De l'amour à la haine, de la fierté à la honte...
L'été 1976, c'est l'été des jeux olympiques de Montréal, c'est aussi l'été de mon arrivée au Québec (sept mois après mon arrivée dans le Maine). Ma mère-A ne manquait pas de me dire lorsqu'un athlète coréen se présentait et moi, je répétais fièrement: "Korea! Korea!" Ce même été, quand mes parents-A m'ont emmenée à une fête d'enfants organisée par la ville de Laval, c'est avec fierté que j'ai dessiné un drapeau coréen.
C'est qu'on m'avait enseigné à être fière de mon pays et à l'aimer! Dans mon enfance, j'aimais dire "Ouri Daehanminguk" qui veut dire "notre République de la Corée". Je ne saisissais pas la vraie signification de cette expression mais je la disais avec fierté et avec amour. Il y avait un drapeau coréen dans chaque classe, pendant un certain temps de l'année, on s'arrêtait un moment dans la journée pour regarder le drapeau avec un bras sur la poitrine. Je respectais le drapeau parce qu'on m'avait élevée à être patriotique.
Dans ma première année au Québec, dès que j'avais appris suffisamment de mots pour parler le français, c'est avec fierté et nostalgie que je parlais de la Corée.... Puis dans ma deuxième année au Canada, j'ai ouvert les papiers d'adoption pour n'y découvrir que des mesonges! En découvrant que la Corée avait menti pour se débarasser de moi, pour me vendre à un autre pays, mon amour pour la Corée s'est tranformé en haine, ma fierté pour ce pays s'est transformée en honte. Haine, honte et douleur d'avoir été rejetée par une nation entière, c'est ce que je traîne depuis l'âge de 11 ans, depuis que j'ai découvert les mensonges de mon adoption, de l'adoption internationale!
21 déc. 2007
20 déc. 2007
Ma vie de transraciale: racisme et racisme intériorisé.
Exposée au racisme.
Mon premier jour d’école (au Québec), j’étais au centre d'un cercle formé par les enfants qui tiraient leurs yeux en criant : « Chinoise! Chinoise! » Sur un ton chargé de haine et de mépris, ils me criaient « Chinoise! Chinoise! », d'autre fois, sur un ton simplement moqueur, ils disaient « Regardez! Elle a la peau jaune, la peau d’une Chinoise! » N’ayant pas encore réalisé que j’étais « différente » des autres, je croyais que j’étais moquée pour ce que j’étais et non pour ma race. Les moqueries incessantes à l’égard de mes yeux et de ma peau jaune se passaient devant des professeurs qui n'intervenaient pas.
Dans toute l’école, seuls les quatre enfants qui voyageaient avec moi ne se moquaient pas de moi. Deux de ces enfants m’aidaient en passant leurs récréations avec moi ou en me disant d’ignorer les moqueries mais c’était impossible de les ignorer. À la fin des récréations, l’une de mes protectrices m’emmenait vers mon groupe. Après le départ de ma protectrice, les élèves me poussaient vers le dernier rang en me disant l’un après l’autre : « Non, je ne veux pas être à côté d’une Chinoise » Ce qui me résonne encore dans ma tête, c'est la voix d'une élève qui a crié: "Non! Non! Berk! Je veux pas être à côté d'une Chinoise! Une Chinoise, c'est sale!" Comme le mot Chinoise ne faisait pas partie de mon vocabulaire, je croyais que ce mot servait à désigner une personne laide, sale et répugnante.
Je détestais cette vie, je détestais le Canada et je voulais retourner dans mon pays pour vivre auprès de mes amies de l'orphelinat ou encore mieux avec ma famille-B. J’en voulais à ma mère-A de m’avoir fait venir dans son pays. Chaque soir, je pleurais, je pleurais et je ne faisais que pleurer. Ma mère-A s’est plaint auprès de l'enseignant qui me tranportait à l'école mais il n'a rien fait pour améliorer mon sort. Pendant tout le trajet vers l’école, il a gueulé très fort : «Je vais lui délier la langue!... Qu’elle apprenne à se défendre!»
Les rares personnes qui m'ont entendue évoquer ces souvenirs m'ont répondu: "Les enfants sont tous méchants entre eux; ils sont comme ça les enfants." D'autres ont comparé mes expériences à celles d'un enfant qui se fait moquer pour ses boutons d'acné ou son obésité. Personne n'a osé admettre que j'ai souffert du racisme. Je me suis sentie invalidée devant ces commentaires tout comme j'ai été invalidée durant toute ma vie de transraciale et donc, j'ai arrêté de parler de mes souvenirs. Et pourtant, ça m'aurait fait du bien d'avoir des oreilles qui m'écoutent sans minimiser ou invalider mes émotions.
En réalisant que ma mère-A était incapable de comprendre ma peine, j’ai arrêté de me plaindre et j’ai arrêté de pleurer devant elle. Ça ne servait à rien de lui parler puisque personne ne voulait m’aider. Mes jours sont devenus plus supportables grâce à mon enseignante, une catholique fervente, qui parlait souvent d'amour et de partage; certains élèves qui avaient été parmi les plus méchants me défendaient contre les élèves des autres classes qui continuaient à se moquer de moi et j'ai même réussi à me faire "une meilleure amie"...
Quelques semaines plus tard, en me regardant dans le miroir, j'ai réalisé pour la première fois que j'étais différente des autres: j'avais les yeux d'une Chinoise et la peau jaune. Je me demandais pourquoi je n'avais jamais réalisé que j'étais aussi laide, je me demandais pourquoi en Corée, personne ne s'était jamais moquée de ma laideur et je me demandais aussi quel était l'équivalent du mot Chinoise en Coréen. J'étais la seule "Chinoise" de l'école, la seule "Chinoise" dans le voisinage et la seule à avoir les yeux "bridés" dans la famille car ma mère-A utilisait le terme "bridés" pour décrire mes yeux (de beaux yeux selon elle).
Assimilation d'une race.
Plus tard, en regardant les photos prises à l'orphelinat, j'ai été choquée de voir que mes amies avaient toutes la même apparence que moi avec des yeux de Chinoise, des cheveux noirs et un nez plat. Ce que je découvrais était au-dessus de ma compréhension: les filles dont j'avais envié leur beauté à cause de leurs grands yeux étaient en fait aussi laides que moi avec des yeux de Chinoise; celles que je trouvais mignonnes étaient des monstres comme moi; je ne comprenais pas comment j'avais pu percevoir les cheveux blonds d'une fillette alors qu'ils étaient légèrement plus pâles que ceux des autres. Même la religieuse et la gardienne étaient aussi laides que moi avec leurs yeux de Chinoises. Quelques semaines plus tôt, lorsque j'avais montré ces photos à une compagne de classe, elle m'avait dit: "Elles sont toute pareilles." Je n'avais pas compris son commentaire mais maintenant, je la comprenais: mes amies étaient toutes pareilles, je ne pouvais les distinguer et je ne pouvais me distinguer d'elles. En me regardant à travers les yeux des Québécois, je me trouvais laide, je détestais mon corps, je détestais ma peau jaune et je détestais mes cheveux noirs. J'avais honte de moi-même et honte des autres Chinoises. J'avais toujours aimé regarder les photos de l'orphelinat car elles étaient mes seuls souvenirs concrets de la Corée qui me manquait chaque jour mais à cause de ma honte d'être une Chinoise, j'ai arrêté de les regarder. Comme les mots "race" et "racisme" ne faisaient pas encore partie de mon vocabulaire, je ne savais pas que je haïssais ma propre race en me haïssant moi-même.
À 10-11 ans, je croyais que je devais obligatoirement me marier à l'âge de 25 ans et je me demandais si je devais me marier avec un Coréen ou un Canadien. Dans le premier cas, en imaginant mes futurs enfants avec des yeux de Chinois, j'avais honte d'eux, honte de leur père et honte de moi; dans le deuxième cas, en imaginant mes futurs enfants avec les yeux de leur père et blancs comme lui, j'avais peur qu'ils se moquent de moi, leur propre mère. Tous les scénarios de ma future vie m'angoissaient. Je me suis souvent imaginée en train de me couper le corps avec un couteau pour aller extirper tout ce qu'il y avait de Chinoise en moi.Je ne pouvais partager mes inquiétudes car en étant la seule étrangère indésirable, personne ne pouvait me comprendre.
La honte d'une race.
Les enfants des voisins ne se moquaient pas de moi mais dès que je sortais de la rue pour aller à des activités, j'étais au centre des moqueries. "Laide, face croche, nez écrasé, Chinoise, peau jaune" étaient les expressions qu'on utilisait pour s'adresser à moi ou pour parler de moi. J'ai vécu mes trois premières années de ma vie au Québec dans la honte, la honte d'être une Asiatique, la honte de mes yeux et de ma peau. À cause de la honte, j'ai arrêté de chanter alors que j'adorais chanter avant. Ce n'est que devant mes parents-A que je me permettais de chanter car ce n'est qu'en leur présence que je me sentais en sécurité.
Dans ma deuxième d'école au Québec (à ma 5ième année de primaire), mon cousin est devenu un nouvel élève de sixième année. Personne ne croyait qu'une Chinoise pouvait être la cousine d'une personne "normale" mais mon cousin n'avait pas honte de dire que j'étais sa petite cousine. Cette même année, une évolution s'est faite tranquillement. En associant la présence de mon cousin blanc à cette évolution, en remarquant que les enfants des voisins ne s'étaient jamais moquer de moi et que personne ne se moquait de moi en la présence de mes parents, j'ai déduit qu'en ayant une famille blanche, je perdrais mes yeux de Chinoise et que je deviendrais blanche comme toute ma famille-A. Par conséquent, pour être acceptée par la société blanche, je voulais me débarrasser de tout ce qui ressemblait à du Coréen en moi, ne rien savoir des Asiatiques, ne rien savoir de la Corée. J'ai constamment été tiraillée entre le désir de tout effacer de la Corée et celui de m'approcher des Coréens.
Il y a eu aussi un nouvel élève vietnamien. Je détestais quand les élèves me demandaient si c'était mon petit frère car je croyais qu'avoir un frère à l'air chinois me rendait encore plus chinoise. Je détestais encore plus quand mes amies m'emmenaient pour aller jouer avec "l'autre Chinois" car j'avais honte de me trouver à proximité d'un autre Chinois.
Quand mes parents m'ont emmenée à l'église coréenne de Montréal, je me suis sentie étrangère parmi les immigrés coréens. D'une part, je ne voyais que leurs yeux de Chinois. Mes parents-A semblaient normaux et les immigrés coréens me semblaient anormaux. À cause de ma culture blanche, j'avais l'impression d'être plus normale que les immigrés coréens; j'étais fière d'être du bon côté, le côté des blancs. D'autre part, les immigrés coréens ne me considéraient pas comme une Coréenne mais comme une "blanche"...
