bulgare coûte 16.000 dollars, un bébé chinois 11.360 dollars, et un bébé népalais 12.000 dollars. Les frais d'inscription, les frais d'administration et des frais d'escorte ne sont pas inclus. Ces prix doivent bien servir comme un indice de la façon dont ces États sont aveugles aux droits des enfants.
Le montant que les parents adoptifs paient est réparti entre une agence d'adoption dans leur pays et une agence d'adoption en Corée du Sud. Holt Children's Services en Corée du Sud dit: "Environ 6400 à 9600 dollars sur plus de 17.000 dollars versée par les parents adoptifs nous reviennent." Le reste va à Holt International des États-Unis. Cet argent est utilisé pour couvrir le coût du placement familial et celui pour soutenir les mères célibataires jusqu'à ce qu'elles donnent naissance.
"L'argent qui circule prouve l'existence d'un business d'adoption"
Le ministère de la Santé, du Bien-être et des affaires familiales a procédé à une inspection spéciale de la Holt Children's Services Society et de la Social Welfare Society en juin de l'année dernière. La conclusion du rapport: "Les commissions trop élevés que les agences d'adoption reçoivent de l'étranger nécessitent une mesure appropriée à prendre." L'inspection a révélé que la Social Welfare Society reçoit 16.000 dollars des États-Unis, 22.000 dollars du Canada, et 12.000 euros de la Suède par adoption; Holt Children's Services reçoit 11.000 dollars des États-Unis et 17.000 euros de l'Europe par adoption.
Les agences d'adoption ont leur argument prêt. Les enfants ont besoin de parents, et que quelqu'un doit trouver des parents pour les enfants sans parent. Il serait bon si l'adoption nationale pouvait couvrir tous les besoins, mais le niveau actuel de la prise de conscience sociale signifie que le "deuxième meilleur" est nécessaire. "L'argent reçu dans le processus est utilisé pour soutenir les mères célibataires ou des enfants qui nécessitent des soins" a déclaré un officiel d'une agence d'adoption en Corée du Sud. Le fonctionnaire a ajouté: "Nous sommes en fait à court de fonds, que nous avons besoin de recevoir des subventions de l'État."
Cependant, les ONG internationales qui aident les adoptés ont une perspective différente de la situation. Le révérend Kim Do-hyun de Koroot, un groupe qui offre un soutien aux adoptés internationaux, affirme: "L'argent qui change de mains dans le processus de l'adoption internationale prouve qu'il y a un business d'adoption." Il ajoute: "L'État a le devoir de fournir des soins adéquats aux enfants nés en Corée du Sud, et si les parents ont des difficultés, c'est également le devoir de l'État de les aider à les surmonter avec leurs enfants." Kim fait la cirtique suivante: " Pour le moment, l'adoption internationale est une échappatoire pour l'État qui laisse le fardeau à son peuple, en poussant les coûts aux familles étrangères et produisant l'existence de plus d'adoptés internationaux dans le futur."
Une fois qu'il a été décidé que l'enfant doit être envoyé à l'étranger, la destination de l'enfant est également déterminée par une agence d'adoption. Différentes agences ont conclu des accords avec différents pays. Actuellement, Holt Children's Service travaille avec des agences d'adoption aux États-Unis, le Danemark, la Norvège, la France et le Luxembourg; Eastern Social Welfare Society collabore avec les États-Unis et l'Australie; Social Welfare Society avec les États-Unis, la Suède, le Canada et l'Italie; et la Korea Social Services travaille uniquement avec les États-Unis.
La réalité des enfants coréens envoyés aux États-Unis en particulier, révèle un principe du marché. Bien que le Département d'État américain autorise l'adoption, le secteur privé a la plus forte influence sur l'adoption internationale aux États-Unis de tous les États qui font partie de la Convention de La Haye. Les agences d'adoption privées autorisées par l'État, encouragent les familles américaines à adopter des enfants de l'étranger, et ces mêmes agences d'adoption reçoivent de l'argent des parents américains pour l'adoption internationale. D'où, la tarification des enfants étrangers. Ça ne prend pas un gros cerveau pour comprendre que plus d'enfants coûteux adoptés, c'est bon pour les agences d'adoption.
Pourquoi, alors, les parents américains adoptent-ils des enfants de la Corée du Sud au lieu des enfants des États-Unis? Huh Nam-soon, un professeur de travail social à l'Université Hallym, explique: "Pour les parents américains à adopter au niveau national, le processus judiciaire pourrait leur coûter plus de 10.000 dollars seulement en frais d'avocat, et alors que l'adoption d'un enfant étranger pose un difficile défi de les élever, on pense que l'adoption d'un enfant coréen est le plus rentable."
Kang Young-sil, le directeur de Aeranwon, une maison de groupe de mères célibataires, explique: "Quand les agences d'adoption de la Corée du Sud et des États-Unis signent un accord pour fixer les frais d'adoption, le gouvernement américain n'intervient pas, et le gouvernement coréen n'a pas de valeur juridique ou d'effectif pour contrôler de tels procédés. "C'est là que réside la raison pour laquelle un pays où il n'y a pas de guerre ou de famine ou un besoin désespéré de compenser un déficit commercial en exportant des bébés est encore en train d'envoyer ses enfants à l'étranger. L'inertie des agences d'adoption privées est encore dans l'action. Il y a des gens dont le travail et le salaire dépendent de la poursuite de l'adoption internationale.
Une photo prise de '# 4708' quand elle est née à nouveau en tant que Leanne Leith, en 1966. Leanne est venue en Corée du Sud pour trouver les deux années de la vie qu'elle avait avant que cette photo soit prise.
Les adoptions internationales ont augmenté lorsque les orphelins de guerre ont diminué en nombre
Il y a quatre organismes privés qui gèrent l'adoption internationale en Corée du Sud. Depuis la création du Orphan Adoption Act (Loi sur l'adoption d'orphelins) en 1961, Holt Children's Services, la Social Welfare Society, la Korea Social Services, et la Eastern Social Welfare Society ont reçu l'autorisation du gouvernement d'opérer en tant qu'agence d'adoption internationale entre 1966 et 1972. Holt Children's Services, le plus grand organisme de tous, possède 142 employés dévoués au travail d'adoption à partir de décembre 2004. L'administration de l'adoption est également traitée à travers ses 11 bureaux régionaux.
Depuis que les orphelins de guerre ont effectivement cessé d'exister après les années 1970, l'adoption internationale a été directement liée à la question des mères célibataires. Les quatre agences de l'adoption internationale en Corée du Sud administrent des refuges pour mères célibataires. Sur les 25 refuges pour mères célibataire, 17 sont gérés par des agences d'adoption internationale comme Holt.
Ce qui est intéressant est que le nombre d'enfants envoyés à l'étranger de la Corée du Sud a commencé à augmenter rapidement, à un moment où le nombre d'orphelins de guerre ont commencé à diminuer. Le nombre d'adoptions internationales est passé de 7275 dans les années 1960 à 48247 dans les années 1970, lorsque les agences d'adoption ont commencé leur travail, et a augmenté jusqu'à 65321 dans les années 1980. Les agences d'adoption ont effectivement développé un marché de l'adoption internationale. Les experts affirment que l'augmentation de l'adoption internationale n'est pas due à une augmentation du nombre de mères célibataires, mais, due à l'augmentation du nombre d'agences d'adoption qui ont envoyé les enfants à l'étranger. En d'autres termes, les agences d'adoption recherchent activement des bébés à envoyer à l'étranger.
Selon le rapport “The 50 Years of Holt Children’s Services” (Les 50 ans de Holt Children's Services), 941 cas d'adoption internationale vers des pays comme les États-Unis et la France ont été prévus, et par le troisième trimestre de 2005, 668 cas ont été actualisés pour répondre à 70 pour cent du plan initial. "Cela nous indique que les agences d'adoption fixent des objectifs internes pour l'adoption internationale et des estimations pour savoir si elles peuvent les rencontrer.
