Du site Nouvelles - Université de Montréal, 15 septembre 2008.
Chaque année, plus de 900 enfants étrangers dont la moitié viennent de Chine sont adoptés au Québec. Cette population pourrait, selon certains experts, être exposée à une puberté précoce et aux risques pour sa santé qui y sont associés. La puberté commencerait avant l’âge de 8 ans chez les filles et avant l’âge de 10 ans chez les garçons. Outre leur petite taille, en raison d’une maturation osseuse trop rapide, ces enfants risqueraient davantage de souffrir d’obésité abdominale, d’hypertension, de diabète, de maladies cardiovasculaires et même de certains types de cancer une fois parvenus à l’âge adulte.
Est-ce vrai que les enfants adoptés de l’étranger courent un tel risque? C’est possible, signale Hélène Delisle, professeure au Département de nutrition et responsable du Centre collaborateur OMS sur la transition nutritionnelle et le développement. «Cela dépend en partie du pays d’origine des enfants et de leurs conditions de vie jusqu’à l’adoption, explique la chercheuse. Il y a plusieurs facteurs en cause, mais un petit poids à la naissance, le non-rattrapage pondéral entre la naissance et l’âge de deux ans ainsi qu’un rythme de gain de poids accéléré au cours de l’enfance augmenteraient le risque de puberté précoce et de maladies chroniques à l’âge adulte.»
L’étiologie semble principalement nutritionnelle. C’est du moins ce que soutient l’auteur de la théorie de l’origine précoce des maladies chroniques, le Dr David Barker, qui le premier a montré une relation inverse entre le poids à la naissance et la mortalité par maladies cardiovasculaires. D’autres chercheurs (Bourguignon et coll.) l’ont démontré par des études animales. Après avoir provoqué une restriction alimentaire chez de jeunes rats, ils ont laissé les rongeurs manger comme ils le voulaient. Les chercheurs ont alors constaté un accroissement de la taille et du poids, mais aussi une accélération de la maturation hypothalamique et gonadique chez les animaux. Résultat? Les rats étudiés ont eu leur puberté plus tôt que le groupe témoin et, de ce fait, ont atteint une taille définitive inférieure à celle des autres rats.
Le phénomène s’expliquerait ainsi. Le début de la puberté dépend pour beaucoup du poids. Un gain de poids provoque la sécrétion de leptine, une hormone synthétisée par les tissus adipeux et régulant l’appétit. Or, en cas d’augmentation de l’apport calorique, le taux de leptine s’élève et provoque la sécrétion de GnRH (de l’anglais Gonadotropin Releasing Hormone). Cette hormone régule un processus complexe permettant le développement de l’ovulation et le maintien du corps lutéal au cours du cycle menstruel chez la femme ainsi que le contrôle de la spermatogenèse chez l’homme.
Ainsi, un changement brutal du régime alimentaire, comme on le constate chez les enfants adoptés de l’étranger qui migrent vers un pays industrialisé (particulièrement chez les petites filles), peut déclencher la puberté… «Et plusieurs problèmes de santé», comme le rappelle Hélène Delisle, qui s’intéresse depuis plus de 30 ans à la nutrition à l’échelle internationale.
Le gain rapide de poids et de taille chez les enfants adoptés est pourtant accueilli avec joie par les parents et le médecin traitant, qui souvent ne sont pas conscients des risques courus. «Il faut bien comprendre, précise Mme Delisle, qu’un bébé qui n’atteint pas sa croissance fœtale optimale en raison d’une malnutrition fœtale même discrète a besoin de faire ce rattrapage pondéral. Toutefois, un gain de poids excessif après l’âge de deux ans doit attirer l’attention, car il est associé à une incidence accrue de l’obésité et des maladies qui en découlent. Avant cet âge, le jeune ne serait pas exposé à ce risque; il semble y avoir une fenêtre pour le rattrapage de la croissance.»
Dominique Nancy
Chaque année, plus de 900 enfants étrangers dont la moitié viennent de Chine sont adoptés au Québec. Cette population pourrait, selon certains experts, être exposée à une puberté précoce et aux risques pour sa santé qui y sont associés. La puberté commencerait avant l’âge de 8 ans chez les filles et avant l’âge de 10 ans chez les garçons. Outre leur petite taille, en raison d’une maturation osseuse trop rapide, ces enfants risqueraient davantage de souffrir d’obésité abdominale, d’hypertension, de diabète, de maladies cardiovasculaires et même de certains types de cancer une fois parvenus à l’âge adulte.
Est-ce vrai que les enfants adoptés de l’étranger courent un tel risque? C’est possible, signale Hélène Delisle, professeure au Département de nutrition et responsable du Centre collaborateur OMS sur la transition nutritionnelle et le développement. «Cela dépend en partie du pays d’origine des enfants et de leurs conditions de vie jusqu’à l’adoption, explique la chercheuse. Il y a plusieurs facteurs en cause, mais un petit poids à la naissance, le non-rattrapage pondéral entre la naissance et l’âge de deux ans ainsi qu’un rythme de gain de poids accéléré au cours de l’enfance augmenteraient le risque de puberté précoce et de maladies chroniques à l’âge adulte.»
L’étiologie semble principalement nutritionnelle. C’est du moins ce que soutient l’auteur de la théorie de l’origine précoce des maladies chroniques, le Dr David Barker, qui le premier a montré une relation inverse entre le poids à la naissance et la mortalité par maladies cardiovasculaires. D’autres chercheurs (Bourguignon et coll.) l’ont démontré par des études animales. Après avoir provoqué une restriction alimentaire chez de jeunes rats, ils ont laissé les rongeurs manger comme ils le voulaient. Les chercheurs ont alors constaté un accroissement de la taille et du poids, mais aussi une accélération de la maturation hypothalamique et gonadique chez les animaux. Résultat? Les rats étudiés ont eu leur puberté plus tôt que le groupe témoin et, de ce fait, ont atteint une taille définitive inférieure à celle des autres rats.
Le phénomène s’expliquerait ainsi. Le début de la puberté dépend pour beaucoup du poids. Un gain de poids provoque la sécrétion de leptine, une hormone synthétisée par les tissus adipeux et régulant l’appétit. Or, en cas d’augmentation de l’apport calorique, le taux de leptine s’élève et provoque la sécrétion de GnRH (de l’anglais Gonadotropin Releasing Hormone). Cette hormone régule un processus complexe permettant le développement de l’ovulation et le maintien du corps lutéal au cours du cycle menstruel chez la femme ainsi que le contrôle de la spermatogenèse chez l’homme.
Ainsi, un changement brutal du régime alimentaire, comme on le constate chez les enfants adoptés de l’étranger qui migrent vers un pays industrialisé (particulièrement chez les petites filles), peut déclencher la puberté… «Et plusieurs problèmes de santé», comme le rappelle Hélène Delisle, qui s’intéresse depuis plus de 30 ans à la nutrition à l’échelle internationale.
Le gain rapide de poids et de taille chez les enfants adoptés est pourtant accueilli avec joie par les parents et le médecin traitant, qui souvent ne sont pas conscients des risques courus. «Il faut bien comprendre, précise Mme Delisle, qu’un bébé qui n’atteint pas sa croissance fœtale optimale en raison d’une malnutrition fœtale même discrète a besoin de faire ce rattrapage pondéral. Toutefois, un gain de poids excessif après l’âge de deux ans doit attirer l’attention, car il est associé à une incidence accrue de l’obésité et des maladies qui en découlent. Avant cet âge, le jeune ne serait pas exposé à ce risque; il semble y avoir une fenêtre pour le rattrapage de la croissance.»
Dominique Nancy
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