Ma vie de transraciale.
Dans ma deuxième école, une école catholique privée pour les filles seulement, plus personne ne se moquait de moi. J'étais aussi complètement assimilée puisqu'on m'avait violée de tout mon intérieur; ma culture et ma langue de naissance jusqu'à ma fierté d'être une Coréenne avaient disparu de mon intérieur. Dans mes deux premières années à ma nouvelle école, les religieuses accueillaient des réfugiés cambodgiens. Même si je n'étais plus moquée, j'avais honte de me trouver à leur proximité car j'avais honte de leur yeux. Je n'avais pas envie d'être en leur présence de peur de redevenir jaune.
En dehors de mon école où je me sentais en sécurité, je savais que le monde était dangereux pour moi à cause de ma peau jaune et mes yeux bridés car j'avais été menacée par des adolescents à deux reprises. La première fois, un adolescent m'avait appelée: "Hé! Chinoise!" en me laissant un ballon panier vers la direction de ma tête pendant que je roulais en vélo. Bien évidemment, les adultes qui se trouvaient avec l'ado n'avaient rien fait pour le corriger alors que j'avais été très proche de me faire blesser. La deuxième fois, un autre ado m'avait menacée de ma faire du mal. "Hey! La sale Chinoise! Regarde-moi, je vais te faire du mal!" et il s'était dirigé vers moi en tenant une grosse boîte qu'il menaçait de jeter sur moi. J'avais peur car l'ado était beaucoup plus grand que moi. Soudainement, j'ai senti ma peine et ma peur s'envoler et j'ai ressenti de la colère. L'ado a pris la fuite quand je me suis mise à courir vers lui en criant "Tu veux me faire du mal? Viens me faire du mal, essaie! Tue-moi!Viens me tuer!!! Peureux!" Pendant quelques secondes, ma colère a été tellement intense que j'ai eu l'intention de tuer ce garçon. Les quelques secondes de colère passés, j'ai réalisé que s'il allait chercher ses parents, je ne pourrais pas me défendre. Je sentais mon coeur battre rapidement, j'avais la nausée et j'avais peur. Je me demandais pourquoi j'étais condamnée à vivre avec un corps d'Asiatique dans un pays des blancs. J'ai haï mes parents-A de m'avoir fait venir dans leur société qui n'acceptait pas ma race, j'ai haï les Québécoise de "m'accueillir" dans leur socité, mais j'ai surtout haï les Coréens de m'avoir envoyée dans un pays étranger sans mon consentement. Je n'en ai jamais parlé avec mes parents-A car de toute façon, mes parents blancs m'avaient clairement démontré qu'ils étaient incapable de me comprendre une adoptée coréenne.
Par la suite, j'ai pris la ferme résolution de ne plus sortir et je n'ai plus jamais sorti toute seule. En restant toujours dans mon milieu sécuritaire de l'école ou de la maison, j'ai commencé à me considérer comme une blanche. La plupart du temps, j'oubliais que j'étais une Asiatique car je ne me regardais pas souvent dans un miroir.
J'ai même fini par oublier ma honte d'être une Asiatique pendant longtemps jusqu'à ce que mes parents-A rencontrent une Coréenne parmi leurs clients de leur magasin. D'abord, j'ai été heureuse de rencontrer une Coréenne puis, en me trouvant dans un milieu public avec la Coréenne et sa fille, j'ai soudainement réalisé que toutes les deux avaient les yeux de Chinoises tout comme les miens. J'avais peur que quelqu'un pense que nous étions soeurs car je croyais qu'avoir une parente Chinoise me rendrait doublement Chinoise. J'avais envie de dire à tous les Québécois, que cette femme et moi n'étions pas de la même famille, j'avais surtout envie de leur dire que mes parents étaient blancs comme eux et donc, moi aussi j'étais blanche.
Désir d'être blanche.
Je disais souvent à ma mère-A que je voulais avoir des yeux comme les siens (et comme ceux de tout ceux qui m'entouraient), je parlais d'avoir une chirurgie esthétique pour me débarasser de mes yeux de sale Chinoise. Au début, elle me répondait qu'elle ne comprenait pas mon désir car elle trouvait que j'avais de beaux yeux bridés, des yeux en amande qu'elle aimerait avoir. Je me sentais incomprise. Avec le temps, je parlais moins fréquemment de mon désir d'avoir des yeux ronds comme ceux de mes parents. Quand il m'arrivait d'en parler, ma mère-A répondait: "Mais, je ne te comprends pas. Je ne remarque même plus que tu as des yeux bridés. Je ne me rends même plus compte que tu es ma fille adoptive." Je ne la croyais pas, c'était impossible qu'elle ne remarque plus mes yeux car dès qu'elle voyait d'autres asiatiques, elle me le faisait remarquer. Ma mère-A ne me comprenait pas, elle ne comprenait pas ma honte, ni ma haine et elle ne me comprendrait jamais. Ne pas être comprise me faisait autant de mal que d'être une Asiatique.
Parler de racisme.Ce n'est que dans ma quatrième ou cinquième année au Québec que j'ai appris les mots "race" et "racisme". En parlant de racisme, ma mère-A disait: "Nous aurions pu adopter une Noire mais je ne voulais pas car une enfant noire aurait souffert plus de racisme et nous n'aurions pas supporter de voir souffrir notre enfant. Les gens sont plus racistes envers les noirs que les Asiatiques, c'est pour ça que nous avons préféré adopter une Coréenne." Mon père-A ajoutait: "Oui, ça c'est vrai. Ce que tu as vécu dans ta première année au Québec, c'est rien par rapport à ce qu'une enfant noire aurait vécu. Les gens sont racistes envers les noirs plus qu'envers les Asiatiques" Ces discussions me faisaient mal!!! Ils ne comprenaient pas mes peines, ils ne me comprenaient pas et ils minimisaient mes peines ou ils invalidaient tout ce que je pouvais dire avec mes mots d'enfants! Ils auraient mieux fait de se taire! Je ne pouvais même pas exprimer ma colère et leur dire que dans ma première année au Québec, les enfants noirs de l'école faisaient partie des moqueurs invétérés et que ces enfants noirs n'étaient pas aliénés comme moi.
J'ai survécu à ma honte d'être une Asiatique en évitant le plus possible de me regarder dans le miroir. Quand les autres adolescentes ont commencé à se maquiller, moi, je ne me maquillais pas car il aurait fallu que je regarde le miroir. Je réussissais à oublier que j'étais une jaune. Au Cégep, c'est la première fois que j'ai vu un groupe d'Asiatiques (des Vietnamiens) mais à cause de ma honte, je n'essayais pas de les aborder. De toute façon, l'un d'eux a clairement dit que je n'étais pas des leurs parce que je ne parlais par leur langue. J'avais toujours cette impression de n'appartenir à ni l'un, ni l'autre. Je ne "fittais" nulle part. De peur d'être rejetée, je n'allais jamais vers les autres mais j'attendais qu'ils viennent vers moi. Pour ne pas montrer que j'étais seule, je passais mon temps à lire à la bibliothèque.
Je n'étais pas préparée à être perçue comme une Asiatique, donc j'ai passé ma première année d'université dans la solitude, puis après avoir changé de programme, j'ai pu passer des moments "confortables" avec un groupe d'amis dont certains étaient des Asiatiques francophones. C'était la première fois que j'osais me tenir avec des Asiatiques.
Mais à cause de ma honte, je n'ai gardé aucun de ces amis. J'ai rencontré un super gentil immigré vietnamien mais j'avais tellement honde de lui, j'avais tellement l'impression d'être doublement Chinoise et d'être une immigrée alors que je ne l'étais pas, la relation n'a pas pu durer. Je pouvais avoir des amis blancs ou noirs mais surtout pas jaunes. Fuir les Asiatiques est devenue ma devise car les Asiatiques mes rappelaient constamment ma honte d'être une sale Chinoise.
Racisme intériorisé.
Pendant mon séjour en Corée (pour chercher ma famille-B), j'ai commencé à me sentir normal. Je me sentais normale! J'étais étonnée de voir beaux coréens et des belles coréennes mais je continuais à ne remarquer que les yeux de Chinois en regardant ces millions de Coréens et j'avais du mal à m'habituer aux yeux bridés de mes soeurs-B car au cours des années, j'avais fini par imaginer qu'elles étaient rendues blanches comme moi. Mais, je ne ressentais plus la honte d'être une Asiatique.
J'aurais voulu rester en Corée pour pouvoir vivre ma vie sans ressentir la honte d'être une Asiatique mais il y avait un problème tout à fait différent. J'étais différente de ma famille-B culturellement, différente de tous les Coréens. En étant entourée de Coréens, je me rendais compte que sans arrêt mon cerveau faisait des réflexions en français et j'avais mal à la tête de penser en français; j'avais même peur que des Coréens entendent mes pensées silencieuses. Je n'ai de place nulle part, je n'ai pas de pays. Les Québécois regardent mon extérieur coréen et les Coréens regardent ma culture québécoise.
J'ai préféré revenir au Québec. De toute façon, je me suis dit qu'en 2001, plus personne ne se moque de mes yeux. Mais c'était faux. En dedans d'une semaine, ma honte d'être une Asiatique est revenue et quelques semaines après mon retour, je me suis faite traitée de sale Chinoise par un vieux qui croyait que je voulais prendre sa place de stationnement et je me suis fait moquer par un enfant qui a tiré ses yeux exactement comme en 1976. Constamment, je me disais que je dois aller vivre là-bas et j'y suis retournée. Une fois là-bas, je n'ai pas arrêté de me dire que j'étais mieux au Québec et à cause de ma haine et ma colère envers les Coréens, je n'ai pas pu rester.
J'ai préféré quand même vivre au Québec où je peux avoir des amis blancs qui ne me font jamais remarquer que j'ai les yeux d'une Asiatique. C'est plus facile d'oublier mon corps d'Asiatique que d'oublier ma culture transraciale. À nouveau, j'arrivais à oublier ma face de Chinoise mais il y a deux ans, quand je me suis mariée (à un blanc), j'ai recommencé à remarquer ma sale face de Chinoise. C'est difficile d'oublier car pour moi, mon mari est blanc et moi, je suis jaune; lui est normal et moi, je suis anormale. D'avoir une comparaison constante entre le normal et l'anormal m'a fait revenir ma honte d'être une Asiatique. Je sais qu'il m'aime mais c'est plus fort que moi, parfois, je hais ma race, je voudrais me débarasser de mes yeux d'Asiatique et être blanche comme lui, exactement comme quand je vivais avec mes parents-A.
