Exposée au racisme.
Mon premier jour d’école (au Québec), j’étais au centre d'un cercle formé par les enfants qui tiraient leurs yeux en criant : « Chinoise! Chinoise! » Sur un ton chargé de haine et de mépris, ils me criaient « Chinoise! Chinoise! », d'autre fois, sur un ton simplement moqueur, ils disaient « Regardez! Elle a la peau jaune, la peau d’une Chinoise! » N’ayant pas encore réalisé que j’étais « différente » des autres, je croyais que j’étais moquée pour ce que j’étais et non pour ma race. Les moqueries incessantes à l’égard de mes yeux et de ma peau jaune se passaient devant des professeurs qui n'intervenaient pas.
Dans toute l’école, seuls les quatre enfants qui voyageaient avec moi ne se moquaient pas de moi. Deux de ces enfants m’aidaient en passant leurs récréations avec moi ou en me disant d’ignorer les moqueries mais c’était impossible de les ignorer. À la fin des récréations, l’une de mes protectrices m’emmenait vers mon groupe. Après le départ de ma protectrice, les élèves me poussaient vers le dernier rang en me disant l’un après l’autre : « Non, je ne veux pas être à côté d’une Chinoise » Ce qui me résonne encore dans ma tête, c'est la voix d'une élève qui a crié: "Non! Non! Berk! Je veux pas être à côté d'une Chinoise! Une Chinoise, c'est sale!" Comme le mot Chinoise ne faisait pas partie de mon vocabulaire, je croyais que ce mot servait à désigner une personne laide, sale et répugnante.
Je détestais cette vie, je détestais le Canada et je voulais retourner dans mon pays pour vivre auprès de mes amies de l'orphelinat ou encore mieux avec ma famille-B. J’en voulais à ma mère-A de m’avoir fait venir dans son pays. Chaque soir, je pleurais, je pleurais et je ne faisais que pleurer. Ma mère-A s’est plaint auprès de l'enseignant qui me tranportait à l'école mais il n'a rien fait pour améliorer mon sort. Pendant tout le trajet vers l’école, il a gueulé très fort : «Je vais lui délier la langue!... Qu’elle apprenne à se défendre!»
Les rares personnes qui m'ont entendue évoquer ces souvenirs m'ont répondu: "Les enfants sont tous méchants entre eux; ils sont comme ça les enfants." D'autres ont comparé mes expériences à celles d'un enfant qui se fait moquer pour ses boutons d'acné ou son obésité. Personne n'a osé admettre que j'ai souffert du racisme. Je me suis sentie invalidée devant ces commentaires tout comme j'ai été invalidée durant toute ma vie de transraciale et donc, j'ai arrêté de parler de mes souvenirs. Et pourtant, ça m'aurait fait du bien d'avoir des oreilles qui m'écoutent sans minimiser ou invalider mes émotions.
En réalisant que ma mère-A était incapable de comprendre ma peine, j’ai arrêté de me plaindre et j’ai arrêté de pleurer devant elle. Ça ne servait à rien de lui parler puisque personne ne voulait m’aider. Mes jours sont devenus plus supportables grâce à mon enseignante, une catholique fervente, qui parlait souvent d'amour et de partage; certains élèves qui avaient été parmi les plus méchants me défendaient contre les élèves des autres classes qui continuaient à se moquer de moi et j'ai même réussi à me faire "une meilleure amie"...
Quelques semaines plus tard, en me regardant dans le miroir, j'ai réalisé pour la première fois que j'étais différente des autres: j'avais les yeux d'une Chinoise et la peau jaune. Je me demandais pourquoi je n'avais jamais réalisé que j'étais aussi laide, je me demandais pourquoi en Corée, personne ne s'était jamais moquée de ma laideur et je me demandais aussi quel était l'équivalent du mot Chinoise en Coréen. J'étais la seule "Chinoise" de l'école, la seule "Chinoise" dans le voisinage et la seule à avoir les yeux "bridés" dans la famille car ma mère-A utilisait le terme "bridés" pour décrire mes yeux (de beaux yeux selon elle).
Assimilation d'une race.
Plus tard, en regardant les photos prises à l'orphelinat, j'ai été choquée de voir que mes amies avaient toutes la même apparence que moi avec des yeux de Chinoise, des cheveux noirs et un nez plat. Ce que je découvrais était au-dessus de ma compréhension: les filles dont j'avais envié leur beauté à cause de leurs grands yeux étaient en fait aussi laides que moi avec des yeux de Chinoise; celles que je trouvais mignonnes étaient des monstres comme moi; je ne comprenais pas comment j'avais pu percevoir les cheveux blonds d'une fillette alors qu'ils étaient légèrement plus pâles que ceux des autres. Même la religieuse et la gardienne étaient aussi laides que moi avec leurs yeux de Chinoises. Quelques semaines plus tôt, lorsque j'avais montré ces photos à une compagne de classe, elle m'avait dit: "Elles sont toute pareilles." Je n'avais pas compris son commentaire mais maintenant, je la comprenais: mes amies étaient toutes pareilles, je ne pouvais les distinguer et je ne pouvais me distinguer d'elles. En me regardant à travers les yeux des Québécois, je me trouvais laide, je détestais mon corps, je détestais ma peau jaune et je détestais mes cheveux noirs. J'avais honte de moi-même et honte des autres Chinoises. J'avais toujours aimé regarder les photos de l'orphelinat car elles étaient mes seuls souvenirs concrets de la Corée qui me manquait chaque jour mais à cause de ma honte d'être une Chinoise, j'ai arrêté de les regarder. Comme les mots "race" et "racisme" ne faisaient pas encore partie de mon vocabulaire, je ne savais pas que je haïssais ma propre race en me haïssant moi-même.
À 10-11 ans, je croyais que je devais obligatoirement me marier à l'âge de 25 ans et je me demandais si je devais me marier avec un Coréen ou un Canadien. Dans le premier cas, en imaginant mes futurs enfants avec des yeux de Chinois, j'avais honte d'eux, honte de leur père et honte de moi; dans le deuxième cas, en imaginant mes futurs enfants avec les yeux de leur père et blancs comme lui, j'avais peur qu'ils se moquent de moi, leur propre mère. Tous les scénarios de ma future vie m'angoissaient. Je me suis souvent imaginée en train de me couper le corps avec un couteau pour aller extirper tout ce qu'il y avait de Chinoise en moi.Je ne pouvais partager mes inquiétudes car en étant la seule étrangère indésirable, personne ne pouvait me comprendre.
La honte d'une race.
Les enfants des voisins ne se moquaient pas de moi mais dès que je sortais de la rue pour aller à des activités, j'étais au centre des moqueries. "Laide, face croche, nez écrasé, Chinoise, peau jaune" étaient les expressions qu'on utilisait pour s'adresser à moi ou pour parler de moi. J'ai vécu mes trois premières années de ma vie au Québec dans la honte, la honte d'être une Asiatique, la honte de mes yeux et de ma peau. À cause de la honte, j'ai arrêté de chanter alors que j'adorais chanter avant. Ce n'est que devant mes parents-A que je me permettais de chanter car ce n'est qu'en leur présence que je me sentais en sécurité.
Dans ma deuxième d'école au Québec (à ma 5ième année de primaire), mon cousin est devenu un nouvel élève de sixième année. Personne ne croyait qu'une Chinoise pouvait être la cousine d'une personne "normale" mais mon cousin n'avait pas honte de dire que j'étais sa petite cousine. Cette même année, une évolution s'est faite tranquillement. En associant la présence de mon cousin blanc à cette évolution, en remarquant que les enfants des voisins ne s'étaient jamais moquer de moi et que personne ne se moquait de moi en la présence de mes parents, j'ai déduit qu'en ayant une famille blanche, je perdrais mes yeux de Chinoise et que je deviendrais blanche comme toute ma famille-A. Par conséquent, pour être acceptée par la société blanche, je voulais me débarrasser de tout ce qui ressemblait à du Coréen en moi, ne rien savoir des Asiatiques, ne rien savoir de la Corée. J'ai constamment été tiraillée entre le désir de tout effacer de la Corée et celui de m'approcher des Coréens.
Il y a eu aussi un nouvel élève vietnamien. Je détestais quand les élèves me demandaient si c'était mon petit frère car je croyais qu'avoir un frère à l'air chinois me rendait encore plus chinoise. Je détestais encore plus quand mes amies m'emmenaient pour aller jouer avec "l'autre Chinois" car j'avais honte de me trouver à proximité d'un autre Chinois.
Quand mes parents m'ont emmenée à l'église coréenne de Montréal, je me suis sentie étrangère parmi les immigrés coréens. D'une part, je ne voyais que leurs yeux de Chinois. Mes parents-A semblaient normaux et les immigrés coréens me semblaient anormaux. À cause de ma culture blanche, j'avais l'impression d'être plus normale que les immigrés coréens; j'étais fière d'être du bon côté, le côté des blancs. D'autre part, les immigrés coréens ne me considéraient pas comme une Coréenne mais comme une "blanche"...
Ma vie de transraciale.
Dans ma deuxième école, une école catholique privée pour les filles seulement, plus personne ne se moquait de moi. J'étais aussi complètement assimilée puisqu'on m'avait violée de tout mon intérieur; ma culture et ma langue de naissance jusqu'à ma fierté d'être une Coréenne avaient disparu de mon intérieur. Dans mes deux premières années à ma nouvelle école, les religieuses accueillaient des réfugiés cambodgiens. Même si je n'étais plus moquée, j'avais honte de me trouver à leur proximité car j'avais honte de leur yeux. Je n'avais pas envie d'être en leur présence de peur de redevenir jaune.
En dehors de mon école où je me sentais en sécurité, je savais que le monde était dangereux pour moi à cause de ma peau jaune et mes yeux bridés car j'avais été menacée par des adolescents à deux reprises. La première fois, un adolescent m'avait appelée: "Hé! Chinoise!" en me laissant un ballon panier vers la direction de ma tête pendant que je roulais en vélo. Bien évidemment, les adultes qui se trouvaient avec l'ado n'avaient rien fait pour le corriger alors que j'avais été très proche de me faire blesser. La deuxième fois, un autre ado m'avait menacée de ma faire du mal. "Hey! La sale Chinoise! Regarde-moi, je vais te faire du mal!" et il s'était dirigé vers moi en tenant une grosse boîte qu'il menaçait de jeter sur moi. J'avais peur car l'ado était beaucoup plus grand que moi. Soudainement, j'ai senti ma peine et ma peur s'envoler et j'ai ressenti de la colère. L'ado a pris la fuite quand je me suis mise à courir vers lui en criant "Tu veux me faire du mal? Viens me faire du mal, essaie! Tue-moi!Viens me tuer!!! Peureux!" Pendant quelques secondes, ma colère a été tellement intense que j'ai eu l'intention de tuer ce garçon. Les quelques secondes de colère passés, j'ai réalisé que s'il allait chercher ses parents, je ne pourrais pas me défendre. Je sentais mon coeur battre rapidement, j'avais la nausée et j'avais peur. Je me demandais pourquoi j'étais condamnée à vivre avec un corps d'Asiatique dans un pays des blancs. J'ai haï mes parents-A de m'avoir fait venir dans leur société qui n'acceptait pas ma race, j'ai haï les Québécoise de "m'accueillir" dans leur socité, mais j'ai surtout haï les Coréens de m'avoir envoyée dans un pays étranger sans mon consentement. Je n'en ai jamais parlé avec mes parents-A car de toute façon, mes parents blancs m'avaient clairement démontré qu'ils étaient incapable de me comprendre une adoptée coréenne.
Par la suite, j'ai pris la ferme résolution de ne plus sortir et je n'ai plus jamais sorti toute seule. En restant toujours dans mon milieu sécuritaire de l'école ou de la maison, j'ai commencé à me considérer comme une blanche. La plupart du temps, j'oubliais que j'étais une Asiatique car je ne me regardais pas souvent dans un miroir.
J'ai même fini par oublier ma honte d'être une Asiatique pendant longtemps jusqu'à ce que mes parents-A rencontrent une Coréenne parmi leurs clients de leur magasin. D'abord, j'ai été heureuse de rencontrer une Coréenne puis, en me trouvant dans un milieu public avec la Coréenne et sa fille, j'ai soudainement réalisé que toutes les deux avaient les yeux de Chinoises tout comme les miens. J'avais peur que quelqu'un pense que nous étions soeurs car je croyais qu'avoir une parente Chinoise me rendrait doublement Chinoise. J'avais envie de dire à tous les Québécois, que cette femme et moi n'étions pas de la même famille, j'avais surtout envie de leur dire que mes parents étaient blancs comme eux et donc, moi aussi j'étais blanche.
Désir d'être blanche.
Je disais souvent à ma mère-A que je voulais avoir des yeux comme les siens (et comme ceux de tout ceux qui m'entouraient), je parlais d'avoir une chirurgie esthétique pour me débarasser de mes yeux de sale Chinoise. Au début, elle me répondait qu'elle ne comprenait pas mon désir car elle trouvait que j'avais de beaux yeux bridés, des yeux en amande qu'elle aimerait avoir. Je me sentais incomprise. Avec le temps, je parlais moins fréquemment de mon désir d'avoir des yeux ronds comme ceux de mes parents. Quand il m'arrivait d'en parler, ma mère-A répondait: "Mais, je ne te comprends pas. Je ne remarque même plus que tu as des yeux bridés. Je ne me rends même plus compte que tu es ma fille adoptive." Je ne la croyais pas, c'était impossible qu'elle ne remarque plus mes yeux car dès qu'elle voyait d'autres asiatiques, elle me le faisait remarquer. Ma mère-A ne me comprenait pas, elle ne comprenait pas ma honte, ni ma haine et elle ne me comprendrait jamais. Ne pas être comprise me faisait autant de mal que d'être une Asiatique.