À l'automne 2006, une femme par le pseudonyme de Mi-Eun Choi, 22 ans, est tombée enceinte. Elle s'était enfuie de la maison après le divorce de ses parents et recherchait amour et soins. Elle s'est facilement aux personnes avec lesquelles elle se tenait, et son enfant est né à un refuge pour mères célibataires géré par une agence d'adoption internationale. Même avant que l'enfant soit né, le gestionnaire de logement a suggéré de renoncer à la garde et lui a emmené l'exemple d'un accord d'adoption. On lui a dit que le bébé serait mieux aux États-Unis, pour apprendre l'anglais et grandir dans un environnement de meilleure qualité. Choi a volontier accepté accepté l'adoption. Quand une famille en Corée du Sud s'est offerte de prendre le bébé en adoption, l'agence d'adoption a refusé l'offre en disant qu'il avait déjà été décidé que l'enfant devait être envoyé aux États-Unis. Le principe [ajouté(dans la Convention de La Haye sur les droits de l'enfant)], qui privilégie l'adoption nationale a été ignorée. Environ un an après la naissance de l'enfant, le bébé de Choi a été envoyé aux États-Unis.
Choi sait seulement que son bébé a été envoyé aux États-Unis; elle ne sait rien à propos de l'âge, de la profession, des relations familiales ou de l'adresse des parents adoptifs. Que les parents adoptifs aient des antécédents médicaux ou criminels, ou quel type de formation universitaire ils ont, qu'ils aient des moyens financiers suffisants pour soutenir le bébé, sont tous des questions sans réponse pour Choi. L'agence d'adoption ne donne aucune information concernant l'identité des parents adoptifs.
Cela fait déjà deux ans que l'enfant de Choi a été envoyé aux États-Unis, et elle regrette maintenant son choix. Elle est mariée et élève aujourd'hui un enfant qui lui permet de voir les choses différemment. "J'aurais fait un choix différent si on m'avait donné plus de temps de réflexion après l'accouchement", dit-elle. L'agence d'adoption ne lui a pas donné assez de temps pour penser.
Au refuge où Choi a eu son bébé, 80 mères célibataires ont donné naissance l'an dernier, et 70 pour cent ont opté pour l'adoption internationale. Un responsable du refuge a dit: "Il n'y a pratiquement pas de demande pour les garçons en Corée du Sud, de sorte que la plupart d'entre eux sont envoyés à l'étranger." La moitié des 80 bébés nés l'an dernier étaient des garçons. Cela signifie qu'au moins 50% des bébés nés à l'abri ont été envoyés à l'étranger.
Obligations légales de maintenir la confidentialité
Les adoptés internationaux qui ont été exportés de la Corée du Sud sont tout seuls pour s'adopter à leurs parents adoptifs et à une nouvelle vie. Hyun-Deok Kim Skoglund, un psychologue qui a traité les adoptés internationaux en Suède pendant 30 ans, remarque que les adoptés sont susceptibles de souffrir de problèmes psychologiques, et les plus fréquents comprennent: la dépression à cause de la cicatrice de la séparation qui dure, la peur de l'abandon, obsession avec les perceptions des gens, des difficultés dans les relations, et les crises d'identité. Et, il y a eu des cas où les adoptés ont mis fin à leur propre vie.
Frederick, qui a été adopté en Suède en 1974 alors qu'il n'avait que six mois, a visité la Corée du Sud quand il avait 19 ans. Il est resté en Corée du Sud pour 8 mois avant de revenir en Suède où il a commencé à souffrir de dépression et il s'est suicidé en 2001. En juin 1993, Ji Yuhn Engel, une adopté coréenne en Suisse, s'est jeté dans le Rhin en laissant une note qui dit: "Je choisis cette voie afin de retrouver ma mère biologique." Un rapport de recherche suédoise montre que le taux de suicide chez les adoptés est quatre fois plus élevé que celui des non-adoptés.
Bien que ces exemples de problèmes psychologiques et le suicide sont constatés au cours de la vie adulte des adoptés, des problèmes au cours de l'enfance ont également été signalés. Si un enfant adopté est abandonné par des parents adoptifs, l'enfant devient un sans-abri. En 2006, un couple de diplomates néerlandais a annulé l'adoption d'un enfant coréen de Hong Kong, laissant l'enfant, sans personne pour s'occuper d'elle. Heureusement, de nouveaux parents adoptifs ont été trouvés parce que l'histoire a atteint les médias. Toutefois, il n'est pas possible de savoir exactement combien d'enfants sont abandonnés par leurs parents adoptifs. En ajoutant des cas non reportés de violence familiale, comme celle de Leanne Leith, le nombre d'enfants qui ont une enfance "normale" avec leur famille adoptive internationale doit être encore plus petit.