Je ne passe pas mon temps à parler de ma honte, je vis comme n'importe qui, je ris comme n'importe qui mais j'ai mal continuellement. Il m'arrive même de ressentir le mal pendant que je ris mais je ne le dis pas à personne, je vis comme ça depuis que j'ai été exportée mais personne ne le sait.
Y-a-t-il une solution?
En viellissant, je me rendais compte que ressentir la honte et haïr mes yeux n'est pas rationnelle. Il y a trois mois, pour la première fois de ma vie, j'ai parlé de ce que je ressens à un groupe fermé d'adoptés transraciaux "en colère" et pour la première fois, je me suis sentie écoutée car ils n'ont pas invalidé mon vécu, ils n'ont pas non plus minimisé mes souffrances. Au contraire, ils m'ont dit que ce que je vis s'appelle le racisme intériorisé (internalized racism). Ils m'ont parlé d'un livre écrit par Frantz Fanon, "Black mask, White skin". Je ne l'ai pas encore lui mais je sais qu'il décrit les effets psychologiques d'une exposition au racisme; ça raconte l'histoire d'un noir qui a été élevé dans un milieu de blancs et qui se perçoit comme un blanc. Une des KAD qui m'a parlé de ce livre a quitté son pays-A pour aller vivre en Corée. Mais le problème qu'elle vit là-bas est tout autre; elle est aliénée culturellement, je la comprends, je l'ai vécu pendant mes deux courts séjours en Corée. Pouvoir nommer un problème avec des mots me donnent un certain contrôle mais pas la solution. Si vous êtes un KAD ou un adopté transracial qui a déjà vécu cette situation et que vous avez réussir à vous en sortir, dites-le moi; donnez-moi, donnez-nous la solution pour combattre les effets du racisme, pour combattre le racisme intériorisé; dites-moi comment aimer mon corps coréen.
Ma colère.
Ce que j'ai trouvé le plus difficile après le décès de ma mère a été de devenir une immigrée alors que j'avais toujours eu des privilèges d'une non immigrée blanche. Mes parents-A ne m'ont jamais préparée à être perçue comme une immigrée et ils m'ont élevée comme une blanche. Quand mes parents-A critiquaient des immigrés, ils ne parlaient pas de moi. Je déteste me faire traiter d'immigrée, je déteste être perçue comme une immigrée car je ne suis pas une immigrée, ni une enfant d'immigrés. Je suis un produit importé, j'ai été achetée par les Québécois. Je suis un produit exporté, j'ai été vendue par les Coréens.
Je suis en colère après les Coréens de m'avoir exportée et rejetée, je leur en veux de m'avoir envoyée sans changer mon corps d'Asiatique. Je suis en colère après les Québécois de m'avoir importée, de m'avoir assimilée, de m'avoir violée de toute ma culture coréenne et de m'avoir rendu blanche, je leur en veux d'avoir changé ma culture sans changer mon corps.
J'en veux aussi aux infertiles égoïstes qui ne pensent qu'à leur besoin de fonder une famille, j'en veux à la société québécoise qui se bat pour ne pas perdre leur culture et la langue française sans avoir de remords à assimiler la culture de leurs enfants achetés.L'adoption transraciale, c'est le non respect de l'être humain de préserver sa culture. Hypocrisie!
J'en veux aux agences d'adoption internationale, particulièrement à Holt Children's Service.
Ne m'invalidez pas mon vécu en disant que je suis belle ou qu'il faut apprendre à m'accepter. Si vous avez l'intention de me dire ça, c'est que vous ne me comprenez pas du tout comme mes parents-A ne m'ont jamais comprise. Comment des parents blancs peuvent-ils comprendre leur enfant de couleur?
Mon premier jour d’école (au Québec), j’étais au centre d'un cercle formé par les enfants qui tiraient leurs yeux en criant : « Chinoise! Chinoise! » Sur un ton chargé de haine et de mépris, ils me criaient « Chinoise! Chinoise! », d'autre fois, sur un ton simplement moqueur, ils disaient « Regardez! Elle a la peau jaune, la peau d’une Chinoise! » N’ayant pas encore réalisé que j’étais « différente » des autres, je croyais que j’étais moquée pour ce que j’étais et non pour ma race. Les moqueries incessantes à l’égard de mes yeux et de ma peau jaune se passaient devant des professeurs qui n'intervenaient pas.
Dans toute l’école, seuls les quatre enfants qui voyageaient avec moi ne se moquaient pas de moi. Deux de ces enfants m’aidaient en passant leurs récréations avec moi ou en me disant d’ignorer les moqueries mais c’était impossible de les ignorer. À la fin des récréations, l’une de mes protectrices m’emmenait vers mon groupe. Après le départ de ma protectrice, les élèves me poussaient vers le dernier rang en me disant l’un après l’autre : « Non, je ne veux pas être à côté d’une Chinoise » Ce qui me résonne encore dans ma tête, c'est la voix d'une élève qui a crié: "Non! Non! Berk! Je veux pas être à côté d'une Chinoise! Une Chinoise, c'est sale!" Comme le mot Chinoise ne faisait pas partie de mon vocabulaire, je croyais que ce mot servait à désigner une personne laide, sale et répugnante.
Les rares personnes qui m'ont entendue évoquer ces souvenirs m'ont répondu: "Les enfants sont tous méchants entre eux; ils sont comme ça les enfants." D'autres ont comparé mes expériences à celles d'un enfant qui se fait moquer pour ses boutons d'acné ou son obésité. Personne n'a osé admettre que j'ai souffert du racisme. Je me suis sentie invalidée devant ces commentaires tout comme j'ai été invalidée durant toute ma vie de transraciale et donc, j'ai arrêté de parler de mes souvenirs. Et pourtant, ça m'aurait fait du bien d'avoir des oreilles qui m'écoutent sans minimiser ou invalider mes émotions.
En réalisant que ma mère-A était incapable de comprendre ma peine, j’ai arrêté de me plaindre et j’ai arrêté de pleurer devant elle. Ça ne servait à rien de lui parler puisque personne ne voulait m’aider. Mes jours sont devenus plus supportables grâce à mon enseignante, une catholique fervente, qui parlait souvent d'amour et de partage; certains élèves qui avaient été parmi les plus méchants me défendaient contre les élèves des autres classes qui continuaient à se moquer de moi et j'ai même réussi à me faire "une meilleure amie"...
Quelques semaines plus tard, en me regardant dans le miroir, j'ai réalisé pour la première fois que j'étais différente des autres: j'avais les yeux d'une Chinoise et la peau jaune. Je me demandais pourquoi je n'avais jamais réalisé que j'étais aussi laide, je me demandais pourquoi en Corée, personne ne s'était jamais moquée de ma laideur et je me demandais aussi quel était l'équivalent du mot Chinoise en Coréen. J'étais la seule "Chinoise" de l'école, la seule "Chinoise" dans le voisinage et la seule à avoir les yeux "bridés" dans la famille car ma mère-A utilisait le terme "bridés" pour décrire mes yeux (de beaux yeux selon elle).
Assimilation d'une race.
Plus tard, en regardant les photos prises à l'orphelinat, j'ai été choquée de voir que mes amies avaient toutes la même apparence que moi avec des yeux de Chinoise, des cheveux noirs et un nez plat. Ce que je découvrais était au-dessus de ma compréhension: les filles dont j'avais envié leur beauté à cause de leurs grands yeux étaient en fait aussi laides que moi avec des yeux de Chinoise; celles que je trouvais mignonnes étaient des monstres comme moi; je ne comprenais pas comment j'avais pu percevoir les cheveux blonds d'une fillette alors qu'ils étaient légèrement plus pâles que ceux des autres. Même la religieuse et la gardienne étaient aussi laides que moi avec leurs yeux de Chinoises. Quelques semaines plus tôt, lorsque j'avais montré ces photos à une compagne de classe, elle m'avait dit: "Elles sont toute pareilles." Je n'avais pas compris son commentaire mais maintenant, je la comprenais: mes amies étaient toutes pareilles, je ne pouvais les distinguer et je ne pouvais me distinguer d'elles. En me regardant à travers les yeux des Québécois, je me trouvais laide, je détestais mon corps, je détestais ma peau jaune et je détestais mes cheveux noirs. J'avais honte de moi-même et honte des autres Chinoises. J'avais toujours aimé regarder les photos de l'orphelinat car elles étaient mes seuls souvenirs concrets de la Corée qui me manquait chaque jour mais à cause de ma honte d'être une Chinoise, j'ai arrêté de les regarder. Comme les mots "race" et "racisme" ne faisaient pas encore partie de mon vocabulaire, je ne savais pas que je haïssais ma propre race en me haïssant moi-même.
À 10-11 ans, je croyais que je devais obligatoirement me marier à l'âge de 25 ans et je me demandais si je devais me marier avec un Coréen ou un Canadien. Dans le premier cas, en imaginant mes futurs enfants avec des yeux de Chinois, j'avais honte d'eux, honte de leur père et honte de moi; dans le deuxième cas, en imaginant mes futurs enfants avec les yeux de leur père et blancs comme lui, j'avais peur qu'ils se moquent de moi, leur propre mère. Tous les scénarios de ma future vie m'angoissaient. Je me suis souvent imaginée en train de me couper le corps avec un couteau pour aller extirper tout ce qu'il y avait de Chinoise en moi.Je ne pouvais partager mes inquiétudes car en étant la seule étrangère indésirable, personne ne pouvait me comprendre.
La honte d'une race.
Les enfants des voisins ne se moquaient pas de moi mais dès que je sortais de la rue pour aller à des activités, j'étais au centre des moqueries. "Laide, face croche, nez écrasé, Chinoise, peau jaune" étaient les expressions qu'on utilisait pour s'adresser à moi ou pour parler de moi. J'ai vécu mes trois premières années de ma vie au Québec dans la honte, la honte d'être une Asiatique, la honte de mes yeux et de ma peau. À cause de la honte, j'ai arrêté de chanter alors que j'adorais chanter avant. Ce n'est que devant mes parents-A que je me permettais de chanter car ce n'est qu'en leur présence que je me sentais en sécurité.
Dans ma deuxième d'école au Québec (à ma 5ième année de primaire), mon cousin est devenu un nouvel élève de sixième année. Personne ne croyait qu'une Chinoise pouvait être la cousine d'une personne "normale" mais mon cousin n'avait pas honte de dire que j'étais sa petite cousine. Cette même année, une évolution s'est faite tranquillement. En associant la présence de mon cousin blanc à cette évolution, en remarquant que les enfants des voisins ne s'étaient jamais moquer de moi et que personne ne se moquait de moi en la présence de mes parents, j'ai déduit qu'en ayant une famille blanche, je perdrais mes yeux de Chinoise et que je deviendrais blanche comme toute ma famille-A. Par conséquent, pour être acceptée par la société blanche, je voulais me débarrasser de tout ce qui ressemblait à du Coréen en moi, ne rien savoir des Asiatiques, ne rien savoir de la Corée. J'ai constamment été tiraillée entre le désir de tout effacer de la Corée et celui de m'approcher des Coréens.
Il y a eu aussi un nouvel élève vietnamien. Je détestais quand les élèves me demandaient si c'était mon petit frère car je croyais qu'avoir un frère à l'air chinois me rendait encore plus chinoise. Je détestais encore plus quand mes amies m'emmenaient pour aller jouer avec "l'autre Chinois" car j'avais honte de me trouver à proximité d'un autre Chinois.
Quand mes parents m'ont emmenée à l'église coréenne de Montréal, je me suis sentie étrangère parmi les immigrés coréens. D'une part, je ne voyais que leurs yeux de Chinois. Mes parents-A semblaient normaux et les immigrés coréens me semblaient anormaux. À cause de ma culture blanche, j'avais l'impression d'être plus normale que les immigrés coréens; j'étais fière d'être du bon côté, le côté des blancs. D'autre part, les immigrés coréens ne me considéraient pas comme une Coréenne mais comme une "blanche"...
Ma vie de transraciale.
Dans ma deuxième école, une école catholique privée pour les filles seulement, plus personne ne se moquait de moi. J'étais aussi complètement assimilée puisqu'on m'avait violée de tout mon intérieur; ma culture et ma langue de naissance jusqu'à ma fierté d'être une Coréenne avaient disparu de mon intérieur. Dans mes deux premières années à ma nouvelle école, les religieuses accueillaient des réfugiés cambodgiens. Même si je n'étais plus moquée, j'avais honte de me trouver à leur proximité car j'avais honte de leur yeux. Je n'avais pas envie d'être en leur présence de peur de redevenir jaune.
En dehors de mon école où je me sentais en sécurité, je savais que le monde était dangereux pour moi à cause de ma peau jaune et mes yeux bridés car j'avais été menacée par des adolescents à deux reprises. La première fois, un adolescent m'avait appelée: "Hé! Chinoise!" en me laissant un ballon panier vers la direction de ma tête pendant que je roulais en vélo. Bien évidemment, les adultes qui se trouvaient avec l'ado n'avaient rien fait pour le corriger alors que j'avais été très proche de me faire blesser. La deuxième fois, un autre ado m'avait menacée de ma faire du mal. "Hey! La sale Chinoise! Regarde-moi, je vais te faire du mal!" et il s'était dirigé vers moi en tenant une grosse boîte qu'il menaçait de jeter sur moi. J'avais peur car l'ado était beaucoup plus grand que moi. Soudainement, j'ai senti ma peine et ma peur s'envoler et j'ai ressenti de la colère. L'ado a pris la fuite quand je me suis mise à courir vers lui en criant "Tu veux me faire du mal? Viens me faire du mal, essaie! Tue-moi!Viens me tuer!!! Peureux!" Pendant quelques secondes, ma colère a été tellement intense que j'ai eu l'intention de tuer ce garçon. Les quelques secondes de colère passés, j'ai réalisé que s'il allait chercher ses parents, je ne pourrais pas me défendre. Je sentais mon coeur battre rapidement, j'avais la nausée et j'avais peur. Je me demandais pourquoi j'étais condamnée à vivre avec un corps d'Asiatique dans un pays des blancs. J'ai haï mes parents-A de m'avoir fait venir dans leur société qui n'acceptait pas ma race, j'ai haï les Québécoise de "m'accueillir" dans leur socité, mais j'ai surtout haï les Coréens de m'avoir envoyée dans un pays étranger sans mon consentement. Je n'en ai jamais parlé avec mes parents-A car de toute façon, mes parents blancs m'avaient clairement démontré qu'ils étaient incapable de me comprendre une adoptée coréenne.
Par la suite, j'ai pris la ferme résolution de ne plus sortir et je n'ai plus jamais sorti toute seule. En restant toujours dans mon milieu sécuritaire de l'école ou de la maison, j'ai commencé à me considérer comme une blanche. La plupart du temps, j'oubliais que j'étais une Asiatique car je ne me regardais pas souvent dans un miroir.
J'ai même fini par oublier ma honte d'être une Asiatique pendant longtemps jusqu'à ce que mes parents-A rencontrent une Coréenne parmi leurs clients de leur magasin. D'abord, j'ai été heureuse de rencontrer une Coréenne puis, en me trouvant dans un milieu public avec la Coréenne et sa fille, j'ai soudainement réalisé que toutes les deux avaient les yeux de Chinoises tout comme les miens. J'avais peur que quelqu'un pense que nous étions soeurs car je croyais qu'avoir une parente Chinoise me rendrait doublement Chinoise. J'avais envie de dire à tous les Québécois, que cette femme et moi n'étions pas de la même famille, j'avais surtout envie de leur dire que mes parents étaient blancs comme eux et donc, moi aussi j'étais blanche.
Désir d'être blanche.
Je disais souvent à ma mère-A que je voulais avoir des yeux comme les siens (et comme ceux de tout ceux qui m'entouraient), je parlais d'avoir une chirurgie esthétique pour me débarasser de mes yeux de sale Chinoise. Au début, elle me répondait qu'elle ne comprenait pas mon désir car elle trouvait que j'avais de beaux yeux bridés, des yeux en amande qu'elle aimerait avoir. Je me sentais incomprise. Avec le temps, je parlais moins fréquemment de mon désir d'avoir des yeux ronds comme ceux de mes parents. Quand il m'arrivait d'en parler, ma mère-A répondait: "Mais, je ne te comprends pas. Je ne remarque même plus que tu as des yeux bridés. Je ne me rends même plus compte que tu es ma fille adoptive." Je ne la croyais pas, c'était impossible qu'elle ne remarque plus mes yeux car dès qu'elle voyait d'autres asiatiques, elle me le faisait remarquer. Ma mère-A ne me comprenait pas, elle ne comprenait pas ma honte, ni ma haine et elle ne me comprendrait jamais. Ne pas être comprise me faisait autant de mal que d'être une Asiatique.
Parler de racisme.Ce n'est que dans ma quatrième ou cinquième année au Québec que j'ai appris les mots "race" et "racisme". En parlant de racisme, ma mère-A disait: "Nous aurions pu adopter une Noire mais je ne voulais pas car une enfant noire aurait souffert plus de racisme et nous n'aurions pas supporter de voir souffrir notre enfant. Les gens sont plus racistes envers les noirs que les Asiatiques, c'est pour ça que nous avons préféré adopter une Coréenne." Mon père-A ajoutait: "Oui, ça c'est vrai. Ce que tu as vécu dans ta première année au Québec, c'est rien par rapport à ce qu'une enfant noire aurait vécu. Les gens sont racistes envers les noirs plus qu'envers les Asiatiques" Ces discussions me faisaient mal!!! Ils ne comprenaient pas mes peines, ils ne me comprenaient pas et ils minimisaient mes peines ou ils invalidaient tout ce que je pouvais dire avec mes mots d'enfants! Ils auraient mieux fait de se taire! Je ne pouvais même pas exprimer ma colère et leur dire que dans ma première année au Québec, les enfants noirs de l'école faisaient partie des moqueurs invétérés et que ces enfants noirs n'étaient pas aliénés comme moi.
J'ai survécu à ma honte d'être une Asiatique en évitant le plus possible de me regarder dans le miroir. Quand les autres adolescentes ont commencé à se maquiller, moi, je ne me maquillais pas car il aurait fallu que je regarde le miroir. Je réussissais à oublier que j'étais une jaune. Au Cégep, c'est la première fois que j'ai vu un groupe d'Asiatiques (des Vietnamiens) mais à cause de ma honte, je n'essayais pas de les aborder. De toute façon, l'un d'eux a clairement dit que je n'étais pas des leurs parce que je ne parlais par leur langue. J'avais toujours cette impression de n'appartenir à ni l'un, ni l'autre. Je ne "fittais" nulle part. De peur d'être rejetée, je n'allais jamais vers les autres mais j'attendais qu'ils viennent vers moi. Pour ne pas montrer que j'étais seule, je passais mon temps à lire à la bibliothèque.
Je n'étais pas préparée à être perçue comme une Asiatique, donc j'ai passé ma première année d'université dans la solitude, puis après avoir changé de programme, j'ai pu passer des moments "confortables" avec un groupe d'amis dont certains étaient des Asiatiques francophones. C'était la première fois que j'osais me tenir avec des Asiatiques.
Mais à cause de ma honte, je n'ai gardé aucun de ces amis. J'ai rencontré un super gentil immigré vietnamien mais j'avais tellement honde de lui, j'avais tellement l'impression d'être doublement Chinoise et d'être une immigrée alors que je ne l'étais pas, la relation n'a pas pu durer. Je pouvais avoir des amis blancs ou noirs mais surtout pas jaunes. Fuir les Asiatiques est devenue ma devise car les Asiatiques mes rappelaient constamment ma honte d'être une sale Chinoise.
Racisme intériorisé.
Pendant mon séjour en Corée (pour chercher ma famille-B), j'ai commencé à me sentir normal. Je me sentais normale! J'étais étonnée de voir beaux coréens et des belles coréennes mais je continuais à ne remarquer que les yeux de Chinois en regardant ces millions de Coréens et j'avais du mal à m'habituer aux yeux bridés de mes soeurs-B car au cours des années, j'avais fini par imaginer qu'elles étaient rendues blanches comme moi. Mais, je ne ressentais plus la honte d'être une Asiatique.
J'aurais voulu rester en Corée pour pouvoir vivre ma vie sans ressentir la honte d'être une Asiatique mais il y avait un problème tout à fait différent. J'étais différente de ma famille-B culturellement, différente de tous les Coréens. En étant entourée de Coréens, je me rendais compte que sans arrêt mon cerveau faisait des réflexions en français et j'avais mal à la tête de penser en français; j'avais même peur que des Coréens entendent mes pensées silencieuses. Je n'ai de place nulle part, je n'ai pas de pays. Les Québécois regardent mon extérieur coréen et les Coréens regardent ma culture québécoise.
