15 mai 2010

Les experts demandent que les enfants adoptés à l'étranger maintiennent contact avec leurs familles biologiques

Traduit de l'article Los expertos piden que los niños adoptados en el extranjero mantengan contactos con su familia biológica publié sur le site lavanguardia, le 8 mai 2010.

L'Espagne a près de 50.000 enfants adoptés et un grand nombre d'entre eux devenant adultes s'interrogent sur leurs origines. Il y a au monde 13 millions d'orphelins de père et de mère et 95% d'entre eux sont âgés de plus de cinq ans. "Il ne faut pas chercher des enfants pour les familles adoptives, mais des familles pour les enfants."

Quinze ans après le début des adoptions internationales en Espagne, il est temps de faire le point. Il y a près de 50.000 enfants adoptés et un grand nombre d'entre eux devenant adultes s'interrogent sur leurs origines. Les restrictions imposées par les pays d'origine et la crise économique dans une moindre mesure ont ralenti le baby-boom de l'adoption , et conduisent maintenant à la réforme et la redéfinition de certaines pratiques. Les experts demandent un contrôle plus important sur les enfants qui sont offerts pour l'adoption et proposent un modèle "d'adoption ouverte" qui permette plus de transparence et plus de contact avec les origines biologiques.

Diana Marre, anthropologue à l'Université Autonome de Barcelone (UAB), note qu'à présent "il n'y a pratiquement pas d'orphelins, mais que des orphelins sociaux". L'UNICEF le dit aussi, qui tout en parlant de l'existence de 132 millions orphelins en Afrique sub-saharienne, Asie, Amérique latine et les Caraïbes, reconnait que seulement 13 millions d'entre eux ont perdu leurs deux parents, ce qui serait la donnée la plus juste en accord avec le concept d'orphelin le plus répandu. Et de ces enfants, 95% ont plus de cinq ans et la plupart vivent avec leurs grands-parents ou d'autres parents. La deuxième remarque est qu'il faut changer la tendance actuelle d'aller chercher des enfants pour les familles qui veulent adopter pour une autre idée: celle de chercher des familles appropriées pour des enfants ayant des besoins spéciaux. Diana Marre l'explique: "Il y a des familles qui ne sont pas préparées pour l'accueil d' enfants avec certaines circonstances familiales, tels que ceux qui gardent une mère biologique, ou ceux qui ont certaines séquelles, qu'elles proviennent d'abus ou de maladies. Ce sont des réflexions qui font partie du projet de recherche sur l'interaction familiale et sociale des mineurs adoptés (Perspectives interdisciplinaires et comparatives développées par l'équipe UAB qu'elle dirige elle-même). Ce travail a reçu l'appui du Ministère des Sciences et des Innovations qui vient de renouveler son soutien pour trois ans avec une aide de 150.000 euros. La première partie du projet a été présentée lors de journées organisées par ce groupe de recherche hier et aujourd'hui à Barcelone.

Barbara Yngvesson, anthropologue au Hampshire College, a ressorti, lors de ces journées, la réaction des enfants adoptés devenus adultes et l'expérience des mères de Corée et d'Inde qui se sont rassemblées pour pouvoir rencontrer les enfants qu'elles ont abandonné un jour, comme deux indications de changement dans les perspectives de l'adoption internationale. Yngvesson, mère adoptive d'un garçon né en Afrique du Sud, a défendu le principe de l'adoption ouverte et de l'amélioration des relations avec les parents biologiques. "Pas tous les enfants adoptés, ni toutes les familles adoptives le veulent, a-t-elle ajouté, parce qu'il est plus aisé de se réduire à une seule famille." A côté de çà, elle a expliqué qu' il y a de plus en plus de parents qui abandonnent leurs enfants dans les pays les plus pauvres, généralement pour des raisons économiques, mais ne veulent pas perdre le contact avec eux. C'est ce que lui ont dit beaucoup de mères de Colombie, du Chili ou d' Inde qu'elle a interviewées. "En Afrique du Sud, nous avons vu des cas où l'amour pour un enfant implique la séparation, comme le cas d'une mère qui disait rechercher de bons parents qui garantiraient à son enfant une bonne éducation et une bonne vie qu'elle n'avait pas et ne pouvait pas offrir. Il y avait même le cas d'une autre mère, également en Afrique du Sud, dont le fantasme était d'être une amie de la mère adoptive.

