11 sept. 2008

Le supplice d’enfants victimes de la traite à des fins d’adoption à l’étranger

Article paru sur le site OIM, le 17 août 2007.




Haïti - Des détails troublants font surface une semaine après la libération de 48 enfants victimes de la traite retenus dans un centre clandestin en vue d’une adoption illégale à l’étranger, et l’on craint qu’une centaine d’enfants ne soient encore retenus dans ce centre.

Les représentants de l’Institut du Bien Être Social et de Recherches (IBESR), l’agence gouvernementale chargée de superviser les adoptions légales en Haïti, estiment que les 48 enfants libérés la semaine dernière ont été terriblement négligés. Ces enfants souffraient pour la plupart de malnutrition, de diarrhée sévère, de déshydratation et de maladies de peau.

De nombreux parents ont eu des difficultés à reconnaître leurs enfants à leur retour. « Il était dans un tel état, comme mort » raconte un père après avoir constaté l’état dans lequel se trouve son enfant.

Un représentant du gouvernement a révélé qu’une visite non officielle quelques jours avant leur libération avait permis de constater que les enfants étaient cachés dans le sous-sol, sales et terrorisés. Des voisins ont confirmé avoir régulièrement entendu des pleurs d’enfants.

L’un des trafiquants présumés a déclaré sur une radio locale que lorsque la libération imminente de ces enfants a été annoncée, les personnes travaillant dans ce centre ont limité la nourriture et les soins habituellement donnés à ces enfants.

Dix enfants sont toujours hospitalisés et reçoivent un traitement contre la malnutrition et les maladies dermatologiques contagieuses. Ces enfants auront pour la plupart besoin d’un soutien psychologique à long terme pour surmonter le traumatisme lié aux abus physiques et à la séparation d’avec leur famille sur des périodes pouvant aller de quelques mois à près de deux ans. Certains enfants sont bouleversés d’avoir été séparés de leurs frères et sœurs. Onze frères et sœurs d’enfants libérés sont encore retenus dans cette crèche.


D’après les premières estimations de l’IBESR, plus de 40 enfants attendraient encore d’être libérés et les représentants de cette agence estiment désormais qu’une centaine d’enfants auraient d’urgence besoin d’une assistance médicale. Les faibles moyens financiers à disposition de cette agence empêchent la libération immédiate de ces enfants.

Bien que l’OIM ait reçu des fonds du gouvernement canadien et du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires des Nations Unies pour renforcer les capacités des institutions en charge de l’application des lois en matière de lutte contre la traite et fournir une aide aux enfants victimes de la traite dans des zones instables, l’Organisation a désormais besoin d’urgence de fonds supplémentaires pour être en mesure de soutenir les autorités haïtiennes dans les efforts mis en œuvre pour libérés les enfants encore retenus dans ce centre et pour offrir une aide à la réintégration à long terme aux enfants victimes de la traite.

Ces fonds permettraient par ailleurs de sensibiliser la population à la traite d’êtres humains dans des zones telles que Jérémie, un district pauvre, isolé et désolé du sud ouest d’Haïti, particulièrement touché par le problème de la traite. Nombre de familles comptent six à huit enfants et les parents ne sont souvent pas en mesure de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires en termes de nourriture, de santé et d’éducation.

« Si des mesures de sensibilisation ne sont pas mises en œuvre d’urgence dans cette région, les parents les plus démunis risquent de continuer à donner leurs enfants et les trafiquants dénués de scrupules continueront de prospérer dans les zones les plus pauvres d’Haïti » explique Geslet Bordes, en charge du programme de l’OIM de lutte contre la traite des enfants en Haïti.

L’OIM et la Fondation panaméricaine de développement (PADF en anglais), en coordination avec les autorités haïtiennes, ont le retour de ces 48 enfants dans leurs familles à Jérémie la semaine dernière. L’OIM fournit par ailleurs une aide financière pour que ces enfants puissent rapidement bénéficier de soins médicaux et psychologiques ainsi qu’une aide à la réintégration pour les enfants et leurs parents. Cette aide permettra de couvrir les frais de scolarité des enfants en âge d’aller à l’école pendant un an tandis que leurs parents bénéficieront de microcrédits et de formations pour leur permettre de créer leur propre activité afin de les soulager de leurs difficultés économique dans les mois qui suivront le retour de ces enfants.

Depuis 2005, l’OIM a permis le retour et la réintégration de 121 enfants victimes de la traite en Haïti grâce au soutien financier du Bureau de la population, des réfugiés et de la migration du Département d’Etat américain. L’OIM se charge du suivi des familles, de l’évaluation et de la réunification, du soutien scolaire et de la formation professionnelle, et accorde des microcrédits aux parents et aux personnes en charge de ces enfants pour éviter que ceux-ci ne soient de nouveau victimes de la traite. Lorsque la réunification familiale ne semble pas possible, les enfants sont placés dans des centres d’accueil.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Geslet Bordes

OIM Port-au-Prince

Tél. : +509 244 1218; 490 0505

E-mail : gbordes@iom.int

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