J'ai préféré revenir au Québec. De toute façon, je me suis dit qu'en 2001, plus personne ne se moque de mes yeux. Mais c'était faux. En dedans d'une semaine, ma honte d'être une Asiatique est revenue et quelques semaines après mon retour, je me suis faite traitée de sale Chinoise par un vieux qui croyait que je voulais prendre sa place de stationnement et je me suis fait moquer par un enfant qui a tiré ses yeux exactement comme en 1976. Constamment, je me disais que je dois aller vivre là-bas et j'y suis retournée. Une fois là-bas, je n'ai pas arrêté de me dire que j'étais mieux au Québec et à cause de ma haine et ma colère envers les Coréens, je n'ai pas pu rester.
J'ai préféré quand même vivre au Québec où je peux avoir des amis blancs qui ne me font jamais remarquer que j'ai les yeux d'une Asiatique. C'est plus facile d'oublier mon corps d'Asiatique que d'oublier ma culture transraciale. À nouveau, j'arrivais à oublier ma face de Chinoise mais il y a deux ans, quand je me suis mariée (à un blanc), j'ai recommencé à remarquer ma sale face de Chinoise. C'est difficile d'oublier car pour moi, mon mari est blanc et moi, je suis jaune; lui est normal et moi, je suis anormale. D'avoir une comparaison constante entre le normal et l'anormal m'a fait revenir ma honte d'être une Asiatique. Je sais qu'il m'aime mais c'est plus fort que moi, parfois, je hais ma race, je voudrais me débarasser de mes yeux d'Asiatique et être blanche comme lui, exactement comme quand je vivais avec mes parents-A.
Je ne passe pas mon temps à parler de ma honte, je vis comme n'importe qui, je ris comme n'importe qui mais j'ai mal continuellement. Il m'arrive même de ressentir le mal pendant que je ris mais je ne le dis pas à personne, je vis comme ça depuis que j'ai été exportée mais personne ne le sait.
Y-a-t-il une solution?
En viellissant, je me rendais compte que ressentir la honte et haïr mes yeux n'est pas rationnelle. Il y a trois mois, pour la première fois de ma vie, j'ai parlé de ce que je ressens à un groupe fermé d'adoptés transraciaux "en colère" et pour la première fois, je me suis sentie écoutée car ils n'ont pas invalidé mon vécu, ils n'ont pas non plus minimisé mes souffrances. Au contraire, ils m'ont dit que ce que je vis s'appelle le racisme intériorisé (internalized racism). Ils m'ont parlé d'un livre écrit par Frantz Fanon, "Black mask, White skin". Je ne l'ai pas encore lui mais je sais qu'il décrit les effets psychologiques d'une exposition au racisme; ça raconte l'histoire d'un noir qui a été élevé dans un milieu de blancs et qui se perçoit comme un blanc. Une des KAD qui m'a parlé de ce livre a quitté son pays-A pour aller vivre en Corée. Mais le problème qu'elle vit là-bas est tout autre; elle est aliénée culturellement, je la comprends, je l'ai vécu pendant mes deux courts séjours en Corée. Pouvoir nommer un problème avec des mots me donnent un certain contrôle mais pas la solution. Si vous êtes un KAD ou un adopté transracial qui a déjà vécu cette situation et que vous avez réussir à vous en sortir, dites-le moi; donnez-moi, donnez-nous la solution pour combattre les effets du racisme, pour combattre le racisme intériorisé; dites-moi comment aimer mon corps coréen.
Ma colère.
Ce que j'ai trouvé le plus difficile après le décès de ma mère a été de devenir une immigrée alors que j'avais toujours eu des privilèges d'une non immigrée blanche. Mes parents-A ne m'ont jamais préparée à être perçue comme une immigrée et ils m'ont élevée comme une blanche. Quand mes parents-A critiquaient des immigrés, ils ne parlaient pas de moi. Je déteste me faire traiter d'immigrée, je déteste être perçue comme une immigrée car je ne suis pas une immigrée, ni une enfant d'immigrés. Je suis un produit importé, j'ai été achetée par les Québécois. Je suis un produit exporté, j'ai été vendue par les Coréens.
Je suis en colère après les Coréens de m'avoir exportée et rejetée, je leur en veux de m'avoir envoyée sans changer mon corps d'Asiatique. Je suis en colère après les Québécois de m'avoir importée, de m'avoir assimilée, de m'avoir violée de toute ma culture coréenne et de m'avoir rendu blanche, je leur en veux d'avoir changé ma culture sans changer mon corps.
J'en veux aussi aux infertiles égoïstes qui ne pensent qu'à leur besoin de fonder une famille, j'en veux à la société québécoise qui se bat pour ne pas perdre leur culture et la langue française sans avoir de remords à assimiler la culture de leurs enfants achetés.L'adoption transraciale, c'est le non respect de l'être humain de préserver sa culture. Hypocrisie!
J'en veux aux agences d'adoption internationale, particulièrement à Holt Children's Service.
Ne m'invalidez pas mon vécu en disant que je suis belle ou qu'il faut apprendre à m'accepter. Si vous avez l'intention de me dire ça, c'est que vous ne me comprenez pas du tout comme mes parents-A ne m'ont jamais comprise. Comment des parents blancs peuvent-ils comprendre leur enfant de couleur?
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racisme
19 déc. 2007
Mes commentaires sur l'affaire Jade et les autres cas de rupture d'adoption.
Selon les articles, l'histoire de Jade a alimenté la colère parmi la communauté coréenne qui critique le couple néerlandais pour avoir renoncé à la garde de leur fille adoptive sept ans plus tard, après avoir négligé le processus de naturalisation.
Ma colère envers les Coréens (et les peuples exportateurs d'enfants) est aussi grande, sinon plus grande, que ma colère envers les parents adoptifs qui retournent leurs enfants adoptifs. Ces Coréens qui sont outragés par l'action du couple Poeteray n'ont absoluement rien fait pour empêcher cette enfant soit placée dans une famille qui ne lui convient pas comme ils n'ont jamais rien fait pour empêcher d'autres enfants de se trouver dans des familles abusives ou inappropriées. Une société qui permet que des enfants soient exportés dans des pays étrangers, une société qui permet qu'il y ait tant d'enfants dans des orphelinats, une société qui ne prend pas soin de ses propres enfants, est très mal placée pour critiquer des parents monstres commes les Poeteray! Au lieu de critiquer les personnes pour avoir abandonné leurs enfants adoptifs, les Coréens devraient commencer à critiquer leur propre société pour avoir abandonné leurs enfants (les enfants de leur propre sang) en les exportant dans des pays étrangers pour être placés avec des étrangers. Les premiers responsables sont les pays exportateurs d'enfants comme la Corée, la Chine, l'Inde, la Philipine, le Vietnam, etc. qui, au lieu de prendre soin ou d'adopter leurs enfants, les envoient comme des déchets de leurs sociétés dans d'autres pays étrangers.
Je dis aux Coréens outragés par l'histoire de Jade: Enlevez la poutre de votre oeil avant de vouloir enlever la paille dans l'oeil du prochain! Critiquez-vous vous même avant de critiquer les autres! Au lieu de parler de votre colère envers les peuples étrangers qui maltraitent les enfants (que vous-même avez placés entre leurs mains), allez donc adopter un enfant d'un orphelinat près de chez vous, protégez les mères célibtaires, faites-donc une manifestation pour faire changer les lois!
Un consul coréen de Hong Kong a dit: "Nous pourrions l'envoyer de nouveau à un orphelinat coréen, mais elle a été partie de la Corée pour si longtemps, qu'il serait très difficile qu'elle se réadapte en Corée. Ainsi, dans les circonstances, il est dans le meilleur intérêt pour l'enfant de trouver une famille coréenne dans Hong Kong." Si après avoir dit ça, le consul coréen ne fait rien pour arrêter l'adoption internationale, c'est un maudit menteur! J'espère que le consul coréen est consistant avec ses propos et qu'il est au moins contre l'adoption internationale!
ADAPTER et RÉADAPTER, n'est-ce pas justement l'adoption internationale? J'avais 9 ans quand les Coréens m'ont envoyée en Amérique. Ils ont envoyé plein d'autres enfants plus vieux que Jade (jusqu'à 13 ans) hors de leur pays sans jamais mentionner qu'il serait difficile pour nous de s'ADAPTER à une nouvelle culture et une nouvelle langue dans un nouveau pays où toutes les autres personnes étaient différentes. Ils disent qu'ils l'ont fait dans le meilleur intérêt des enfants. Hypocrites! Si les Coréens pensaient vraiment au meilleur intérêt de Jade (comme ils prétendent l'avoir fait avec nous), ils reprendraient Jade dans leur pays sans hésiter.
Shame on Korea! And Shame on any exporting country of babies!
Ma colère envers les Coréens (et les peuples exportateurs d'enfants) est aussi grande, sinon plus grande, que ma colère envers les parents adoptifs qui retournent leurs enfants adoptifs. Ces Coréens qui sont outragés par l'action du couple Poeteray n'ont absoluement rien fait pour empêcher cette enfant soit placée dans une famille qui ne lui convient pas comme ils n'ont jamais rien fait pour empêcher d'autres enfants de se trouver dans des familles abusives ou inappropriées. Une société qui permet que des enfants soient exportés dans des pays étrangers, une société qui permet qu'il y ait tant d'enfants dans des orphelinats, une société qui ne prend pas soin de ses propres enfants, est très mal placée pour critiquer des parents monstres commes les Poeteray! Au lieu de critiquer les personnes pour avoir abandonné leurs enfants adoptifs, les Coréens devraient commencer à critiquer leur propre société pour avoir abandonné leurs enfants (les enfants de leur propre sang) en les exportant dans des pays étrangers pour être placés avec des étrangers. Les premiers responsables sont les pays exportateurs d'enfants comme la Corée, la Chine, l'Inde, la Philipine, le Vietnam, etc. qui, au lieu de prendre soin ou d'adopter leurs enfants, les envoient comme des déchets de leurs sociétés dans d'autres pays étrangers.
Je dis aux Coréens outragés par l'histoire de Jade: Enlevez la poutre de votre oeil avant de vouloir enlever la paille dans l'oeil du prochain! Critiquez-vous vous même avant de critiquer les autres! Au lieu de parler de votre colère envers les peuples étrangers qui maltraitent les enfants (que vous-même avez placés entre leurs mains), allez donc adopter un enfant d'un orphelinat près de chez vous, protégez les mères célibtaires, faites-donc une manifestation pour faire changer les lois!