Pour cette chercheuse, il ne fait aucun doute que la recherche des origines peut être complexe et problématique. Elle a rappelé des cas où retrouver la famille biologique aboutissait au sentiment d'avoir à financer son avenir avec des envois d'argent. Pour cette raison elle a défendu la nécessité de rechercher des formules plus souples, sans cadres rigides, permettant à chaque adopté de connaître ses origines.
Diana Marre regrette "la hâte dans la recherche d' enfants à adopter" qu'ont parfois les ECAI, les organismes officiels d'inter-médiation, et estime que cet aspect devrait également être revu pour éviter les échecs.

Beatriz San Román, membre du comité exécutif du CORA, une fédération de 26 associations d'enfants adoptés, dans le dernier numéro de la revue Afín demande clairement une "réforme urgente" de l'adoption internationale. À son avis, le déséquilibre entre "l'offre" des enfants adoptables et la "demande" des familles, n'a pas seulement allongé les délais d'attente (en Chine, ça peut prendre jusqu'à trois ans), mais a aussi fait proliférer les cas de corruption. Des recherches récentes menées par l'UNICEF et Terre des Hommes au Guatemala et au Népal et par les États-Unis sur le Vietnam, décrivent le phénomène pervers de la "fabrication d' orphelins". San Román remarque que ce sont plus les pays pauvres qui ont ralenti l'adoption (Brésil, Ukraine, Lettonie, Pologne, Mexique) alors que les pays d'adoptions n'ont pratiquement pas révisé leurs contrôles. CORA a demandé maintenant un moratoire pour adopter d'Éthiopie devant toutes les plaintes pour falsifications de documents. L'adoption "n'est pas un moyen de satisfaire le désir de paternité ou de maternité des citoyens Occidentaux" rappellent-t-ils.

Traduction de Greg

1 commentaire:

GREG a dit…

A l'article que je viens de traduire il me faut apporter une remarque basée essentiellement sur des informations que m'a donné la personne qui tient ce site:

Aux Etats Unis on pratique déjà l'adoption ouverte (maintien de contact avec la famille biologique), au niveau des adoptions domestiques. En principe celà semble moins dangereux que les "adoptions fermées"... mais en pratique on remarque déjà des dérives ...

Oui, en faits l'adoption ouverte ressemble souvent à convaincre des jeunes mères célibataires de donner leurs bébés en adoption, et une fois l'adoption conclue, changement de plan. Oui, souvent peu de temps après les finalisations d'adoption , les familles adoptives coupent tout lien avec familles biologiques (déménagement sans trace, refus de contact, etc). Quelques rares parents adoptifs choisissent de faire intégrer la mère biologique dans la vie de l'enfant en fait. Pour ceux qui veulent avoir une idée allez à ce lien: http://www.exiledmothers.com/open_adoption/index.html (Si on ne maitrise pas bien l'anglais avec un outil de traduction automatique on arrive à bien comprendre.).

Côté Adoptions Internationales, on pratique souvent déjà des adoptions plus ou moins ouvertes (sans prendre le terme d' "adoption ouverte") pour convaincre encore des parents à abandonner ou vendre leurs enfants, en leur promettant qu'ils resteront en contact avec eux, qu'ils recevront des photos d'eux régulièrement... Alors s'il semble facile d'écarter et/ou ignorer la famille bio dans un même pays et dans un même espace linguistique, il faut imaginer quand il y a un océan entre deux pays et une différence de langues.

Oui, avec l'adoption ouverte on peut trouver encore un moyen pour satisfaire beaucoup de personnes en mal et/ou en défaut de paternité dans des pays aisés.

Il faut sans doute aller plus loin que l'adoption ouverte pour satisfaire beaucoup d' enfants... celà existe déjà d'ailleurs: le parrainage... c'est à dire aider des enfants à rester proches de leurs parents et/ou de leur communauté. Celà ne satisferait pas beaucoup de personnes en mal et/ou en défaut de paternité dans des pays aisés, c'est clair, mais c'est là une véritable solidarité humaine qui s'exprimerait.

Merci Myung-Sook.

Greg