Parler de racisme.Ce n'est que dans ma quatrième ou cinquième année au Québec que j'ai appris les mots "race" et "racisme". En parlant de racisme, ma mère-A disait: "Nous aurions pu adopter une Noire mais je ne voulais pas car une enfant noire aurait souffert plus de racisme et nous n'aurions pas supporter de voir souffrir notre enfant. Les gens sont plus racistes envers les noirs que les Asiatiques, c'est pour ça que nous avons préféré adopter une Coréenne." Mon père-A ajoutait: "Oui, ça c'est vrai. Ce que tu as vécu dans ta première année au Québec, c'est rien par rapport à ce qu'une enfant noire aurait vécu. Les gens sont racistes envers les noirs plus qu'envers les Asiatiques" Ces discussions me faisaient mal!!! Ils ne comprenaient pas mes peines, ils ne me comprenaient pas et ils minimisaient mes peines ou ils invalidaient tout ce que je pouvais dire avec mes mots d'enfants! Ils auraient mieux fait de se taire! Je ne pouvais même pas exprimer ma colère et leur dire que dans ma première année au Québec, les enfants noirs de l'école faisaient partie des moqueurs invétérés et que ces enfants noirs n'étaient pas aliénés comme moi.
J'ai survécu à ma honte d'être une Asiatique en évitant le plus possible de me regarder dans le miroir. Quand les autres adolescentes ont commencé à se maquiller, moi, je ne me maquillais pas car il aurait fallu que je regarde le miroir. Je réussissais à oublier que j'étais une jaune. Au Cégep, c'est la première fois que j'ai vu un groupe d'Asiatiques (des Vietnamiens) mais à cause de ma honte, je n'essayais pas de les aborder. De toute façon, l'un d'eux a clairement dit que je n'étais pas des leurs parce que je ne parlais par leur langue. J'avais toujours cette impression de n'appartenir à ni l'un, ni l'autre. Je ne "fittais" nulle part. De peur d'être rejetée, je n'allais jamais vers les autres mais j'attendais qu'ils viennent vers moi. Pour ne pas montrer que j'étais seule, je passais mon temps à lire à la bibliothèque.
Je n'étais pas préparée à être perçue comme une Asiatique, donc j'ai passé ma première année d'université dans la solitude, puis après avoir changé de programme, j'ai pu passer des moments "confortables" avec un groupe d'amis dont certains étaient des Asiatiques francophones. C'était la première fois que j'osais me tenir avec des Asiatiques.
Mais à cause de ma honte, je n'ai gardé aucun de ces amis. J'ai rencontré un super gentil immigré vietnamien mais j'avais tellement honde de lui, j'avais tellement l'impression d'être doublement Chinoise et d'être une immigrée alors que je ne l'étais pas, la relation n'a pas pu durer. Je pouvais avoir des amis blancs ou noirs mais surtout pas jaunes. Fuir les Asiatiques est devenue ma devise car les Asiatiques mes rappelaient constamment ma honte d'être une sale Chinoise.
Racisme intériorisé.
Pendant mon séjour en Corée (pour chercher ma famille-B), j'ai commencé à me sentir normal. Je me sentais normale! J'étais étonnée de voir beaux coréens et des belles coréennes mais je continuais à ne remarquer que les yeux de Chinois en regardant ces millions de Coréens et j'avais du mal à m'habituer aux yeux bridés de mes soeurs-B car au cours des années, j'avais fini par imaginer qu'elles étaient rendues blanches comme moi. Mais, je ne ressentais plus la honte d'être une Asiatique.
J'aurais voulu rester en Corée pour pouvoir vivre ma vie sans ressentir la honte d'être une Asiatique mais il y avait un problème tout à fait différent. J'étais différente de ma famille-B culturellement, différente de tous les Coréens. En étant entourée de Coréens, je me rendais compte que sans arrêt mon cerveau faisait des réflexions en français et j'avais mal à la tête de penser en français; j'avais même peur que des Coréens entendent mes pensées silencieuses. Je n'ai de place nulle part, je n'ai pas de pays. Les Québécois regardent mon extérieur coréen et les Coréens regardent ma culture québécoise.
J'ai préféré revenir au Québec. De toute façon, je me suis dit qu'en 2001, plus personne ne se moque de mes yeux. Mais c'était faux. En dedans d'une semaine, ma honte d'être une Asiatique est revenue et quelques semaines après mon retour, je me suis faite traitée de sale Chinoise par un vieux qui croyait que je voulais prendre sa place de stationnement et je me suis fait moquer par un enfant qui a tiré ses yeux exactement comme en 1976. Constamment, je me disais que je dois aller vivre là-bas et j'y suis retournée. Une fois là-bas, je n'ai pas arrêté de me dire que j'étais mieux au Québec et à cause de ma haine et ma colère envers les Coréens, je n'ai pas pu rester.
J'ai préféré quand même vivre au Québec où je peux avoir des amis blancs qui ne me font jamais remarquer que j'ai les yeux d'une Asiatique. C'est plus facile d'oublier mon corps d'Asiatique que d'oublier ma culture transraciale. À nouveau, j'arrivais à oublier ma face de Chinoise mais il y a deux ans, quand je me suis mariée (à un blanc), j'ai recommencé à remarquer ma sale face de Chinoise. C'est difficile d'oublier car pour moi, mon mari est blanc et moi, je suis jaune; lui est normal et moi, je suis anormale. D'avoir une comparaison constante entre le normal et l'anormal m'a fait revenir ma honte d'être une Asiatique. Je sais qu'il m'aime mais c'est plus fort que moi, parfois, je hais ma race, je voudrais me débarasser de mes yeux d'Asiatique et être blanche comme lui, exactement comme quand je vivais avec mes parents-A.
Je ne passe pas mon temps à parler de ma honte, je vis comme n'importe qui, je ris comme n'importe qui mais j'ai mal continuellement. Il m'arrive même de ressentir le mal pendant que je ris mais je ne le dis pas à personne, je vis comme ça depuis que j'ai été exportée mais personne ne le sait.
Y-a-t-il une solution?
En viellissant, je me rendais compte que ressentir la honte et haïr mes yeux n'est pas rationnelle. Il y a trois mois, pour la première fois de ma vie, j'ai parlé de ce que je ressens à un groupe fermé d'adoptés transraciaux "en colère" et pour la première fois, je me suis sentie écoutée car ils n'ont pas invalidé mon vécu, ils n'ont pas non plus minimisé mes souffrances. Au contraire, ils m'ont dit que ce que je vis s'appelle le racisme intériorisé (internalized racism). Ils m'ont parlé d'un livre écrit par Frantz Fanon, "Black mask, White skin". Je ne l'ai pas encore lui mais je sais qu'il décrit les effets psychologiques d'une exposition au racisme; ça raconte l'histoire d'un noir qui a été élevé dans un milieu de blancs et qui se perçoit comme un blanc. Une des KAD qui m'a parlé de ce livre a quitté son pays-A pour aller vivre en Corée. Mais le problème qu'elle vit là-bas est tout autre; elle est aliénée culturellement, je la comprends, je l'ai vécu pendant mes deux courts séjours en Corée. Pouvoir nommer un problème avec des mots me donnent un certain contrôle mais pas la solution. Si vous êtes un KAD ou un adopté transracial qui a déjà vécu cette situation et que vous avez réussir à vous en sortir, dites-le moi; donnez-moi, donnez-nous la solution pour combattre les effets du racisme, pour combattre le racisme intériorisé; dites-moi comment aimer mon corps coréen.
Ma colère.