Un consul coréen de Hong Kong a dit: "Nous pourrions l'envoyer de nouveau à un orphelinat coréen, mais elle a été partie de la Corée pour si longtemps, qu'il serait très difficile qu'elle se réadapte en Corée. Ainsi, dans les circonstances, il est dans le meilleur intérêt pour l'enfant de trouver une famille coréenne dans Hong Kong." Si après avoir dit ça, le consul coréen ne fait rien pour arrêter l'adoption internationale, c'est un maudit menteur! J'espère que le consul coréen est consistant avec ses propos et qu'il est au moins contre l'adoption internationale!
ADAPTER et RÉADAPTER, n'est-ce pas justement l'adoption internationale? J'avais 9 ans quand les Coréens m'ont envoyée en Amérique. Ils ont envoyé plein d'autres enfants plus vieux que Jade (jusqu'à 13 ans) hors de leur pays sans jamais mentionner qu'il serait difficile pour nous de s'ADAPTER à une nouvelle culture et une nouvelle langue dans un nouveau pays où toutes les autres personnes étaient différentes. Ils disent qu'ils l'ont fait dans le meilleur intérêt des enfants. Hypocrites! Si les Coréens pensaient vraiment au meilleur intérêt de Jade (comme ils prétendent l'avoir fait avec nous), ils reprendraient Jade dans leur pays sans hésiter.
Shame on Korea! And Shame on any exporting country of babies!
Libellés :
Corée du Sud,
Dissolution d'adoption,
Ma voix,
Pays-Bas
17 déc. 2007
Plus à propos de la rupture ou la dissolution d'adoption.
On croit que l'adoption permet à un enfant de trouver une famille permanente, une "famille pour la vie" mais comme vous l'avez remarqué dans mes blogs précédents, il existe des cas où l'enfant adopté est abandonné à nouveau pour être "retourné" dans le système de placement. On utilise couramment le terme "rupture d'adoption" pour décrire les pratiques des gens qui utilisent les enfants comme des objets de commerce ou des animaux et comme c'est une pratique plus courante que vous ne pouvez imaginer, on a créé des termes légaux "rupture" et "dissolution" pour décrire respectivement un échec de placement et un échec d'adoption.
Une rupture d'adoption, aussi appelé "échec de placement", est un échec d'une adoption avant la finalisation des procédures, en raison de la décision des parents biologiques, des parents adoptifs ou de l'agence. L'enfant quitte le foyer adoptif potentiel et retourne en foyer d'accueil ou il est confié à un autre parent adoptif. Une dissolution d'adoption, aussi appelé "échec d'adoption", est un échec d'une adoption après la finalisation des procédures, en raison d'une décision des parents adoptifs ou de la Cour. L'enfant quitte le foyer adoptif et retourne en famille d'accueil ou est confié à un autre parent adoptif.
Dans l'un ou l'autre des cas, l'enfant qui a déjà connu un premier abandon par sa famille biologique (et par son pays d'origine dans le cas d'adoptés int) connaît un deuxième abandon. Remarquer qu'une rupture n'est pas plus "facile" qu'une dissolution car il peut s'écouler beaucoup de temps avant la finalisation de l'adoption. Dans mon cas, la finalisation de mon adoption a eu lieu un peu plus de deux ans après mon arrivée dans ma famille adoptive, c'est-à-dire lorsque j'étais déjà complètement assimilée par les Québécois et que je ne parlais plus le coréen. Si un enfant de 9 ans est déjà assimilé à l'intérieur d'une période de deux ans, ça prend certainement moins de temps pour un enfant plus jeune pour s'attacher à sa famille adoptive potentielle (et pour se faire assimiler par la nouvelle culture dans le cas d'adoption int.)
Les ruptures ou dissolutions arrivent à la fois dans l'adoption domestique et internationale. (d'autres enfants avant Jade ont été retournés dans leurs pays d'origine après avoir été adoptés et d'autres ont été "désadoptés" par les premiers parents adoptifs pour être réadoptés par d'autres) mais je n'ai pas trouvé de rapport d'études sur les ruptures ou les dissolutions d'adoption internationale; les agences d'adoption internationale auraient-elles peur de commencer des études sur les ruptures et les dissolutions d'adoption? Qu'attendent les experts de l'adoption et les pays exportateurs d'enfants pour se pencher sur les abus des enfants adoptés internationalement? Les pays exportateurs d'enfants craindraient-ils de découvrir que certains enfants exportés pour "une meilleure vie" ont eu une vie plus misérable que s'ils n'étaient restés dans leurs pays?
Selon des études américaines (voir détails sur le site de ChildWelfareInformationGateway), le taux de rupture d'adoption varie de 10% - 25% (dépendamment de la population étudiée, de la durée de l'étude, et des facteurs géographiques ou autres). Les données sur les dissolutions sont plus difficiles à obtenir car au moment de l'adoption légale, les dossiers d'enfant peuvent être fermés, leurs noms ou leurs numéros de sécurité sociale peuvent avoir été changés et d'autres informations pouvant les identifier peuvent aussi avoir été modifiées. Les données rapportent qu'un petit pourcentage, soit 1 à 10%, des adoptions complétées sont dissoutes. Ce site mentionne également que ces données sont rapportées seulement pour les enfants adoptés par les familles d'accueil et qu'elles ne permettent pas de saisir les dissolutions d'adoption si les enfants ne viennent pas à l'attention du système public de la protection de l'enfance.
Je me questionne: "Pourquoi?" J'ai entendu des cas où des parents avaient adopté pour sauver leur mariage en péril. Dans l'un de ces cas, l'enfant a été retourné dans le système de placement parce que l'adoption n'a pas réussi à sauvegarder le mariage. Le site d'agence A Child's Waiting et d'autres sites donnent une liste de facteurs pouvant mener à une rupture ou une dissolution. Après avoir lu un témoignagne des parents qui ont rompu une adoption, je réalise que si l'enfant adopté n'est pas parfait, s'il a un moindre "défaut", alors il peut être retourné. Je suis certaine que leurs six premiers enfants adoptés de ces parents témoins sont "parfaits"! D'ailleurs, ils mentionnent qu'après cinq ans, leurs enfants vont bien. Espérons qu'ils iront toujours bien et qu'ils n'auront jamais de "besoins spéciaux" car les deux derniers enfants qu'ils ont fait venir de l'Ukraine avec leurs besoins spéciaux ne "matchaient" pas leur famille, donc ils les ont retournés dans le système de replacement!
Toutes les raisons mentionnées montrent que les ruptures et les dissolutions ont lieu parce que les enfants sont traités comme des produits de commercialisation, les enfants sont moins bien traités que les animaux ou des objets et ce sont les enfants qui souffrent.
Je crois que les ruptures ou les dissolutions sont parfois nécessaires, et on ne peut pas empêcher que ça arrive tout comme on ne peut pas forcer des gens à garder leurs enfants biologiques. Cependant, quelles que soient les raisons qui ont mené les gens à dissoudre ou rompre une adoption, je les considère comme des montres et je n'ai pas pitié d'eux quand ils disent qu'ils ressentent de la culpabilité ou qu'ils en souffrent.
Conseils: 1) Si vous avez une attente bien définie en voulant devenir parents adoptifs, n'adoptez pas! 2) L'adoption est un engagement; ne faites pas subir à l'enfant adoptif ce que vous ne feriez pas subir à votre enfant biologique 3) Si vous pensez adopter un enfant d'un autre pays, écoutez ce que racontent les adoptés adultes, pas juste les adoptés "heureux" mais écoutez surtout les adoptés que vous aurez envie d' appeler adoptés "en colère".
Une rupture d'adoption, aussi appelé "échec de placement", est un échec d'une adoption avant la finalisation des procédures, en raison de la décision des parents biologiques, des parents adoptifs ou de l'agence. L'enfant quitte le foyer adoptif potentiel et retourne en foyer d'accueil ou il est confié à un autre parent adoptif. Une dissolution d'adoption, aussi appelé "échec d'adoption", est un échec d'une adoption après la finalisation des procédures, en raison d'une décision des parents adoptifs ou de la Cour. L'enfant quitte le foyer adoptif et retourne en famille d'accueil ou est confié à un autre parent adoptif.
Dans l'un ou l'autre des cas, l'enfant qui a déjà connu un premier abandon par sa famille biologique (et par son pays d'origine dans le cas d'adoptés int) connaît un deuxième abandon. Remarquer qu'une rupture n'est pas plus "facile" qu'une dissolution car il peut s'écouler beaucoup de temps avant la finalisation de l'adoption. Dans mon cas, la finalisation de mon adoption a eu lieu un peu plus de deux ans après mon arrivée dans ma famille adoptive, c'est-à-dire lorsque j'étais déjà complètement assimilée par les Québécois et que je ne parlais plus le coréen. Si un enfant de 9 ans est déjà assimilé à l'intérieur d'une période de deux ans, ça prend certainement moins de temps pour un enfant plus jeune pour s'attacher à sa famille adoptive potentielle (et pour se faire assimiler par la nouvelle culture dans le cas d'adoption int.)
Les ruptures ou dissolutions arrivent à la fois dans l'adoption domestique et internationale. (d'autres enfants avant Jade ont été retournés dans leurs pays d'origine après avoir été adoptés et d'autres ont été "désadoptés" par les premiers parents adoptifs pour être réadoptés par d'autres) mais je n'ai pas trouvé de rapport d'études sur les ruptures ou les dissolutions d'adoption internationale; les agences d'adoption internationale auraient-elles peur de commencer des études sur les ruptures et les dissolutions d'adoption? Qu'attendent les experts de l'adoption et les pays exportateurs d'enfants pour se pencher sur les abus des enfants adoptés internationalement? Les pays exportateurs d'enfants craindraient-ils de découvrir que certains enfants exportés pour "une meilleure vie" ont eu une vie plus misérable que s'ils n'étaient restés dans leurs pays?
Selon des études américaines (voir détails sur le site de ChildWelfareInformationGateway), le taux de rupture d'adoption varie de 10% - 25% (dépendamment de la population étudiée, de la durée de l'étude, et des facteurs géographiques ou autres). Les données sur les dissolutions sont plus difficiles à obtenir car au moment de l'adoption légale, les dossiers d'enfant peuvent être fermés, leurs noms ou leurs numéros de sécurité sociale peuvent avoir été changés et d'autres informations pouvant les identifier peuvent aussi avoir été modifiées. Les données rapportent qu'un petit pourcentage, soit 1 à 10%, des adoptions complétées sont dissoutes. Ce site mentionne également que ces données sont rapportées seulement pour les enfants adoptés par les familles d'accueil et qu'elles ne permettent pas de saisir les dissolutions d'adoption si les enfants ne viennent pas à l'attention du système public de la protection de l'enfance.