La raison pour laquelle les adoptés internationaux recherchent désespérément leurs racines ne sont pas sans rapport. Pour eux, c'est une mission de vie de vaincre la cicatrice de la séparation. En Corée du Sud, même cela n'est pas si facile. Les dossiers des adoptés sont dans les mains des agences d'adoption. De nombreux adoptés visitent la Corée du Sud pour trouver leur parents de naissance, mais peu ont du succès, soit parce que l'agence d'adoption refuse de libérer leurs dossiers, soit parce que les dossiers sont inexactes. Un rapport du ministère de la Santé, du Bien-être et des affaires familiales montre qu'entre 1995 et 2005, 76646 adoptés sont retourné en Corée pour trouver leurs parents de naissance, et seulement 2113 (2,7 pour cent) ont réussi.
Certains n'avaient pas du tout de dossier, et certains ont vu leur demande pour leur dossier rejetée. Actuellement, la loi sur l'adoption stipule que les employés actuels et passés des organismes d'adoption sont tenus de maintenir la confidentialité. Le révérend Kim, de KoRoot dit: "La zone excessivement inclusive de confidentialité, rend difficile non seulement d'obtenir les dossiers des adoptés, mais aussi d'enquêter sur toute corruption au sein des agences d'adoption."
Dr.Tobias Hubinette, un enfant adopté en Suède, fait valoir dans ses recherches que "Depuis que la Corée du Nord a critiqué la Corée du Sud pour l'exportation des orphelins au début des années 1970, la Corée du Sud a transformé la pratique d'adoption en quelque chose de secret national."
Essentiellement, le travail d'adoption dans les mains d'une agence d'adoption privée est la cause de tous ces problèmes. L'histoire d'un adopté devenu adulte trouvant les parents biologique avec l'approbation du tribunal ou une autorité gouvernementale n'est possible que dans les pays qui ont signé la Convention de La Haye. La Convention de La Haye affirme que le droit de l'enfant adopté de connaître ses parents biologiques devrait être protégé même s'il est en contradiction avec les droits des parents biologiques ou de ceux des parents adoptifs.
Plus de cas comme celui de Leanne Leith
L'année dernière, sept adoptés incluant Jeong Kyung-ah, l'auteur du roman autobiographique The Language of Blood, a déposé une plainte formelle à la Commission des droits civils et de l'anti-corruption, contre quatre agences d'adoption qui n'ont pas réussi à tenir des dossiers d'adoption appropriés et ont refusé de communiquer des documents malgré les demandes. Jeung dit: "Les informations sur ma première inscription, registre d'orphelin, et le dossier de mon adoption aux États-Unis en 1972, diffèrent les uns des autres, et les documents en coréen ne correspondent pas avec ceux en anglais.
La plainte citait des incohérences dans les registres des adoptés et des cas où le processus d'adoption a été traité sans l'approbation de la mère, et où un enfant a été déclaré comme un enfant disparu, même si l'agence savait où ses parents se trouvaient. La Commission a répondu en disant: "Le ministère de la Santé, du Bien-être et de la famille renforcera la supervision et la gestion des organismes d'adoption, et en outre, déménagera en vue d'améliorer la législation afin de prévenir d'autres manquements à l'avenir." Toutefois, au moment de l'impression du présent article, aucune de ces améliorations n'a été faite.
Pour la dernière moitié du siècle, la Corée du Sud a envoyé près de 200 mille enfants à l'étranger. Même si on arrêtait les adoptions internationales aujourd'hui, il y aura une deuxième et une troisième Leanne Leith qui reviendront en Corée du Sud pour poser les mêmes questions. La réalité est qu'il y a encore des enfants qui quittent la Corée du Sud avec des photographies étiquetées.
Traités pour protéger les droits des adoptés internationaux et l'emphase sur le rôle de l'organisme gouvernemental central.