Ce que j'ai trouvé le plus difficile après le décès de ma mère a été de devenir une immigrée alors que j'avais toujours eu des privilèges d'une non immigrée blanche. Mes parents-A ne m'ont jamais préparée à être perçue comme une immigrée et ils m'ont élevée comme une blanche. Quand mes parents-A critiquaient des immigrés, ils ne parlaient pas de moi. Je déteste me faire traiter d'immigrée, je déteste être perçue comme une immigrée car je ne suis pas une immigrée, ni une enfant d'immigrés. Je suis un produit importé, j'ai été achetée par les Québécois. Je suis un produit exporté, j'ai été vendue par les Coréens.
Je suis en colère après les Coréens de m'avoir exportée et rejetée, je leur en veux de m'avoir envoyée sans changer mon corps d'Asiatique. Je suis en colère après les Québécois de m'avoir importée, de m'avoir assimilée, de m'avoir violée de toute ma culture coréenne et de m'avoir rendu blanche, je leur en veux d'avoir changé ma culture sans changer mon corps.
J'en veux aussi aux infertiles égoïstes qui ne pensent qu'à leur besoin de fonder une famille, j'en veux à la société québécoise qui se bat pour ne pas perdre leur culture et la langue française sans avoir de remords à assimiler la culture de leurs enfants achetés.L'adoption transraciale, c'est le non respect de l'être humain de préserver sa culture. Hypocrisie!
J'en veux aux agences d'adoption internationale, particulièrement à Holt Children's Service.
Ne m'invalidez pas mon vécu en disant que je suis belle ou qu'il faut apprendre à m'accepter. Si vous avez l'intention de me dire ça, c'est que vous ne me comprenez pas du tout comme mes parents-A ne m'ont jamais comprise. Comment des parents blancs peuvent-ils comprendre leur enfant de couleur?
Mon premier jour d’école (au Québec), j’étais au centre d'un cercle formé par les enfants qui tiraient leurs yeux en criant : « Chinoise! Chinoise! » Sur un ton chargé de haine et de mépris, ils me criaient « Chinoise! Chinoise! », d'autre fois, sur un ton simplement moqueur, ils disaient « Regardez! Elle a la peau jaune, la peau d’une Chinoise! » N’ayant pas encore réalisé que j’étais « différente » des autres, je croyais que j’étais moquée pour ce que j’étais et non pour ma race. Les moqueries incessantes à l’égard de mes yeux et de ma peau jaune se passaient devant des professeurs qui n'intervenaient pas.
Dans toute l’école, seuls les quatre enfants qui voyageaient avec moi ne se moquaient pas de moi. Deux de ces enfants m’aidaient en passant leurs récréations avec moi ou en me disant d’ignorer les moqueries mais c’était impossible de les ignorer. À la fin des récréations, l’une de mes protectrices m’emmenait vers mon groupe. Après le départ de ma protectrice, les élèves me poussaient vers le dernier rang en me disant l’un après l’autre : « Non, je ne veux pas être à côté d’une Chinoise » Ce qui me résonne encore dans ma tête, c'est la voix d'une élève qui a crié: "Non! Non! Berk! Je veux pas être à côté d'une Chinoise! Une Chinoise, c'est sale!" Comme le mot Chinoise ne faisait pas partie de mon vocabulaire, je croyais que ce mot servait à désigner une personne laide, sale et répugnante.
Les rares personnes qui m'ont entendue évoquer ces souvenirs m'ont répondu: "Les enfants sont tous méchants entre eux; ils sont comme ça les enfants." D'autres ont comparé mes expériences à celles d'un enfant qui se fait moquer pour ses boutons d'acné ou son obésité. Personne n'a osé admettre que j'ai souffert du racisme. Je me suis sentie invalidée devant ces commentaires tout comme j'ai été invalidée durant toute ma vie de transraciale et donc, j'ai arrêté de parler de mes souvenirs. Et pourtant, ça m'aurait fait du bien d'avoir des oreilles qui m'écoutent sans minimiser ou invalider mes émotions.
En réalisant que ma mère-A était incapable de comprendre ma peine, j’ai arrêté de me plaindre et j’ai arrêté de pleurer devant elle. Ça ne servait à rien de lui parler puisque personne ne voulait m’aider. Mes jours sont devenus plus supportables grâce à mon enseignante, une catholique fervente, qui parlait souvent d'amour et de partage; certains élèves qui avaient été parmi les plus méchants me défendaient contre les élèves des autres classes qui continuaient à se moquer de moi et j'ai même réussi à me faire "une meilleure amie"...
Quelques semaines plus tard, en me regardant dans le miroir, j'ai réalisé pour la première fois que j'étais différente des autres: j'avais les yeux d'une Chinoise et la peau jaune. Je me demandais pourquoi je n'avais jamais réalisé que j'étais aussi laide, je me demandais pourquoi en Corée, personne ne s'était jamais moquée de ma laideur et je me demandais aussi quel était l'équivalent du mot Chinoise en Coréen. J'étais la seule "Chinoise" de l'école, la seule "Chinoise" dans le voisinage et la seule à avoir les yeux "bridés" dans la famille car ma mère-A utilisait le terme "bridés" pour décrire mes yeux (de beaux yeux selon elle).
Assimilation d'une race.
Plus tard, en regardant les photos prises à l'orphelinat, j'ai été choquée de voir que mes amies avaient toutes la même apparence que moi avec des yeux de Chinoise, des cheveux noirs et un nez plat. Ce que je découvrais était au-dessus de ma compréhension: les filles dont j'avais envié leur beauté à cause de leurs grands yeux étaient en fait aussi laides que moi avec des yeux de Chinoise; celles que je trouvais mignonnes étaient des monstres comme moi; je ne comprenais pas comment j'avais pu percevoir les cheveux blonds d'une fillette alors qu'ils étaient légèrement plus pâles que ceux des autres. Même la religieuse et la gardienne étaient aussi laides que moi avec leurs yeux de Chinoises. Quelques semaines plus tôt, lorsque j'avais montré ces photos à une compagne de classe, elle m'avait dit: "Elles sont toute pareilles." Je n'avais pas compris son commentaire mais maintenant, je la comprenais: mes amies étaient toutes pareilles, je ne pouvais les distinguer et je ne pouvais me distinguer d'elles. En me regardant à travers les yeux des Québécois, je me trouvais laide, je détestais mon corps, je détestais ma peau jaune et je détestais mes cheveux noirs. J'avais honte de moi-même et honte des autres Chinoises. J'avais toujours aimé regarder les photos de l'orphelinat car elles étaient mes seuls souvenirs concrets de la Corée qui me manquait chaque jour mais à cause de ma honte d'être une Chinoise, j'ai arrêté de les regarder. Comme les mots "race" et "racisme" ne faisaient pas encore partie de mon vocabulaire, je ne savais pas que je haïssais ma propre race en me haïssant moi-même.
À 10-11 ans, je croyais que je devais obligatoirement me marier à l'âge de 25 ans et je me demandais si je devais me marier avec un Coréen ou un Canadien. Dans le premier cas, en imaginant mes futurs enfants avec des yeux de Chinois, j'avais honte d'eux, honte de leur père et honte de moi; dans le deuxième cas, en imaginant mes futurs enfants avec les yeux de leur père et blancs comme lui, j'avais peur qu'ils se moquent de moi, leur propre mère. Tous les scénarios de ma future vie m'angoissaient. Je me suis souvent imaginée en train de me couper le corps avec un couteau pour aller extirper tout ce qu'il y avait de Chinoise en moi.Je ne pouvais partager mes inquiétudes car en étant la seule étrangère indésirable, personne ne pouvait me comprendre.