Je me questionne: "Pourquoi?" J'ai entendu des cas où des parents avaient adopté pour sauver leur mariage en péril. Dans l'un de ces cas, l'enfant a été retourné dans le système de placement parce que l'adoption n'a pas réussi à sauvegarder le mariage. Le site d'agence A Child's Waiting et d'autres sites donnent une liste de facteurs pouvant mener à une rupture ou une dissolution. Après avoir lu un témoignagne des parents qui ont rompu une adoption, je réalise que si l'enfant adopté n'est pas parfait, s'il a un moindre "défaut", alors il peut être retourné. Je suis certaine que leurs six premiers enfants adoptés de ces parents témoins sont "parfaits"! D'ailleurs, ils mentionnent qu'après cinq ans, leurs enfants vont bien. Espérons qu'ils iront toujours bien et qu'ils n'auront jamais de "besoins spéciaux" car les deux derniers enfants qu'ils ont fait venir de l'Ukraine avec leurs besoins spéciaux ne "matchaient" pas leur famille, donc ils les ont retournés dans le système de replacement!
Toutes les raisons mentionnées montrent que les ruptures et les dissolutions ont lieu parce que les enfants sont traités comme des produits de commercialisation, les enfants sont moins bien traités que les animaux ou des objets et ce sont les enfants qui souffrent.
Je crois que les ruptures ou les dissolutions sont parfois nécessaires, et on ne peut pas empêcher que ça arrive tout comme on ne peut pas forcer des gens à garder leurs enfants biologiques. Cependant, quelles que soient les raisons qui ont mené les gens à dissoudre ou rompre une adoption, je les considère comme des montres et je n'ai pas pitié d'eux quand ils disent qu'ils ressentent de la culpabilité ou qu'ils en souffrent.
Conseils: 1) Si vous avez une attente bien définie en voulant devenir parents adoptifs, n'adoptez pas! 2) L'adoption est un engagement; ne faites pas subir à l'enfant adoptif ce que vous ne feriez pas subir à votre enfant biologique 3) Si vous pensez adopter un enfant d'un autre pays, écoutez ce que racontent les adoptés adultes, pas juste les adoptés "heureux" mais écoutez surtout les adoptés que vous aurez envie d' appeler adoptés "en colère".
15 déc. 2007
Rupture d'adoption est une option!
Si vous croyez que l'histoire du couple qui retourne leur fille adoptive après sept ans est un cas isolé, détrompez-vous! Le blog de iBastard m'a emmené sur le site d'une agence d'adoption A Child's Waiting qui dit qu'une rupture d'adoption est une option et vous indique les étapes à suivre pour retourner votre enfant adoptif. L'adoption n'est pas pour la vie, il est possible de retourner l'enfant adoptif en tout temps comme on retourne un produit défectueux. Ils font une annonce pour replacer l'enfant retourné avec une autre famille, c'est le cas pour Chloé.
Remarque: l'agence d'adoption nommée ci-haut, n'est qu'une parmi d'autres où on vous garantit que vous pouvez retourner votre enfant adoptif en cas de défectuosité et où on fait la publicité d'enfants de "seconde main" à revendre.
Êtes-vous désappointé par votre enfant adopté? Les parents-A ont 40 ans pour prendre une action en justice, l'avocat de AdoptionGoneWrong vous aidera. Quelle chance que mes parents-A soient morts! S'ils étaient en encore vie, il leur resterait encore 9 années pour poursuivre l'agence d'adoption qui m'avait placée avec eux!
Remarque: l'agence d'adoption nommée ci-haut, n'est qu'une parmi d'autres où on vous garantit que vous pouvez retourner votre enfant adoptif en cas de défectuosité et où on fait la publicité d'enfants de "seconde main" à revendre.
Êtes-vous désappointé par votre enfant adopté? Les parents-A ont 40 ans pour prendre une action en justice, l'avocat de AdoptionGoneWrong vous aidera. Quelle chance que mes parents-A soient morts! S'ils étaient en encore vie, il leur resterait encore 9 années pour poursuivre l'agence d'adoption qui m'avait placée avec eux!
Adoption rompue
Un couple abandonne leur fille sept ans après l'avoir adoptée.
Un diplomate néerlandais et son épouse qui avaient adopté une fille de quatre mois quand ils étaient en Corée du Sud, l'ont abandonnée au département de la Protection Sociale de Hong Kong, en disant qu'ils n'ont pas réussi à l'intégrer dans leur famille.
"Ils ont maitenant leurs propres enfants. Ils ont décidé qu'il était difficile de l'élever à cause d'un choc culturel. Ils ont dit qu'elle n'est pas disposée à manger leur nourriture. C'est une des raisons. Une étrange raison", a dit le porte-parole qui n'a pas voulu être nommé. "Elle a été élevée dès le plus jeune âge. C'est un cas très rare. C'est difficile à comprendre pour nous", a-t-il dit, ajoutant que le couple avait adopté l'enfant quand le diplomate travaillait en Corée du Sud.
Lundi, JoongAng Daily a déclaré que l'épouse du diplomate pensait être infertile au moment où le couple a adopté la coréenne en 2000 mais elle est tombée enceinte après être déménagé à Hong Kong.
Le porte-parole du consulat coréen a déclaré que la fillette est citoyenne coréenne car les parents adoptifs n'ont pas pris la nationalité néerlandaise pour leur fille adoptive. Elle n'a pas non plus un statut de résidant de Hong Kong. Il a déclaré que la fillette parle l'anglais et le cantonnais mais pas le coréen.
Une porte-parole du département des services sociaux de Hong Kong a dit qu'elle était au courant de l'affaire mais ne la commenterait pas. Un porte-parole du consulat néerlandais à Hong Kong a déclaré que c'était une question personnelle. "Ils ont eu un temps difficile avec ceci. Pour la famille en question, c'est très traumatisant", a-t-il dit, refusant de commenter davantage. Pendant le week-end, le diplomate a dit au South China Morning Post que son épouse suivait une thérapie depuis la prise de cette décision. "C'est un traumatisme terrible que tout le monde connait" a-t-il dit."Je n'ai rien à dire au public. C'est quelque chose que nous devons à vivre avec."
Susan So, directrice de la Protection des Enfants de Hong Kong, dit qu'il n'est pas rare pour les parents de se sentir aliénés de leurs enfants adoptés et les traiter comme secondaires après qu'ils aient leur propre progéniture.
"(Les Parents) auraient dû savoir qu'ils sont de cultures différentes. Mais certains ont du mal à les accepter pleinement comme membres de leur famille. Ils ont des problèmes dans l'engagement", dit-elle. Elle a dit que les parents doivent avoir des conseils avant de décider de faire une adoption. "Ils doivent savoir qu'ils courent toujours des risques quand ils adoptent un enfant. Une fois que vous prenez une décision, c'est un engagement. Sinon, ce sont les enfants qui souffrent."
Traduit de l'anglais.
Les monstres qui abandonnet leur fille adoptive après sept ans, s'appellent Raymond et Meta Poeteray.
Un diplomate néerlandais et son épouse qui avaient adopté une fille de quatre mois quand ils étaient en Corée du Sud, l'ont abandonnée au département de la Protection Sociale de Hong Kong, en disant qu'ils n'ont pas réussi à l'intégrer dans leur famille.
"Ils ont maitenant leurs propres enfants. Ils ont décidé qu'il était difficile de l'élever à cause d'un choc culturel. Ils ont dit qu'elle n'est pas disposée à manger leur nourriture. C'est une des raisons. Une étrange raison", a dit le porte-parole qui n'a pas voulu être nommé. "Elle a été élevée dès le plus jeune âge. C'est un cas très rare. C'est difficile à comprendre pour nous", a-t-il dit, ajoutant que le couple avait adopté l'enfant quand le diplomate travaillait en Corée du Sud.
Lundi, JoongAng Daily a déclaré que l'épouse du diplomate pensait être infertile au moment où le couple a adopté la coréenne en 2000 mais elle est tombée enceinte après être déménagé à Hong Kong.
Le porte-parole du consulat coréen a déclaré que la fillette est citoyenne coréenne car les parents adoptifs n'ont pas pris la nationalité néerlandaise pour leur fille adoptive. Elle n'a pas non plus un statut de résidant de Hong Kong. Il a déclaré que la fillette parle l'anglais et le cantonnais mais pas le coréen.
Une porte-parole du département des services sociaux de Hong Kong a dit qu'elle était au courant de l'affaire mais ne la commenterait pas. Un porte-parole du consulat néerlandais à Hong Kong a déclaré que c'était une question personnelle. "Ils ont eu un temps difficile avec ceci. Pour la famille en question, c'est très traumatisant", a-t-il dit, refusant de commenter davantage. Pendant le week-end, le diplomate a dit au South China Morning Post que son épouse suivait une thérapie depuis la prise de cette décision. "C'est un traumatisme terrible que tout le monde connait" a-t-il dit."Je n'ai rien à dire au public. C'est quelque chose que nous devons à vivre avec."
Susan So, directrice de la Protection des Enfants de Hong Kong, dit qu'il n'est pas rare pour les parents de se sentir aliénés de leurs enfants adoptés et les traiter comme secondaires après qu'ils aient leur propre progéniture.
"(Les Parents) auraient dû savoir qu'ils sont de cultures différentes. Mais certains ont du mal à les accepter pleinement comme membres de leur famille. Ils ont des problèmes dans l'engagement", dit-elle. Elle a dit que les parents doivent avoir des conseils avant de décider de faire une adoption. "Ils doivent savoir qu'ils courent toujours des risques quand ils adoptent un enfant. Une fois que vous prenez une décision, c'est un engagement. Sinon, ce sont les enfants qui souffrent."
Traduit de l'anglais.
Les monstres qui abandonnet leur fille adoptive après sept ans, s'appellent Raymond et Meta Poeteray.
Quelques articles qui parlent de ce cas:
Outcry as Dutch diplomat disposes of adopted 7-year old. Radio Netherland worldwide.
Dutch diplomat leaves Hong Kong after causing outrage for giving up adopted daughter. China Post
Abandoned Korean girl highlights childraising woes. Reuters
European diplomat in Hong Kong gives up adopted girl after 7 years. M&C
Parents return their unwanted girl. Heraldsun
Couple give up girl, 7, adopted here as baby. JoongAng Daily
Outrage over Dutch couple's return of adopted SKorean girl. Euronews
Diplomat, now with own kids, gives up adopted girl. TheWest
Dutch diplomat gives up adopted SKorean girl seven years on: officials. AFP
Mystery over rejected child. The Standard
Diplomat at the center of adoption row. Dutchnews
After seven years, Dutch diplomat puts adopted daughter back up for adoption. Guardian unlimited.