Il y a deux traités internationaux qui offrent la protection des droits des adoptés internationaux; la Convention des Nations Unies de 1989 relative aux droits de l'enfant et la Convention de La Haye de 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale. La Convention de La Haye a à ce jour a 78 états membres. La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant est l'un des traités les plus universels des droits de l'homme; la Somalie et les États-Unis sont les deux seuls États membres de l'ONU qui n'ont pas ratifié la Convention.
La Convention de La Haye déclare: "Le pays doit prendre, en priorité, des mesures appropriées pour permettre à l'enfant de rester aux soins de sa famille d'origine". Elle dit également: "L'adoption internationale pourrait offrir l'avantage d'une famille permanente à un enfant pour lequel une famille appropriée ne peut pas être trouvée dans son pays d'origine." Elle précise également que les pays membres doivent coopérer pour prévenir l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants."
L'accent principal de la Convention de La Haye se trouve sur le rôle du pouvoir central qui s'occupe de l'adoption internationale. Selon la Convention de La Haye, l'adoption doit être gérée par l'autorité centrale de l'État d'origine des enfants. L'autorité centrale devrait éviter tout gain financier irrégulier résultant de l'adoption et préparer un rapport sur l'identité de l'enfant, l'admissibilité et la pertinence de l'adoption, l'origine, histoire de la famille et histoire médicale. Le jugement que l'adoption internationale est dans l'intérêt supérieur de l'enfant doit être fait par l'autorité centrale, et il appartient à l'État de fournir suffisamment de conseils aux familles et aux enfants adoptés. De plus, l'autorité centrale devrait recueillir et stocker des informations sur les enfants et les parents adoptifs, ainsi que surveiller les opérations et le financement des agences d'adoption autorisées.
Les articles sur l'adoption sont également inclus dans la Convention des Nations unies sur les droits de l'enfant. La Corée du Sud, cependant, lors de la signature de la Convention des Nations unies, a estimé ne pas être liée par les dispositions du paragraphe (a) de l'article 21 et du sous-paragraphe (b) (v) du paragraphe 2 de l'article 40. Le paragraphe (a) de l'article 21 dit: "Les États signataires doivent veiller à ce que l'adoption d'un enfant ne soit autorisée que par les autorités compétentes, qui déterminent, conformément aux lois et procédures applicables et sur la base de toutes les informations pertinentes et fiables, que l'adoption est autorisée étant donné le statut des parents concernés de l'enfant, de la parenté et des tuteurs légaux et que, si nécessaire, les personnes concernées aient donné leur consentement à l'adoption sur la base de ces conseils qui pourraient être nécessaires." Le paragraphe 3 de l'article 9 dit: "Les États respectent le droit de l'enfant qui est séparé de l'un ou des deux parents de maintenir des relations personnelles et des contacts directs avec tous ses parents sur une base régulière, sauf si cela est contraire à l'intérêt de l'enfant." Le paragraphe 4 précise: "Lorsque la séparation résulte des mesures prises par un État signataire, telles que la détention, l'emprisonnement, la déportation ou la mort (y compris le décès résultant d'une cause alors que la personne est sous la garde de l'État) d'un ou des deux parents de l'enfant, que l'État fournisse, sur demande, aux parents, à l'enfant, ou le cas échéant un autre membre de la famille, les renseignements essentiels sur le lieu où se trouve le(s) membre(s) absent(s) de la famille, sauf si donner les renseignements serait préjudiciable au bien-être de l'enfant. Les États signataires veillent en outre à ce que la présentation d'une telle demande en elle-même ne comporte pas de conséquences fâcheuses pour la (les) personne(s) concernée(s)."
Le Comité de l'ONU sur les droits de l'enfant a exprimé sa préoccupation au sujet de l'approche de l'adoption et de la pratique de l'annulation de l'adoption en 1996 et en 2003, et a recommandé la ratification de la Convention de La Haye. En mai 2005, la Commission nationale coréenne des droits de l'homme a également recommandé le retrait des réserves sur certains articles de la Convention des Nations unies sur les droits de l'enfant et la ratification de la Convention de La Haye.
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