La honte d'une race.
Les enfants des voisins ne se moquaient pas de moi mais dès que je sortais de la rue pour aller à des activités, j'étais au centre des moqueries. "Laide, face croche, nez écrasé, Chinoise, peau jaune" étaient les expressions qu'on utilisait pour s'adresser à moi ou pour parler de moi. J'ai vécu mes trois premières années de ma vie au Québec dans la honte, la honte d'être une Asiatique, la honte de mes yeux et de ma peau. À cause de la honte, j'ai arrêté de chanter alors que j'adorais chanter avant. Ce n'est que devant mes parents-A que je me permettais de chanter car ce n'est qu'en leur présence que je me sentais en sécurité.
Dans ma deuxième d'école au Québec (à ma 5ième année de primaire), mon cousin est devenu un nouvel élève de sixième année. Personne ne croyait qu'une Chinoise pouvait être la cousine d'une personne "normale" mais mon cousin n'avait pas honte de dire que j'étais sa petite cousine. Cette même année, une évolution s'est faite tranquillement. En associant la présence de mon cousin blanc à cette évolution, en remarquant que les enfants des voisins ne s'étaient jamais moquer de moi et que personne ne se moquait de moi en la présence de mes parents, j'ai déduit qu'en ayant une famille blanche, je perdrais mes yeux de Chinoise et que je deviendrais blanche comme toute ma famille-A. Par conséquent, pour être acceptée par la société blanche, je voulais me débarrasser de tout ce qui ressemblait à du Coréen en moi, ne rien savoir des Asiatiques, ne rien savoir de la Corée. J'ai constamment été tiraillée entre le désir de tout effacer de la Corée et celui de m'approcher des Coréens.
Il y a eu aussi un nouvel élève vietnamien. Je détestais quand les élèves me demandaient si c'était mon petit frère car je croyais qu'avoir un frère à l'air chinois me rendait encore plus chinoise. Je détestais encore plus quand mes amies m'emmenaient pour aller jouer avec "l'autre Chinois" car j'avais honte de me trouver à proximité d'un autre Chinois.
Quand mes parents m'ont emmenée à l'église coréenne de Montréal, je me suis sentie étrangère parmi les immigrés coréens. D'une part, je ne voyais que leurs yeux de Chinois. Mes parents-A semblaient normaux et les immigrés coréens me semblaient anormaux. À cause de ma culture blanche, j'avais l'impression d'être plus normale que les immigrés coréens; j'étais fière d'être du bon côté, le côté des blancs. D'autre part, les immigrés coréens ne me considéraient pas comme une Coréenne mais comme une "blanche"...
Ma vie de transraciale.
Dans ma deuxième école, une école catholique privée pour les filles seulement, plus personne ne se moquait de moi. J'étais aussi complètement assimilée puisqu'on m'avait violée de tout mon intérieur; ma culture et ma langue de naissance jusqu'à ma fierté d'être une Coréenne avaient disparu de mon intérieur. Dans mes deux premières années à ma nouvelle école, les religieuses accueillaient des réfugiés cambodgiens. Même si je n'étais plus moquée, j'avais honte de me trouver à leur proximité car j'avais honte de leur yeux. Je n'avais pas envie d'être en leur présence de peur de redevenir jaune.
En dehors de mon école où je me sentais en sécurité, je savais que le monde était dangereux pour moi à cause de ma peau jaune et mes yeux bridés car j'avais été menacée par des adolescents à deux reprises. La première fois, un adolescent m'avait appelée: "Hé! Chinoise!" en me laissant un ballon panier vers la direction de ma tête pendant que je roulais en vélo. Bien évidemment, les adultes qui se trouvaient avec l'ado n'avaient rien fait pour le corriger alors que j'avais été très proche de me faire blesser. La deuxième fois, un autre ado m'avait menacée de ma faire du mal. "Hey! La sale Chinoise! Regarde-moi, je vais te faire du mal!" et il s'était dirigé vers moi en tenant une grosse boîte qu'il menaçait de jeter sur moi. J'avais peur car l'ado était beaucoup plus grand que moi. Soudainement, j'ai senti ma peine et ma peur s'envoler et j'ai ressenti de la colère. L'ado a pris la fuite quand je me suis mise à courir vers lui en criant "Tu veux me faire du mal? Viens me faire du mal, essaie! Tue-moi!Viens me tuer!!! Peureux!" Pendant quelques secondes, ma colère a été tellement intense que j'ai eu l'intention de tuer ce garçon. Les quelques secondes de colère passés, j'ai réalisé que s'il allait chercher ses parents, je ne pourrais pas me défendre. Je sentais mon coeur battre rapidement, j'avais la nausée et j'avais peur. Je me demandais pourquoi j'étais condamnée à vivre avec un corps d'Asiatique dans un pays des blancs. J'ai haï mes parents-A de m'avoir fait venir dans leur société qui n'acceptait pas ma race, j'ai haï les Québécoise de "m'accueillir" dans leur socité, mais j'ai surtout haï les Coréens de m'avoir envoyée dans un pays étranger sans mon consentement. Je n'en ai jamais parlé avec mes parents-A car de toute façon, mes parents blancs m'avaient clairement démontré qu'ils étaient incapable de me comprendre une adoptée coréenne.
Par la suite, j'ai pris la ferme résolution de ne plus sortir et je n'ai plus jamais sorti toute seule. En restant toujours dans mon milieu sécuritaire de l'école ou de la maison, j'ai commencé à me considérer comme une blanche. La plupart du temps, j'oubliais que j'étais une Asiatique car je ne me regardais pas souvent dans un miroir.
J'ai même fini par oublier ma honte d'être une Asiatique pendant longtemps jusqu'à ce que mes parents-A rencontrent une Coréenne parmi leurs clients de leur magasin. D'abord, j'ai été heureuse de rencontrer une Coréenne puis, en me trouvant dans un milieu public avec la Coréenne et sa fille, j'ai soudainement réalisé que toutes les deux avaient les yeux de Chinoises tout comme les miens. J'avais peur que quelqu'un pense que nous étions soeurs car je croyais qu'avoir une parente Chinoise me rendrait doublement Chinoise. J'avais envie de dire à tous les Québécois, que cette femme et moi n'étions pas de la même famille, j'avais surtout envie de leur dire que mes parents étaient blancs comme eux et donc, moi aussi j'étais blanche.
Désir d'être blanche.
Je disais souvent à ma mère-A que je voulais avoir des yeux comme les siens (et comme ceux de tout ceux qui m'entouraient), je parlais d'avoir une chirurgie esthétique pour me débarasser de mes yeux de sale Chinoise. Au début, elle me répondait qu'elle ne comprenait pas mon désir car elle trouvait que j'avais de beaux yeux bridés, des yeux en amande qu'elle aimerait avoir. Je me sentais incomprise. Avec le temps, je parlais moins fréquemment de mon désir d'avoir des yeux ronds comme ceux de mes parents. Quand il m'arrivait d'en parler, ma mère-A répondait: "Mais, je ne te comprends pas. Je ne remarque même plus que tu as des yeux bridés. Je ne me rends même plus compte que tu es ma fille adoptive." Je ne la croyais pas, c'était impossible qu'elle ne remarque plus mes yeux car dès qu'elle voyait d'autres asiatiques, elle me le faisait remarquer. Ma mère-A ne me comprenait pas, elle ne comprenait pas ma honte, ni ma haine et elle ne me comprendrait jamais. Ne pas être comprise me faisait autant de mal que d'être une Asiatique.
Parler de racisme.Ce n'est que dans ma quatrième ou cinquième année au Québec que j'ai appris les mots "race" et "racisme". En parlant de racisme, ma mère-A disait: "Nous aurions pu adopter une Noire mais je ne voulais pas car une enfant noire aurait souffert plus de racisme et nous n'aurions pas supporter de voir souffrir notre enfant. Les gens sont plus racistes envers les noirs que les Asiatiques, c'est pour ça que nous avons préféré adopter une Coréenne." Mon père-A ajoutait: "Oui, ça c'est vrai. Ce que tu as vécu dans ta première année au Québec, c'est rien par rapport à ce qu'une enfant noire aurait vécu. Les gens sont racistes envers les noirs plus qu'envers les Asiatiques" Ces discussions me faisaient mal!!! Ils ne comprenaient pas mes peines, ils ne me comprenaient pas et ils minimisaient mes peines ou ils invalidaient tout ce que je pouvais dire avec mes mots d'enfants! Ils auraient mieux fait de se taire! Je ne pouvais même pas exprimer ma colère et leur dire que dans ma première année au Québec, les enfants noirs de l'école faisaient partie des moqueurs invétérés et que ces enfants noirs n'étaient pas aliénés comme moi.
J'ai survécu à ma honte d'être une Asiatique en évitant le plus possible de me regarder dans le miroir. Quand les autres adolescentes ont commencé à se maquiller, moi, je ne me maquillais pas car il aurait fallu que je regarde le miroir. Je réussissais à oublier que j'étais une jaune. Au Cégep, c'est la première fois que j'ai vu un groupe d'Asiatiques (des Vietnamiens) mais à cause de ma honte, je n'essayais pas de les aborder. De toute façon, l'un d'eux a clairement dit que je n'étais pas des leurs parce que je ne parlais par leur langue. J'avais toujours cette impression de n'appartenir à ni l'un, ni l'autre. Je ne "fittais" nulle part. De peur d'être rejetée, je n'allais jamais vers les autres mais j'attendais qu'ils viennent vers moi. Pour ne pas montrer que j'étais seule, je passais mon temps à lire à la bibliothèque.
Je n'étais pas préparée à être perçue comme une Asiatique, donc j'ai passé ma première année d'université dans la solitude, puis après avoir changé de programme, j'ai pu passer des moments "confortables" avec un groupe d'amis dont certains étaient des Asiatiques francophones. C'était la première fois que j'osais me tenir avec des Asiatiques.
Mais à cause de ma honte, je n'ai gardé aucun de ces amis. J'ai rencontré un super gentil immigré vietnamien mais j'avais tellement honde de lui, j'avais tellement l'impression d'être doublement Chinoise et d'être une immigrée alors que je ne l'étais pas, la relation n'a pas pu durer. Je pouvais avoir des amis blancs ou noirs mais surtout pas jaunes. Fuir les Asiatiques est devenue ma devise car les Asiatiques mes rappelaient constamment ma honte d'être une sale Chinoise.
Racisme intériorisé.
Pendant mon séjour en Corée (pour chercher ma famille-B), j'ai commencé à me sentir normal. Je me sentais normale! J'étais étonnée de voir beaux coréens et des belles coréennes mais je continuais à ne remarquer que les yeux de Chinois en regardant ces millions de Coréens et j'avais du mal à m'habituer aux yeux bridés de mes soeurs-B car au cours des années, j'avais fini par imaginer qu'elles étaient rendues blanches comme moi. Mais, je ne ressentais plus la honte d'être une Asiatique.
J'aurais voulu rester en Corée pour pouvoir vivre ma vie sans ressentir la honte d'être une Asiatique mais il y avait un problème tout à fait différent. J'étais différente de ma famille-B culturellement, différente de tous les Coréens. En étant entourée de Coréens, je me rendais compte que sans arrêt mon cerveau faisait des réflexions en français et j'avais mal à la tête de penser en français; j'avais même peur que des Coréens entendent mes pensées silencieuses. Je n'ai de place nulle part, je n'ai pas de pays. Les Québécois regardent mon extérieur coréen et les Coréens regardent ma culture québécoise.
J'ai préféré revenir au Québec. De toute façon, je me suis dit qu'en 2001, plus personne ne se moque de mes yeux. Mais c'était faux. En dedans d'une semaine, ma honte d'être une Asiatique est revenue et quelques semaines après mon retour, je me suis faite traitée de sale Chinoise par un vieux qui croyait que je voulais prendre sa place de stationnement et je me suis fait moquer par un enfant qui a tiré ses yeux exactement comme en 1976. Constamment, je me disais que je dois aller vivre là-bas et j'y suis retournée. Une fois là-bas, je n'ai pas arrêté de me dire que j'étais mieux au Québec et à cause de ma haine et ma colère envers les Coréens, je n'ai pas pu rester.
J'ai préféré quand même vivre au Québec où je peux avoir des amis blancs qui ne me font jamais remarquer que j'ai les yeux d'une Asiatique. C'est plus facile d'oublier mon corps d'Asiatique que d'oublier ma culture transraciale. À nouveau, j'arrivais à oublier ma face de Chinoise mais il y a deux ans, quand je me suis mariée (à un blanc), j'ai recommencé à remarquer ma sale face de Chinoise. C'est difficile d'oublier car pour moi, mon mari est blanc et moi, je suis jaune; lui est normal et moi, je suis anormale. D'avoir une comparaison constante entre le normal et l'anormal m'a fait revenir ma honte d'être une Asiatique. Je sais qu'il m'aime mais c'est plus fort que moi, parfois, je hais ma race, je voudrais me débarasser de mes yeux d'Asiatique et être blanche comme lui, exactement comme quand je vivais avec mes parents-A.
Je ne passe pas mon temps à parler de ma honte, je vis comme n'importe qui, je ris comme n'importe qui mais j'ai mal continuellement. Il m'arrive même de ressentir le mal pendant que je ris mais je ne le dis pas à personne, je vis comme ça depuis que j'ai été exportée mais personne ne le sait.
Y-a-t-il une solution?
En viellissant, je me rendais compte que ressentir la honte et haïr mes yeux n'est pas rationnelle. Il y a trois mois, pour la première fois de ma vie, j'ai parlé de ce que je ressens à un groupe fermé d'adoptés transraciaux "en colère" et pour la première fois, je me suis sentie écoutée car ils n'ont pas invalidé mon vécu, ils n'ont pas non plus minimisé mes souffrances. Au contraire, ils m'ont dit que ce que je vis s'appelle le racisme intériorisé (internalized racism). Ils m'ont parlé d'un livre écrit par Frantz Fanon, "Black mask, White skin". Je ne l'ai pas encore lui mais je sais qu'il décrit les effets psychologiques d'une exposition au racisme; ça raconte l'histoire d'un noir qui a été élevé dans un milieu de blancs et qui se perçoit comme un blanc. Une des KAD qui m'a parlé de ce livre a quitté son pays-A pour aller vivre en Corée. Mais le problème qu'elle vit là-bas est tout autre; elle est aliénée culturellement, je la comprends, je l'ai vécu pendant mes deux courts séjours en Corée. Pouvoir nommer un problème avec des mots me donnent un certain contrôle mais pas la solution. Si vous êtes un KAD ou un adopté transracial qui a déjà vécu cette situation et que vous avez réussir à vous en sortir, dites-le moi; donnez-moi, donnez-nous la solution pour combattre les effets du racisme, pour combattre le racisme intériorisé; dites-moi comment aimer mon corps coréen.
