15 sept. 2008

Adoptions internationales: Plus assez d'enfants

L'article suivant provenant du site, Canoe Infos constate que l'adoption internationale est en chute libre au Québec et que les délais d'attente peuvent s'étirer jusqu'à trois ans.

Noée Murchison

Journal de Montréal

10 février 2008.

Le nombre d'adoptions internationales est en chute libre au Québec et les délais d'attente s'étirent désormais jusqu'à trois ans pour accueillir un enfant.

Selon les dernières données du Secrétariat à l'adoption internationale (SAI), le nombre d'enfants étrangers adoptés en 2007 est le plus bas depuis 1990.

Seulement 496 enfants ont été accueillis l'an dernier, comparativement à 817 en 2004. C'est une baisse de 40 % en trois ans.

«Il y a moins d'enfants offerts en adoption parce que les pays d'origine sont de plus en plus en mesure de contrôler les naissances», explique Hélène Gingras, porte-parole du ministère de la Santé et des services sociaux, qui chapeaute le SAI.

«Les bébés en bonne santé sont souvent adoptés localement, alors dans certains pays il y a surtout des enfants handicapés ou ayant des besoins spéciaux qui sont disponibles pour l'adoption internationale», poursuit-elle.

Pas de place

Pendant ce temps, les agences d'adoption au Québec sont débordées par les demandes des parents.

«Le nombre d'enfants diminue mais pas le nombre de parents qui souhaitent adopter», explique Mireille Venne, de l'agence Formons une famille.

«Nos listes d'attente sont pleines. On dit aux parents de nous rappeler au mois de septembre», ajoute Victoria Tchistiakova, de l'Alliance des familles du Québec.

«On ne prend plus de noms et on est obligé de refuser plusieurs personnes», confirme Nathalie Quévillon, d'Enfants d'Orient.

Attente

Les délais d'attente pour l'adoption sont d'ailleurs en explosion. «En 2004 et 2005, l'attente était de six à sept mois pour adopter en Chine. Aujourd'hui, c'est entre deux et trois ans», indique Mme Venne.

«La situation devient tellement difficile que dans cinq ans il n'y aura peut-être plus d'adoption internationale», estime même la présidente de la Fédération des parents adoptants du Québec, Claire-Marie Gagnon.

Pour répondre à la demande des familles adoptantes, les agences doivent conclure des ententes avec de nouveaux pays, comme c'est le cas avec la République kirghize depuis cette année.

Une attente invivable

Beaucoup de parents s'inquiètent et s'épuisent pendant les délais qui s'éternisent dans les dossiers d'adoption.

«L'attente devient invivable pour les parents et comme les enfants sont plus âgés, ils ont plus de problèmes de santé lorsqu'ils arrivent», déplore Mme Gagnon, de la Fédération des parents adoptants du Québec.

Un couple qui attend un enfant d'Haïti connaît bien cette situation. «Notre fille est rendue à 13 mois, elle grandit pendant qu'elle est là-bas et on nous a annoncé qu'on pourrait attendre encore plus d'un an», témoigne la mère, qui souhaite garder l'anonymat.

Même son de cloche chez Jimmy Bérubé, qui attend un deuxième enfant de la Chine avec sa conjointe. Alors que leur première fille est arrivée après huit mois, ils patientent déjà depuis un an et prévoient accueillir leur bébé seulement en 2010.

Découragement

De plus en plus de familles abandonnent même leur projet d'adoption parce qu'ils ne peuvent pas supporter ces délais, selon Mme Gagnon.

C'est le cas de Mireille O'Brien, qui a décidé de ne pas adopter après avoir patienté pendant plus d'un an. «Les parents manquent de soutien et ils sont épuisés après ces années d'attente, au moment d'accueillir l'enfant», dénonce Mme O'Brien.

Les adoptions internationales au Québec depuis les cinq dernières années (nombre d'enfants)

# 2003: 908

# 2004: 817

# 2005: 600

# 2006: 528

# 2007: 496

Principaux pays de provenances (nombre d'enfants)

# Chine: 206

# Haïti: 69

# Viêt Nam: 54

# Colombie: 26

# Corée du Sud: 24

# Philippines: 20

# Kazakhstan: 19

Répartition des adoptions internationales selon les continents

# Asie: 68 %

# Amérique: 22%

# Afrique: 6 %

# Europe: 4 %

Source: Secrétariat à l'adoption internationale, ministère de la Santé et des Services Sociaux.

Aucun commentaire: