14 mai 2010
First Person Plural / In the Matter of Cha Jung Hee
First Person Plural
Documentaire personnel, sorti en 2000.
Durée: 56 minutes.
Cinéaste: Deann Borshay Liem.
Ce documentaire raconte l'expérience de Deann Borshay Liem, en tant qu'orpheline coréenne adoptée, grandissant dans une famille caucasienne dans une banlieue de East Bay, États-Unis. Sauf qu'elle n'était pas une orpheline, et dans la second moitié du film est consacrée à la localisation de sa mère et ses frères et sœurs et leurs réunions.
En 1966, un couple américain a adopté une "orpheline" coréenne nommée Cha Jung Hee, et l'a rebaptisée Deann Borshay. Personne n'a remis en cause l'authenticité des papiers d'identité de l'agence d'adoption, et personne non plus n'a tenu compte des déclarations de la petite fille à propos de sa famille encore en vie. Avec le temps, Jung Hee/Deann s'est bien intégrée dans la nouvelle famille et la mémoire de sa famille biologique s'est presque effacée, jusqu'à ce que des rêves récurrents mènent Deann à découvrir la vérité. Elle n'était pas une orpheline; sa mère n'était pas morte pendant son accouchement. Et ce qu'elle croyait être son nom de naissance, Cha Jung Hee, n'était pas son vrai nom. Alors que les souvenirs d'une enfance oubliée a commencé à émerger de son inconscient, sa vie a commencé à se désagréger.
Par la suite, Liem a découvert son vrai nom, Kang Jin Ok, et a trouvé sa mère et ses frères et sœurs biologiques qui vivent en Corée du Sud. Cha Hee Jung, que les parents américains de Liem pensaient avoir adoptée, avait été retirée de l'orphelinat à la dernière minute par son père. Liem a été envoyée à sa place, mais le directeur d'orphelinat lui a dit de ne jamais divulguer sa véritable identité. La découverte de Liem était déroutante pour ne pas dire plus. Qui était-elle, si elle n'était pas une orpheline? Pourquoi avait-elle été échangée? Qu'était-il arrivé à sa vraie famille? Pour tenter de réconcilier la coupure entre ses deux identités, Liem a uni ses familles biologique et adoptive, et a capturé son voyage dans un émouvant journal vidéo First Person Plural.
In the Matter of Cha Jung Hee
Documentaire, sorti en 2010.
Durée: 90 minutes.
Cinéaste: Deann Borshay Liem.
Après avoir réglé avec cette "agitation émotionnelle", Liem est retournée en Corée pour savoir ce qui est arrivée à la mystérieuse jeune fille, Cha Jung Hee, dont elle a pris sa place aux États-Unis.
Liem croyait que ce projet de documentaire --trouver Cha Jung Hee-- serait relativement facile en comparaison. Après tout, Liem possédait les documents d'adoption de Cha, des lettres qu'elle avait écrites à sa famille avant son adoption, et certains de ses biens. Mais ce n'était pas si facile. Comme cela a été capturé dans le nouveau documentaire, In the Matter of Cha Jung Hee, dont la première mondiale a eu lie au San Francisco International Asian American Film Festival, le 13 mars, Liem a découvert finalement une histoire encore plus compliquée qu'elle ne l'avait prévue.
"Je pensais vraiment que les nuages partiraient une fois que je l'aurais trouvée, et que je ... lui redonnerai tout et que ça me libérerait en quelque sorte de cette ombre dans ma vie", a dit Liem. "... Mais ça s'est avéré être vraiment un voyage à propos de trouver moi-même, je suppose, et d'embrasser ma vie ici aux États-Unis et réclamer ma vie, pas nécessairement à avoir à vivre la vie de quelqu'un d'autre ou les attentes d'avoir à être quelqu'un d'autre. Et ce fut un voyage ntérieur compliqué."
Son histoire personnelle difficile a rendu d'autant plus compliqué à s'engager à filmer. C'est pourquoi il a fallu plusieurs années à Liem pour achever In the Matter of Cha Jung Hee. Alors qu'elle raconte à nouveau une partie de son histoire d'adoption qui a été racontée dans First Person Plural, In the Matter of Cha Jung Hee approfondit, en explorant des questions sur l'identité et la mémoire à travers des séquences oniriques, en racontant chronologiquement sa recherche pour la vraie Hee Cha Jung, et en examinant et de en critiquant la politique de l'adoption de la Corée du Sud dans le contexte historique de la guerre de Corée.
Après la guerre, des milliers d'enfants en Corée du Sud ont été envoyés à l'étranger pour être adoptés, la majorité aux États-Unis et en Europe. Ayant début initialement comme un effort humanitaire, l'adoption est devenue une affaire motivée par le profit.
En dépit du fait que la Corée du Sud se range vingt-cinquième au monde en termes de population, le pays a envoyé le plus grand nombre d'enfants à l'étranger, environ 200 000. Cela a atteint un sommet en 1985, selon Liem, lorsque 9 000 enfants ont été envoyés en un an. La plus grande concentration aux États-Unis est à Minneapolis.
Cependant, des décennies plus tard, alors ces enfants ont grandi et ont atteint la majorité, beaucoup d'entre eux sont allés chercher leurs familles de naissance en Corée du Sud, souvent armés de caméras vidéo. Ils ont produit des documentaires, de la poésie, et des mémoires. Relier les adoptés coréens avec leur patrie est devenu une véritable industrie familiale. Aujourd'hui, il y a "des visites patrimoniales", des camps, des organisations, des tests d'ADN, et des cours de langue. Des milliers d'adoptés retournent en Corée chaque année. "Je pense que lorsque la Corée envoyait les enfants à l'étranger au début, personne ne pensait qu'ils reviendraient un jour ou qu'ils trouveraient les familles de naissance", a dit Liem.