Netherlands backs diplomat in adoption row. SCMP
'Reversible Adoption' Sparks Int'l Outcry. Digital Chosunilbo
******
Le diplomate néerlandais répond aux médias qu'il a abandonné l'enfant suite à un avis médical. Vous pouvez lire les articles suivants:
Dutch diplomat gave up adopted girl on medical advice et Can an Adopted Child be Returned?
Outcry as Dutch diplomat disposes of adopted 7-year old. Radio Netherland worldwide.
Dutch diplomat leaves Hong Kong after causing outrage for giving up adopted daughter. China Post
Abandoned Korean girl highlights childraising woes. Reuters
European diplomat in Hong Kong gives up adopted girl after 7 years. M&C
Parents return their unwanted girl. Heraldsun
Couple give up girl, 7, adopted here as baby. JoongAng Daily
Outrage over Dutch couple's return of adopted SKorean girl. Euronews
Diplomat, now with own kids, gives up adopted girl. TheWest
Dutch diplomat gives up adopted SKorean girl seven years on: officials. AFP
Mystery over rejected child. The Standard
Diplomat at the center of adoption row. Dutchnews
After seven years, Dutch diplomat puts adopted daughter back up for adoption. Guardian unlimited.
Netherlands backs diplomat in adoption row. SCMP
'Reversible Adoption' Sparks Int'l Outcry. Digital Chosunilbo
******
Le diplomate néerlandais répond aux médias qu'il a abandonné l'enfant suite à un avis médical. Vous pouvez lire les articles suivants:
Dutch diplomat gave up adopted girl on medical advice et Can an Adopted Child be Returned?
Libellés :
Corée du Sud,
Dissolution d'adoption,
Pays-Bas
13 déc. 2007
Qui est Kim Myung-Sook?
Je suis née en Corée et j'ai été exportée aux États-Unis à l'âge de 9 ans pour être adoptée par des Québécois. Six mois après mon arrivée, mes parents-A ont décidé de revenir vivre au Québec, leur pays de naissance, pour que je sois élevée dans leur culture et leur langue.
En fait, ce n'est pas la seule raison qui avait poussé mes parents-A à quitter l'état du Maine où ils possédaient un commerce florissant. La vraie raison est que mes parents-A avaient faussement déclaré qu'ils étaient citoyens américains sur le formulaire de demande d'adoption. On m'a expédiée à ces Québécois menteurs qui prétendaient être américiains avec un visa d'entrée aux États-Unis pour l'adoption.
Quand ces Québécois venaient juste de recevoir leur produit (c'est-à-dire moi), l'immigration s'est rendue compte qu'ils étaient des Canadiens et non des Américains, donc il fallait me réexpédier en Corée. Plutôt que de me renvoyer en Corée, l'immigration américaine m'a accordé un visa pour cause humanitaire me permettant de rester aux États-Unis pendant un an.
Donc, six mois après mon arrivée, mes parents-A ont déménagé pour m'adopter légalement au Québec.
Je suis une adoptée transraciale. Je préfère utiliser le mot "transracial" (qui n'existe pas en français) que le mot "interracial" pour me décrire car j'ai été assimilée (transformée) pour devenir une Québécoise. On m'a volé ma culture et ma langue de naissance pour les remplacer par la culture québécoise et la langue française de façon irréversible. Je suis une Québécoise pure laine emprisonnée dans un corps d'une Coréenne.
À cause de mon apparence, les Québécois me considèrent comme une immigrée coréenne (et techniquement, je suis une immigrée) mais les immigrés coréens ne me considèrent pas comme des leurs. Mes parents-A ne m'ont pas préparée à être perçue comme une immigrée, ils m'ont élevée comme une Québécoise de souche, comme une "blanche" et je crois que je suis une blanche jusqu'à ce j'aperçoive mon imange dans un miroir ou qu'un Québécois de souche me rappelle que je suis une immigrée. Je me vois et je vois les Asiatiques à travers le regard des Québécois et je ne vois que les yeux bridés, les yeux d'une Chinoise.
En découvrant les mensonges sur les papiers d'adoption à l'âge de 11 ans, j'avais juré de haïr la Corée et les Coréens pour la vie. Je suis en colère après les Coréens pour m'avoir expédiée au loin de mon pays natal. Pendant 30 ans, j'ai souffert dans la solitude des conséquences de l'adoption internatioanle. Depuis que je me suis joint à une organisation de KAD (Korean adoptees), j'ai pu exprimer ma colère, ma haine et ma douleur et pour la première fois, je me sens comprise. Je me sens soulagée et moins seule de pouvoir partager ce que j'ai vécu et ce que je vis encore avec d'autres KAD.
En m'intéressant davantage à l'adoption internationale, j'ai constaté que beaucoup d'adoptés ont ressenti le besoin de blogger pour partager leurs expériences (positives ou négatives) en tant qu'adoptés ou pour donner leurs points de vue sur l'adoption.
Moi-même, avant même de découvrir la communauté virtuelle des KAD, j'avais commencé à blogger pour parler de ma peine et de ma honte d'avoir été adoptée, pour parler de ma honte d'avoir été rejetée, assimilée et rejetée à nouveau, pour parler de ma honte de ma propre race, de ma colère et de ma haine envers les Coréens et envers mon agence d'adoption. Malgré mon besoin de m'exprimer, à cause de cette honte constante, j'écrivais mes blogs en anglais et je les gardais privés (donc personne ne pouvait les lires à part moi) et ça m'a pris trois ans avant de cocher l'option "rendre publiques".
Cette fois, j'écris ces blogs premièrement pour m'exprimer en français (ma langue de tranraciale) et je les rends publiques sans tarder pour que des adoptés transraciaux francophones qui vivent encore dans l'isolement sachent qu'ils ne sont pas seuls.
J'écris aussi ces blogs pour mettre à jour, tout ce que les agences d'adoption, les lobbyistes de l'adoption internationale et la majorité des parents adoptifs ne diront pas; tout ce que les parents adoptifs et les futurs parents adoptifs ne veulent pas entendre afin de montrer que l'adoption internationale
1) est un commerce légalisé pour vendre (acheter) des enfants.
2) ne respecte pas les droits des humains.
3) n'est pas le meilleur intérêt des enfants ( et qu'il y a des meilleures solutions que l'adoption internationale)
4) devrait être considérée comme un crime.
En fait, ce n'est pas la seule raison qui avait poussé mes parents-A à quitter l'état du Maine où ils possédaient un commerce florissant. La vraie raison est que mes parents-A avaient faussement déclaré qu'ils étaient citoyens américains sur le formulaire de demande d'adoption. On m'a expédiée à ces Québécois menteurs qui prétendaient être américiains avec un visa d'entrée aux États-Unis pour l'adoption.
Quand ces Québécois venaient juste de recevoir leur produit (c'est-à-dire moi), l'immigration s'est rendue compte qu'ils étaient des Canadiens et non des Américains, donc il fallait me réexpédier en Corée. Plutôt que de me renvoyer en Corée, l'immigration américaine m'a accordé un visa pour cause humanitaire me permettant de rester aux États-Unis pendant un an.
Donc, six mois après mon arrivée, mes parents-A ont déménagé pour m'adopter légalement au Québec.
Je suis une adoptée transraciale. Je préfère utiliser le mot "transracial" (qui n'existe pas en français) que le mot "interracial" pour me décrire car j'ai été assimilée (transformée) pour devenir une Québécoise. On m'a volé ma culture et ma langue de naissance pour les remplacer par la culture québécoise et la langue française de façon irréversible. Je suis une Québécoise pure laine emprisonnée dans un corps d'une Coréenne.
À cause de mon apparence, les Québécois me considèrent comme une immigrée coréenne (et techniquement, je suis une immigrée) mais les immigrés coréens ne me considèrent pas comme des leurs. Mes parents-A ne m'ont pas préparée à être perçue comme une immigrée, ils m'ont élevée comme une Québécoise de souche, comme une "blanche" et je crois que je suis une blanche jusqu'à ce j'aperçoive mon imange dans un miroir ou qu'un Québécois de souche me rappelle que je suis une immigrée. Je me vois et je vois les Asiatiques à travers le regard des Québécois et je ne vois que les yeux bridés, les yeux d'une Chinoise.
En découvrant les mensonges sur les papiers d'adoption à l'âge de 11 ans, j'avais juré de haïr la Corée et les Coréens pour la vie. Je suis en colère après les Coréens pour m'avoir expédiée au loin de mon pays natal. Pendant 30 ans, j'ai souffert dans la solitude des conséquences de l'adoption internatioanle. Depuis que je me suis joint à une organisation de KAD (Korean adoptees), j'ai pu exprimer ma colère, ma haine et ma douleur et pour la première fois, je me sens comprise. Je me sens soulagée et moins seule de pouvoir partager ce que j'ai vécu et ce que je vis encore avec d'autres KAD.
En m'intéressant davantage à l'adoption internationale, j'ai constaté que beaucoup d'adoptés ont ressenti le besoin de blogger pour partager leurs expériences (positives ou négatives) en tant qu'adoptés ou pour donner leurs points de vue sur l'adoption.
Moi-même, avant même de découvrir la communauté virtuelle des KAD, j'avais commencé à blogger pour parler de ma peine et de ma honte d'avoir été adoptée, pour parler de ma honte d'avoir été rejetée, assimilée et rejetée à nouveau, pour parler de ma honte de ma propre race, de ma colère et de ma haine envers les Coréens et envers mon agence d'adoption. Malgré mon besoin de m'exprimer, à cause de cette honte constante, j'écrivais mes blogs en anglais et je les gardais privés (donc personne ne pouvait les lires à part moi) et ça m'a pris trois ans avant de cocher l'option "rendre publiques".
Cette fois, j'écris ces blogs premièrement pour m'exprimer en français (ma langue de tranraciale) et je les rends publiques sans tarder pour que des adoptés transraciaux francophones qui vivent encore dans l'isolement sachent qu'ils ne sont pas seuls.
J'écris aussi ces blogs pour mettre à jour, tout ce que les agences d'adoption, les lobbyistes de l'adoption internationale et la majorité des parents adoptifs ne diront pas; tout ce que les parents adoptifs et les futurs parents adoptifs ne veulent pas entendre afin de montrer que l'adoption internationale
1) est un commerce légalisé pour vendre (acheter) des enfants.
2) ne respecte pas les droits des humains.
3) n'est pas le meilleur intérêt des enfants ( et qu'il y a des meilleures solutions que l'adoption internationale)
4) devrait être considérée comme un crime.
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