Ma colère.
Ce que j'ai trouvé le plus difficile après le décès de ma mère a été de devenir une immigrée alors que j'avais toujours eu des privilèges d'une non immigrée blanche. Mes parents-A ne m'ont jamais préparée à être perçue comme une immigrée et ils m'ont élevée comme une blanche. Quand mes parents-A critiquaient des immigrés, ils ne parlaient pas de moi. Je déteste me faire traiter d'immigrée, je déteste être perçue comme une immigrée car je ne suis pas une immigrée, ni une enfant d'immigrés. Je suis un produit importé, j'ai été achetée par les Québécois. Je suis un produit exporté, j'ai été vendue par les Coréens.
Je suis en colère après les Coréens de m'avoir exportée et rejetée, je leur en veux de m'avoir envoyée sans changer mon corps d'Asiatique. Je suis en colère après les Québécois de m'avoir importée, de m'avoir assimilée, de m'avoir violée de toute ma culture coréenne et de m'avoir rendu blanche, je leur en veux d'avoir changé ma culture sans changer mon corps.
J'en veux aussi aux infertiles égoïstes qui ne pensent qu'à leur besoin de fonder une famille, j'en veux à la société québécoise qui se bat pour ne pas perdre leur culture et la langue française sans avoir de remords à assimiler la culture de leurs enfants achetés.L'adoption transraciale, c'est le non respect de l'être humain de préserver sa culture. Hypocrisie!
J'en veux aux agences d'adoption internationale, particulièrement à Holt Children's Service.
Ne m'invalidez pas mon vécu en disant que je suis belle ou qu'il faut apprendre à m'accepter. Si vous avez l'intention de me dire ça, c'est que vous ne me comprenez pas du tout comme mes parents-A ne m'ont jamais comprise. Comment des parents blancs peuvent-ils comprendre leur enfant de couleur?
8 commentaires:
« J'en veux aussi aux infertiles égoïstes qui ne pensent qu'à leur besoin de fonder une famille... »
Là je sais que tu ne laissera pas ce commentaire d'égoiste infertil que je suis sur ton blog, mais je tiens a te dire que tu y va fort un peu. A te lire on devrait envoyer au bucher tout les infertil car il ne sont que de méchant égoiste. Pourtant tes parents adoptif n'étaient pas infertil alors comment peux-tu juger des gens que tu n'as jamais tenter de comprendre le désaroi.
Fonder une famille c'est lié à l'instint de survie, malheureusement c'est aussi crucial que manger, boire et dormir car c'est le cerveau limbique qui controle l'instint de survie. On aimerait bien rationaliser et controler notre besoin de fonder une famille, on aimerait bien mettre la switch a off et vivre heureux sans enfant et sans avenir, on aimerait bien cesser de voir notre corp comme un désert aride ou aucune ame n'a envie de s'installer (on cherche encore ce qu'on a fait de si terrible pour que «dieu» nous en veule à ce point), on aimerait que l'état cesse de considérer notre besoin comme un simple soin esthétique, on aimerait être capable d'assister au shower de bébé de nos amies sans braillier pendant des jours, on aimerait ne pas être obliger de tout hypothéquer pour réaliser notre rêve, on aimerait bien garder le gout de vivre malgré notre invalidité, on aimerait ne plus être isolé, on aimerait ne plus se sentir anormal, on aimerait bien être écouté sans être juger... Tout comme toi.
Et je ne crois pas que c'est très morale de globalisé en affirmant que tout les infertil sont des egoistes. C'est aussi ridicule que d'affirmer que tout les Coréen sont des fou terroriste radicaux qui souhaitent faire sauter la planète comme Kim Jong-il.
Si tu te trouve laide à cause de tes yeux de «chinoise», comment crois-tu que je me percois avec mon utérus «mort» ? Crois-tu que je me sens «normal» face à mon incapacité de faire ce que même une plante fait sans problème, c-a-d se reproduire ?
Mais tu as surement raison, tu dis tout haut ce que beaucoup pense tout bas, je devrais illico aller me taillier les veines et débarrasser cette planète de mon égoiste personne invalide et anormale...
Et continuons de faire ce que ce merveilleux système d'adoption tente de faire, c-a-d augmenter le fosé des solitudes, de mépris et de l'incompréhension. Ainsi ils peuvent continuer à mentir vu que nous seront trop occuper a nous invectivé l'un l'autre (!!! doh !!!).
p.s. perso je crois qu'il serait préférable d'essayer de se comprendre et de s'épauler pour combattre les organismes et pays fauduleux plutôt que d'embarquer dans leur jeu de l'isolement...
tornade009@hotmail.com
Pardon, tout cela, je l'ai écrit dans la souffrance. Tout ce que j'écris, je le pense en partie, mais ça ne veut pas dire que je généralise les gens. Vous n'avez pas à porter le chapeau, si ça ne vous convient pas.
Moi-même, je suis infertile et je connais les difficultés des traitements FIV. Je ne suis pas plus riche que la moyenne des gens, et donc, les traitements contre l'infertilité m'ont laissé dans une immense dette. Et donc, je comprends que vouloir fonder une famille, c'est lié à un instant de survie. En tant qu'adoptée, fonder une famille pour moi, est non seulement lié à l'instinct de survie, mais au besoin aussi de créer d'avoir un lien biologique que j'ai perdu à cause de l'adoption internationale.
Bonjour Kim,
je suis contente que vous m'ayez publié et répondu, sans me réjouir qu'on vive le même problème d'infertilité, je crois que ça nous permet de créer des ponts entre infertils, adopté, parent bio et adoptif. C'est ainsi que l'on pourra lever le voile sur les pratique frauduleuses des gouverne-ment et des organismes. (idem pour les FIV car là aussi on marchande un foetus éprouvette au prix fort). Nous sommes tous victimes de leur bureaucratie et de la commercialisation de l'enfance. Pour certain comme vous les blessures sont plus profonde, mais personne ne sort indemne de son séjour dans le petit monde de l'adoption (ou de l'infertilité).
Moi aussi je rage de voir le SAI et toute ces lois liées «au bien ultime de l'enfant» qui franchement ne sont que poudre au yeux. Pour moi, que la Chine ai signer la convention des droits de l'enfant sans pour autnat avoir signer la convention des droits de l'homme, il me semble qu'il y a un énorme non-sens dans tout ça. J'ai toujours refusé de m'inscrire à l'adoption international car je reste convaincu que pour aider un enfant il faut d'abord aider sa famille. Même au niveau de l'adoption national, j'ai beaucoup de misère avec le principe de changer le nom de famille l'enfant, je n'ai aucunement envis d'effacer son passé, ces racines, car je crois que tout le monde a besoin de racine pour s'épanouir.
