19 nov. 2008

These Angels Aren't Telling the Whole Story

Traduit de l'article publié dans NewMathilda.com par Ian Robinson

Deborra-Lee Furness veut que nous importions beaucoup plus d'enfants en provenance d'autres pays pour le marché d'adoption australien - mais c'est une approche ignorante et égoïste du problème de la pauvreté des enfants, écrit Ian Robinson

Dans un récent Weekend Australian Magazine, Deborra-Lee Furness a dit à sont interviewer en haletant qu'il y avait "103 millions d'orphelins dans le monde". "Comment pouvons-nous avoir un enfant de deux ans marchant dans les rues", a-t-elle demandé, "se débrouillant par eux-mêmes, cherchant les ordures pour se nourrir?"

En effet, comment peut-on permettre une telle situation affligeante d'exister?

Eh bien, vous serez heureux de savoir que ça ne l'est pas. Furness est juste en train de manipuler les chiffres pour vous convaincre de soutenir sa campagne pour importer plus d'enfants du tiers monde en Australie pour les couples sans enfant d'ici. En exploitant la sympathie pour ces "103 millions" de présumés pauvres orphelins, elle cherche à obtenir un appui pour son lobby pro-achat-d'enfant, intitulé sous le nom charmant de "Orphan Angels", dans leurs tentatives de convaincre les autorités de rendre l'adoption internationale beaucoup plus facile et fournir à la demande locale.

La vérité est tout autre et il n'est pas nécessaire de paniquer.

CE que Furness n'a pas metionné dans son bluff de relations publiques est que, s'il est vrai que l'UNICEF cite un grand nombre d' "orphelins" dans le monde, la définition de l'UNICEF, pour des raisons historiques complexes, inclut notamment les enfants qui ont perdu un de leurs parents ainsi que ceux qui ont perdu les deux, ainsi la plupart d'entre eux ne sont pas des orphelins selon notre définition australienne. L'estimation de l'UNICEF des vrais "orphelins", ceux qui ont perdu leurs deux parents, est plus proche de 13 millions.

C'est encore beaucoup d'enfants, mais l'image de ces tout-petits fouillant seuls pour des croûtes moisis dans les décharges du monde est également totalement trompeuse. Selon l'UNICEF, "Les preuves montrent clairement que la grande majorité des orphelins vivent avec un parent, un grand-parent ou un autre membre de la famille". Et général, ils ne sont pas des enfants de deux ans sans défense : "95 pour cent de tous les orphelins ont plus de 5 ans" dit l'UNICEF - encore assez jeune, mais déjà au point où ils ne sont pas vraiment attrayants dans le marché d'adoption occidental.

En fait, l'UNICEF lui-même est préoccupé à juste titre par les gens utilisant mal les chiffres sur les orphelins parce que ça "pourrait alors conduire à des réactions qui mettent l'accent à apporter aux soins des enfants individuels plutôt que de soutenir les familles et les communautés qui s'occupent des orphelins et qui ont besoin de soutien».

Pour toute personne réellement préoccupée par le sort des enfants dans les pays en développement, il existe une grande variété de programmes qui aident les familles et les communautés à subvenir aux besoins de leurs enfants dans le besoin et de les garder avec leur propre famille dans leur propre culture. Les invitations à contribuer à ces programmes apparaissent souvent dans votre boîte aux lettres.

Même si Furness admet que "l'adoption ne sera qu'une solution partielle pour les sans-abri et les enfants abandonnés du monde", et son groupe mentionne certaines de ces autres initiatives sur leur site Web, il est clair que leur but principal est de ne pas aider les enfants là où ils sont, mais de les emmener ici pour vivre avec des Australiens relativement aisés.

Comme l'UNICEF met en garde, le danger est que l'intérêt à emmener une infime proportion d'enfants nécessiteux en Australie (un millième de un pour cent), tend à soustraire l'attention des besoins de la majorité. Le coût d'un parent australien pour une adoption internationale permettrait d'assurer littéralement des centaines d'enfants à prospérer dans leur propre pays.

De plus, il existe des problèmes avec l'adoption internationale que Furness et son groupe n'ont pas abordé dans leur publicité. La première est qu'elle encourage les enlèvements d'enfants. Cette pratique est monnaie courante de toute façon dans de nombreux pays d'où viennent les enfants et la présence de riches étrangers cherchant des "orphelins" est une invitation ouverte aux criminels sans scrupule à fournir pour leurs besoins. Les gouvernements des pays concernés sont trop pauvres et trop souvent malhonnête pour mettre en place de bons mécanismes de protection pour se prémunir contre cela.

