L'adoption n'est pas la meilleure solution pour régler les problèmes de l'Éthiopie...
C'est ce que conclut l'article dont la version originale intitulée "Adopting Ethiopian Orphans May Not be the Best Solution" est publiée par New America Media.
26 août 2008, Shane Bauer, New America Media
NDLR: les Américains adoptent moins d'orphelins à l'étranger sauf dans un pays: l'Éthiopie. Mais les travailleurs sociaux disent que l'adoption n'est pas la meilleure solution aux problèmes de l'Éthiopie, rapporte Shane Bauer, un écrivain collaborateur du journal NAM . Bauer est un journaliste indépendant et photographe basé au Moyen-Orient et en Afrique.
Addis-Abeba, Ethiopie - En balieue d'Addis-Abeba, un orphelinat récemment construit, appelé Rohobet, est caché entre des cabanes aux toits d'étain au-dessus d'un eucalyptus et une colline recouverte de pin. Tout autour, les chemins de terre sont transformés en ruisseaux boueux dans la bruine du midi.
L'intérieur de la grande maison vide a des caractéristiques qui sont distinctement non-éthiopien. Une grande table de cuisine et des chaises - les huit enfants vont manger à une table plutôt que sur le plancher. Les bébés sont nourris aux bouteilles et dorment dans des lits, plutôt que dans les grandes pièces de tissus en forme de minuscules hamacs qui sont la norme dans la plupart des maisons éthiopiennes. Quand ils voyagent, les plus petits enfants sont assis dans des sièges de voiture. Après avoir quitté leur État d'origine Oromo et être venus à l'orphelinat, les enfants sont préparés pour la vie aux États-Unis.
Dans les quatre mois de l'existence de l'orphelinat Rohobet, il y a eu cinq enfants adoptés par le biais de l'agence Better Future Adoption, basée à Minnesota. Le directeur de Rohobet est un homme que je vais appeler Tewodros puisqu'il m'a demandé de ne pas être nommé par crainte de représailles de la part du gouvernement américain ou de l'agence d'adoption américaine qui finance son orphelinat.
Il avait la personnalité d'un entrepreneur à but non lucratif, avec un grand cœur et un esprit pour développer son entreprise. Sa mission était claire: procurer plus d'argent et avoir plus d'enfants adoptés. "Nous avons assez d'orphelins, mais pas assez d'argent", a-t-il dit.
Il a également assez de demande. Pour son domaine d'activité, l'entreprise est pratiquement en plein essor. Au cours des dernières années, les Américains sont devenus de plus en plus intéressés par l'adoption d'enfants originaires d'Éthiopie, une dynamique qu'un article du New York Times l'an dernier attribuait au fait que les orphelinats en Éthiopie sont gérés par des organismes étrangers et que le pays possède un processus d'adoption relativement efficace et libre de tracas. Selon Tewodros, chaque semaine, les familles américaines atterrissent à Addis-Abeba pour prendre leurs nouveaux enfants et ils quittent généralement en moins de sept jours.
Alors que l'adoption américaine des Éthiopiens est en escalade, l'adoption internationale par les Américains est globalement en baisse. En 2004, les Américains ont adopté 22884 enfants des autres pays. En 2007, ce nombre était de 19 400. Le nombre d'enfants envoyés de l'Éthiopie aux États-Unis dans cette même période a plus que quadruplé, passant de 289 en 2004 - l'année précédant la célèbre adoption d'Angelina Jolie d'une fille éthiopienne - à 1255 en 2007. Cela rend l'Éthiopie le quatrième pays le plus populaire à adopter pour les Américains, après la Chine, la Guatemala, et la Russie, respectivement.
Mais l'adoption est-elle effectivement la meilleure stratégie pour améliorer la vie des enfants orphelins?
La plupart des orphelins d'Éthiopie estimés à un million ont une famille élargie qui, si elle avait l'argent dit Tewodros, s'occuperait de l'enfant. C'est là que l'idée de l'adoption comme un dernier recours est délicate: Il en coûte 20$ par mois pour aider un enfant dans une famille d'accueil en Éthiopie. Plus souvent qu'autrement, la famille d'accueil est une parenté de l'enfant. Un parent américain adoptant un enfant par l'agence Better Future Adoptione dépensera entre 14170 $ et 18170 $ en frais et en voyage, selon le site Web.
"Pour résoudre le problème des enfants orphelins, nous devons résoudre le problème du VIH", a déclaré Teshager Shiferan, directeur de l'association Aube de l'Espoir d'Éthiopie. Son organisation est une association de personnes vivant avec le VIH/SIDA, la principale cause des enfants orphelins en Éthiopie. Sur le million d'orphelins du pays, 700000 ont perdu leurs parents à cause de la maladie.
"Nous ne pouvons pas résoudre le problème des enfants orphelins en Éthiopie en les envoyant à l'étranger", a déclaré Shiferan. "Nous devons nous concentrer sur la prévention du VIH/SIDA." L'Éthiopie, a-t-il dit, se dirige dans la bonne direction. Il y a trois ans, le gouvernement a commencé à offrir gratuitement un traitement antirétroviral (TAR) à 150000 victimes du VIH/SIDA. C'est encore une petite fraction du nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA estimé à 1,2 millions , mais il montre déjà des résultats: selon lui, le nombre de personnes qui meurent du VIH/SIDA en Éthiopie était en baisse.
"L'implication est claire", a-t-il dit. "Un orphelin est une personne dont les parents sont morts. Si vous augmentez le nombre de personnes qui prend le TAR, vous diminuez le nombre d'orphelins."
Traiter avec le VIH/SIDA pourrait être une solution à long terme pour lutter contre le problème des enfants orphelins, mais des gens comme Tewodros sont investis pour faire face avec le problème immédiat des enfants sans parents.
À la fin, il s'était soulevé contre le gouvernement qui avait récemment augmenté les restrictions et avait mis en application des politiques qui maintiendraient les enfants dans le pays. Pour qu'un enfant soit approuvé pour l'adoption, de nouvelles dispositions exigent une confirmation documentée de la mort des deux parents ou une maladie grave de l'unique parent vivant.
Tewodros dit que la raison de ce changement de politique est de réprimer contre le trafic d'enfants, mais pour lui, ça ne crée que des maux de tête. Trois des enfants de son orphelinat attendent d'être adopté, mais le gouvernement a refusé de l'approuver parce que le père des enfants est encore en vie. "Nous allons au ministère encore et encore et le gouvernement ne nous donne pas l'autorisation. Leur père est un homme pauvre et il ne peut pas prendre soin d'eux", a-t-il dit.
Tewodros admet que l'adoption n'est pas toujours la meilleure stratégie, mais comme les organismes sans but lucratif dans le monde entier, il est limité par le financement. L'argent se trouve dans l'adoption, pas pour garder les enfants dans leur pays avec leurs familles.
En faisant le calcul, il en coûterait environ 5000$ pour financer la prise en charge de 20 orphelins par leur famille élargie. Bien que ce montant est de 26 fois le revenu annuel moyen d'un Éthiopien, il s'agit d'un quart à un tiers du montant qu'un Américain paierait pour adopter un seul enfant de l'orphelinat Rohobet.
27 août 2008
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