Et on devrait le savoir en tant que Québécois, il y a 50 ans quand on a obliger les améridien a suivre une formation académique, le but était noble à la base (instruire les enfants) mais le résultat à été catastrophique. Ils sont comme un arbre a qui ont aurait couper le 3/4 des racines, ils tiennent debout de peine et de misère.
Comme dit le dicton, l'enfer est pavée de bonne intentions...
Alors pourquoi on refait la même gaffe avec les enfants adopté de pays étranger ? Soit que ceux qui gouverne sont simplement trop stupide pour tirer des lecon de l'histoire. Soit que nous tous nous sommes trop confiant et laissons les «spécialiste» nous dicter nos actions et notre moralité comme les curés d'autrefois.
Il faut ouvrir le dialogue, se comprendre, il faut s'unir contre ces pratique frauduleuse. Et surtout il faut que la DPJ et le SAI s'entende pour instaurer des pratiques d'adoption national et internationale. Ce qui vaut pour un enfant d'ici devrait valoir pour un enfant d'ailleur. C-a-d que si un enfant d'ici ne peut être adopté sans au préalable avoir donner 2-3 ans de délai au parent bio pour corrigé la situation, pourquoi n'est-ce pas ainsi pour les enfants de l'international ? Pourquoi ne pouvons-nous pas être une famille d'acceuil pour tout les enfants du monde et ce bien avant de procéder à l'adoption. Pourquoi faut il couper les liens avec la famille bio, pourquoi ne pas voir l'adoption comme une famille élargie, reconstitué ou chacun à sa place et à droit de parole.... Si en cas de divorce on a le droit de diviser les droits parentaux entre deux personne qui ne vivent pas sous le même toit, pourquoi est-ce impossible en matière d'adoption ?
Ceci dit, je pense avoir une bonne idée... Je vais ouvrir un forum de discution sur mon site, j'aimerais que chacun puisse y débattre son point de vue dans l'optique de trouver des solutions. Je vais revenir pour vous donner le lien dès qu'il est en ligne. :)
Et je vous souhaite sincèrement de trouver une solution pour penser vos blessures. Et qui sait, peut-être feriez-vous une maman adoptive extra-ordinaire car en tant qu'adopté, vous êtes mieux placé que quiconque pour comprendre les besoins de ces enfants qui sont pris en otage par nos bureaucrates... Comme on dit, «if you can't beat them, joint them». ;)
Par ce que vous avez écrit, je me sens tout à fait comprise et validée par rapport à la douleur que je vis chaque jour pour la perte de ma culture (de naissance), une culture qui a été mienne pendant mes 9 premières années de ma vie.
Vous partagez les mêmes idées que les adoptés adultes avec qui je dialogue. Et comme vous émettez votre opinion à propos de changer le nom d'un enfant, j'aurais pensé que vous êtes l'un des adoptés (de l'adoption nationale) de mon forum si je n'avais pas lu le début. ;-) Vous seriez sûrement une maman adoptive merveilleuse(et je suis certaine que les autres adoptés seraient d'accord avec moi, même ceux qui se disent "anti-adoption"). Je souhaite que votre désire soit comblé.
Bonjour Kim,
merci beaucoup de tes encouragements. Et je t'en souhaite tout autant ;).
J'espère que la DPJ eux aussi seront de ton avis. Il y a des jours ou je ne sais vraiment plus ce qui est bien... D'un coté je sais qu'il y a plein d'enfants que les parents peinent à s'occuper, et qu'ils ont tous besoins d'aident. Et de l'autre je n'arrive pas à me faire à l'idée que la meilleure «aide» serait d'arracher un enfant des bras de sa mère. Mais moi j'ai besoin de fonder une famille, alors je vie un réel dileme éthique... Je ne sais pas si la DPJ voudra que je garde contact avec la famille bio de l'enfant, pour moi c'est indispensable même si les parents sont coupable des pires sévices. Il n'y a jamais rien de tout noir ni de tout blanc...
Ceci dit, ça fait 2 jours que ton histoire me turlupine. Ça pas de bons sens que les adoptions faites sur la bases de mensonges reste impuni. Ça m'enrage t'as même pas idée à quel point. Ca fait 5 ans que je pète ma coche sur le fait que les menteurs sont favorisé dans le petit monde élitique de l'adoption. Ce au détriment des gens honnêtes. Moi-même plusieurs m'ont conseillier de mentir sur les points ou je crains d'être disqualifié, et moi je m'y refuse car je me dis que ce n'est pas un char que je magasine, ni une job. Je ne peux pas me résoudre à mentir pour obtenir la garde d'un enfant, car tout mensonge fini tot ou tard par se savoir. Et souvent c'est l'enfant qui découvre le poteau rose, et ca détruit tout le lien d'attachement qu'on a mis des années à créer. Tout le monde y perds en bout de ligne.
Hey non je ne suis pas une adopté nationale, j'ai eu et j'ai encore la chance de cotoyer mes parents, même si aujourd'hui ils sont divorcés. Je suis peut-être plus sensible à ce déracinement car j'ai quelques oncles et tantes qui ont du séjourner en famille d'acceuil suite au décès de ma grand-mère (ce malgré que ma mère, l'ainée de la famille, voulait s'occuper des ces petits frères et soeurs, et la DPJ a refusé car elle habitait trop loin de Montréal !!!). En plus, un des mes ami son père est un orphelin de Duplessis, et j'ai réalisé que lorsqu'il y a de gros boulersement sociaux, c'est souvent les enfants qui en paie le prix...
Mais si les orphelin de Duplessis ont obtenu dédommagement pour les abus qu'ils ont subit, les adopté du mensonge comme toi aussi devraient être dédommager pour l'adoption frauduleuse qu'ils ont subit. Ça ne doit pas resté impuni... Pourquoi ne pas ouvrir une enquête à la GRC ??? Sans faire annuler l'adoption, car il est un peu trop tard pour ca, vous pourriez au moins obtenir un dédommagement financier.
p.s. j'ai commencer le forum, il reste encore quelques détails à arranger, mais ça donne une idée de ce que je souhait comme lieu d'échange : www.lagraphiste.com/for/
un dédommagement financier, ça impossible et impensable. Il y a des milliers de cas plus graves que le mien.
Dans le cas des adoptions coréennes, TRACK http://justicespeaking.wordpress.com/
fait les enquêtes.
Bonjour Kim,
Je suis coréenne d'origine, québécoise de coeur, et tes propos me touchent beaucoup.
Je n'ai pu m'empêcher de verser quelques larmes à la lecture de ce message tout en violence.
Je comprends ce que tu vis, ce que tu as vécu et partage ta rage de vérité.
Merci Joanie pour ton commentaire sans jugement.
Autres lecteurs: veuillez noter que ce message date de 2007.
Depuis ce temps, j'ai parcouru un long chemin, la colère n'est plus ressentie de la même façon, grâce à d'autres adoptés (d'adoption nationale et internationale) avec qui je partage nos expériences communes.
D'où l'importance pour les adoptés de se joindre à des groupes (pour certains, le mieux, groupes fermés aux parents adoptifs) où ils seront compris, validés et pas jugés.
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