Par exemple, le professeur américain et expert en adoption internationale, David Smolin, a été horrifié de découvrir finalement, après avoir pris toutes les précautions possibles et travaillé par le biais d'une agence apparemment autorisée, que les enfants que lui et sa femme avaient adoptées en provenance de l'Inde avaient été volées de leurs parents.

Il a ensuite étudié le système de l'adoption internationale en profondeur et a conclu "Il y a des faiblesses systémiques dans le système actuel d'adoption internationale qui font de [telles] scandales d'adoption ... prévisible. De plus ... il n'y a pas d'acteur dans le système d'adoption internationale avec les informations requises, l'autorité, et la motivation d'empêcher les pratiques d'adoption abusives et corrompues. Dans ces conditions, la «réforme» de l'adoption internationale demeure insaisissable et illusoire ».

Il semblerait que ce qui est nécessaire, c'est plus de réglementation et de surveillance plutôt que moins, mais Furness et son groupe sont en train de faire pression pour un accès plus facile et "moins de bureaucratie", ce qui ne peut qu'exacerber ces problèmes.



La deuxième chose que Deborra-Lee Furness et ses "anges" négligent de mentionner, c'est que souvent l'adoption - en particulier l'adoption internationale - n'a pas une fin d'un conte de fées, mais au contraire peut être très problématique.

L'étude la plus approfondie a été menée en Suède, où la pratique se passait depuis plus longtemps, et où il a été constaté que les adoptés internationaux avaient un taux de suicide plus élevé les adoptées nationaux et les deux étaient plus élevés que leurs pairs non adoptés. De plus, les adoptés internationaux ont un taux de problèmes de toxicomanie et d'alcool plus élevé; ceux de sexe masculin ont un taux de TDA (trouble déficitaire de l'attention) plus élevé, alors ceux que de sexe féminin ont des taux importants de dépression, d'anxiété, et de comportement schizoïde et délinquant.

Les mêmes résultats négatifs deviennent de plus en plus évidents dans d'autres pays, comme les États-Unis, mais il n'y a pas eu encore d'étude aussi solide qui ait été effectuée là-bas. Une des rares études australiennes, sur un groupe de 102 enfants vietnamiens adoptés en Nouvelle-Galles du Sud au cours des années 1970, a indiqué que la majorité des enfants placés entre 4 et 6 ans ont des difficultés s'attacher ou à établir des relations familiales, de même que 40 pour cent des enfants placés à 18 mois et plus.

La vérité est qu'aucune adoption, internationale ou locale, ne pourra jamais être idéale ou même une solution admirable à tout problème. C'est toujours un dernier recours et c'est toujours la conséquence malheureuse et la cause de la perte et de la douleur à plus d'une personne.

Tout cela est connu depuis de nombreuses années et a été étudié en détail par beaucoup de gens qui ont l'intérêt supérieur de l'enfant au cœur. Mais ne proposez de points de vue "pro-enfant" devant Furness ou elle vous classera comme faisant partie de la diabolique "culture anti-adoption " qui tente d'empêcher son groupe, et les Australiens aisés pour les quels ils font pression, de mettre la main sur plus d'enfants beaux et mignons du tiers-monde.

Le cœur de Furness se trouve peut-être au bon endroit, mais son attitude polarisante et son refus de comprendre les limites de l'adoption internationale et son abus par des riches occidentaux l'a amenée non seulement à voir le monde à travers des lunettes roses mais aussi à être sélective avec ses faits dans le but de nous convaincre que sa campagne est une bonne chose.


Il y a un mythe dans les pays riches que, de même que toute personne a le droit de voter, d'avoir des soins médicaux et ainsi de suite, chacun a droit à un enfant. La vérité est que personne n'a le droit à un enfant en particulier et en particulier, personne n'a le droit à l'enfant de quelqu'un d'autre. Les enfants ne sont pas des produits à être échangés, ni des possessions avec lesquelles on complète le foyer parfait. Les enfants des autres sont des personnes réelles, pas seulement des "remèdes" à l'infertilité.
L'auteur tient à remercier Christine Cole de son aide pour la recherche pour cet article.

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