En ce sens, First Person Plural était révolutionnaire pour les adoptés coréens. Ayant été projeté sur la chaîne PBS, il a gagné une large exposition, aidant à ouvrir la porte à des discussions sur les questions des adoptés. L'Internet a de plus aidé à connecter d'autres adoptés, qui étaient autrement isolés les uns des autres. Liem croit que le grand nombre d'adoptions en provenance de Chine, qui ont commencé au début des années 1990, va conduire à une culture aussi vaste des mémoires de retour et d'expression artistique lorsque ces adoptés atteindront l'âge adulte dans les prochaines années.
Bien que les mérites de l'adoption sont nombreux, Liem remet aussi en questionne l'histoire et la politique de l'adoption en Corée du Sud. Malgré le fait que la Corée se soit rapidement modernisée depuis ses racines déchirées par la guerre, Liem trouve un orphelinat en Corée du Sud plein de bébés abandonnés. "La plupart des bébés qui ont été adoptés de la Corée du Sud en ce moment sont ceux des mères célibataires", a déclaré Liem. "Et une partie de la raison qu'ils abandonnent leurs enfants est à cause du stigmate d'être une mère célibataire, ou de l'impossibilité de soutenir un enfant." Il y a un besoin pour un meilleur soutien social pour les familles monoparentales, dit-elle, et plus de promotion pour l'adoption nationale. Dans certains cas, les couples qui divorcent et se remarient, mettent leurs enfants dans un orphelinat. "Je veux dire, lâchez-moi un peut", a-t-elle dit. "Cela doit s'arrêter."
Parce que la stigmatisation de l'adoption est encore forte, Liem a obéi à la volonté de sa famille de naissance et n'a pas encore montré First Person Plural en Corée. Elle espère un jour ça va changer. Pourtant, comme Liem rencontre souvent pendant sa recherche pour Cha Hee Jung, le mode dominant de pensée pour de nombreux Coréens qui tentent de concilier leur propre histoire tragique et la réalité moderne est "d'oublier le passé."
En fin de compte, quoique le voyage physique Liem est super, son voyage métaphorique est encore plus super. In the Matter of Cha Jung Hee laisse encore des questions qui ne seront peut-être jamais être résolues, mais c'est presque comme si cela permet à Liem de ne plus être redevable aux faits de son passé. Et dans le processus, elle peut être libre d'embrasser sa vraie, présente personne.
Déclaration de la cinéaste
Cha Jung Hee était une orpheline à Sun Duck Orphanage en Corée du Sud dans les années 1960. Elle et moi n'avions rien de commun et je ne la connaissais pas personnellement. Et pourtant, à l'âge de 8, juste avant que j'aie été envoyée aux États-Unis pour être adoptée par la famille Borshay en Californie, mon identité a été échangée avec la sienne à l'insu de qui que ce soit. On m'a donné le nom de Cha Jung Hee, sa date de naissance et son histoire familiale et on m'a dit de garder l'échange secret. Parallèlement, par un tour de main bureaucratique, mon identité précédente a été complètement effacée. Pendant des années, Cha Hee Jung a été, paradoxalement, à la fois une étrangère et aussi mon identité officielle --un personnage inconnu, mais toujours présent-- définissant ma vie. Dans In the Matter of Cha Hee Jung, je recherche Cha Hee Jung afin de mettre son existence d'autrefois au repos en la rencontrant dans la vie réelle et en trouvant comment elle s'en est tirée.
Au cours de la recherche de Cha Jung Hee, je rencontre et interviewe une sélection variée d'orphelins et adoptés coréens, chacun avec leurs propres quêtes et des histoires extraordinaires à raconter. Un orphelin de guerre biracial, Coréen-Noir, banni par la société coréenne, qui rencontre ses potentiels frères et sœurs biologiques à l'âge adulte; des jumeaux adoptés et élevés en France, qui ne parlent que la langue française, sur leur chemin du retour vers leur "maison" en Corée pour visiter leur mère biologique; un orphelin du Nord qui a été envoyé avec plusieurs milliers d'orphelins de guerre de Corée à la Roumanie, qui se rappelle les douloureuses années d'après-guerre et ce que c'est que de grandir dans un pensionnat en Europe de l'Est, et beaucoup d'autres.
Ces histoires sont contextualisés dans une histoire d'adoptions en provenance de Corée débutant avec la guerre de Corée. Ensemble, elles mettent la lumière sur la façon dont les adoptions de la Corée sont étroitement associées avec l'implication militaire américaine dans la péninsule coréenne, la prospérité et l'optimisme de la société américaine après la Seconde Guerre mondiale, et les politiques de la Guerre froide, qui ont conduit la Corée du Sud à devenir "l'exportateur" numéro un, et le plus grand "importateur" américain, des enfants adoptés dans le monde.
Sites web
MuFilms.
First Person Plural sur le site PBS (bande-annonce disponible).
In the Matter of Cha Jung Hee sur le site PBS
First Person Plural sur le site Film.com
First Person Plural sur le site Asian American Media
In the Matter of Cha Jung Hee sur le site New America Media (audio MP3).
Articles
First Person Singular (East Bay Express, 10 mars 2010).
Borshay Liem’s Double Exposure of Korean Adoptions (SF 360, 12 mars 2010).
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire